Depuis 1990, le Comité des donateurs de Médecins du Monde exerce son rôle de relais en visitant notamment les grands chantiers de l’association. Après les visites des missions de Lyon et de Saint-Denis en 2015, le comité des donateurs s’est rendu en visite à Nice, les 30 novembre et 1er décembre 2016. L’exploration ainsi menée s’est close par le présent rapport, mêlant témoignages, analyses et pistes de réflexion.
La présence de Médecins du Monde à Nice est ancienne. Les toutes premières actions que MdM a menées à Nice et dans le département des Alpes Maritimes ont été des actions de RdR auprès des usagers de drogue, et ce dès 1994. Ces actions ont été transférées au profit d’associations locales en 2001. Les équipes mobiles auprès des personnes SDF ont démarré leur action en 1996 et ont précédé la création du Centre de Soins la même année. Déjà à l’époque, les besoins en matière de santé des personnes à la rue nécessitaient une prise en charge adaptée à leur mode de vie ; et cette démarche “d’aller vers” ces publics semblait (et nous semble toujours) la plus appropriée.
Le Centre de Soins (devenu maintenant CASO : Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation), parut une prolongation logique de cette action dans la rue : un lieu de soins où les personnes en très grande précarité sont reçues sans rendez-vous, sans contrainte, un lieu à bas seuil d’exigence permettant néanmoins une meilleure qualité de prise en charge que dans la rue. Plus récemment, l’afflux de migrants à la frontière franco-italienne proche a conduit MdM à des interventions étroitement liées à la conjoncture. La visite que nous avions initialement prévue auprès de cette mission niçoise de MdM devait comporter trois volets : l’accompagnement d’une maraude auprès des sans-abri de la ville ; l’accompagnement d’équipes auprès des migrants bloqués à la frontière ; la visite du CASO au centre-ville. Malheureusement, le médecin chargé de la maraude, dont la famille avait été frappée par l’attentat du 14 juillet, et qui avait renoncé provisoirement à son engagement, n’avait pas encore été remplacé. D’un autre côté, la situation des migrants à la frontière était extrêmement fluctuante et les décisions d’intervention étaient encore en attente.
Finalement, notre visite s’est donc limitée à un suivi des activités du CASO ainsi qu’à une visite partielle du camp de femmes et de mineurs migrants à l’Église Saint-Antoine de Vintimille. Le présent rapport rend compte de cette visite, au mois de décembre 2016. Nous tenons à remercier tout particulièrement Agnès Gillino, coordinatrice générale de la mission MdM de Nice, ainsi que tous les médecins, bénévoles, volontaires, qui nous ont ouvert leurs portes et nous ont laissé assister avec confiance à leur travail.
Témoignage : Visite du camp de femmes et de mineurs migrants à Vintimille |
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Comment régler un problème de gestion inédit ? |
Même si nous n’avons pas au cours de notre visite pu voir l’ensemble de l’activité de l’association à Nice, nous pensons pouvoir retenir quelques points :
Une impression…
L’impression très favorable que donne la découverte d’une mission accueillante, dont l’activité est importante, dont les équipes, qu’il s’agisse des salariés ou des bénévoles, travaillent dans la bonne humeur et sans compter leur temps, et dont le budget ne nous a pas semblé manifester des choix politiques ou des modes de gestion discutables.
Une question…
Que la situation géographique de Nice offre ou non une spécificité forte, ne faudrait-il pas réfléchir au statut d’une mission rattachée à une délégation basée relativement loin, dès lors bien sûr que, comme c’est le cas pour la mission niçoise, son activité est multiple et importante ?
Un constat…
Si pendant longtemps la distinction entre l’action “ici” et l’action “là-bas” a pu structurer l’action de MdM, la situation des migrants aujourd’hui, en France ou à nos frontières, pourrait obliger l’association à repenser ses modes d’intervention. A certains égards, “là-bas” est venu jusqu’ “ici”, et de ce point de vue, le caractère inédit des problèmes à résoudre à Nice permet peut-être d’ores et déjà de tirer quelques enseignements.
Par Marc Chabert et Olivier Péray