Une retraite bien méritée, au revoir et… Merci !

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Photo de Isabelle Baudelicque

François Rubio, notre directeur administratif et juridique est parti à la retraite le 31 mars dernier. Il était arrivé dans la maison en 1995. Son départ suscite l’émotion des bons souvenirs et une jolie balade dans certaines pages de l’histoire de notre association.

Chères Amies, Chers Amis,

Par mon équipe, vous avez été informés de mon départ. A ce stade et étant leur « chef » je ne peux que les suivre et donc vous confirmer l’exacte réalité de cette information.
En effet, après deux décennies rue Marcadet je quitterai officiellement mes fonctions le mardi 31 mars 2015 à 00h00 après une ultime réunion tenue dans l’après-midi, sur les réseaux internationaux d’OING.
J’ai choisi cette date car le 1er avril aurait pu prêter à confusion dans certains esprits !
Que celles et ceux qui pourraient me regretter se rassurent ils auront l’occasion de pouvoir me retrouver mais dans d’autres habits.
Bien amicalement,

FR
Mail du 12 mars

Pour toi François, quelques souvenirs épars dans le désordre de la tristesse de te voir partir

Tant de flashes… alors je n’en retiens que quelques-uns, des moments qui ont éclairé ces années à MdM.
Tout commence lors de journées Missions France à Marseille quand tu nous emmènes dans une merveilleuse gargote sur une crique… Les crampes de rire nous font découvrir le nouveau responsable juridique : écroulant de sympathie et poète (vu le lieu magique)
Tu es assis, tous les mardis, seul, à l’Olympic (le fond du bar pour les nouveaux), à une table de 2, attendant irrémédiablement ton rendez-vous hebdo avec la secrétaire générale de l’asso, qui ne viendra pas. Tu déjeunes seul, tu attends, puis tu repars, en gardant ce sourire demi-teinte (un peu ironique) sur les lèvres
Je t’appelle hyper emmerdée un dimanche vers 5h du matin: les flics viennent d’embarquer un de nos intervenants de la mission rave. Il y a eu une morte à la teuf. Il doit être affolé. Comme s’il en était responsable. Tu prends les choses en main, tu trouves où il est, tu l’appelles, tu le rassures et moi aussi, et nous tous. François s’en occupe, tout va bien.
On est place de la République, le matin, on installe des burqas aux statues. On voit s’approcher des flics en civil. Toi et moi sommes en charge « des tractations avec la police ». Ils nous disent qu’on n’a pas le droit, qu’il va falloir dégager (nos échelles, nos alpinistes, nos burqas, nos tracts…). On résiste, on leur parle tant et tant qu’ils repartent avec nos tracts en disant que oui on a raison d’être solidaires avec les femmes afghanes, et bon courage…
Et bien sûr la fin des CA, avec la liste des legs, tes intonations, ton phlegme très british pour un rubio du sud, ce ton qui provoque la joie de tous et pas seulement parce que cela annonce la fin du CA.
Tu me manques déjà.

Nat la viok, le 31 mars 2015

Cher François,

A la demande de la présidence et au titre du conseil – que je te prie de bien vouloir excuser de leur absence en ce début de semaine – je souhaite te remercier pour toutes ces années passées à Médecin du Monde. Je dis bien « à médecins du monde » et non pas « aux côtés » car tu as été au cœur de la dynamique associative.

Avec ton départ, pour une retraite bien méritée, c’est une partie de l’histoire de Médecins du Monde qui s’en va. Comme toute histoire, elle a son jeu de clair-obscur qui participe de notre notoriété et de notre légitimité à développer le pouvoir d’agir de celles et ceux que l’on oublie peu à peu malgré le feu des projecteurs à l’international ou leur présence, sous nos yeux, au cœur de nos cités. Combien de cadavres resteront dans tes placards enfermés dans des dossiers poussiéreux ? Et combien de hauts faits te sont redevables ? A ce propos – l’histoire – si tu le veux bien, je te propose de rejoindre le petit groupe de travail « histoire » qui se construit petit à petit.

Mais pour en revenir à ce jeu de clair-obscur, je souhaite évoquer, ici, quelques faits saillants dont j’ai eu connaissance et dont je peux témoigner :
– l’affaire du logogriphe ou de la marque,
– la naissance et le développement du droit international humanitaire,
– le développement des legs qui participent à notre indépendance,
– la lecture des legs en conseil par Maître Rubio, lecture qui marque et marquera pour toujours directeurs et administrateurs,
– les déplacements en région ou à l’autre bout du monde pour désamorcer une crise,
– l’organisation de la résistance juridique à la volonté de contrôle administratif de l’association par la Fédération de Russie,

Et j’en oublie certainement. Pour finir, je souhaite m’exprimer, ici, en tant qu’ancien secrétaire général. Merci pour :
ton soutien juridique impartial dans le cadre de la « crise de 2004 » ; sans toi, et nous connaissant – engagés et parfois sanguins -, je ne suis pas certain que les débats politiques auraient été possibles
ton encadrement remarquable des assemblées générales ; sans toi, et nous connaissant – attentifs que nous sommes à nos missions sociales et parfois éloignés de la gouvernance formelle -, je ne suis pas certain que les conditions du débat démocratique auraient été encore et toujours réunies.

Quand tu es arrivé, on t’a fait savoir que « Dieu a créé la terre et Bernard Kouchner l’humanitaire ». En partant, nous te faisons savoir : Merci de nous avoir accompagnés au cœur de notre histoire. C’est-à-dire celle qui relève du droit et de la lutte contre les injustices.

Patrick Beauverie

Chers Amis,

Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’ouvre cette lettre mensuelle sur une bien triste nouvelle. Je viens en effet vous annoncer la disparition de l’un de nos plus généreux donateurs, en la personne de Maître François Rubio.

Ce fils d’immigré espagnol, entré clandestinement en France sous une fausse identité (François Roblot), dont le père s’est peu à peu imposé comme le leader européen des pompes funèbres, a, sur le tard, repris et assumé sa véritable identité. Il vient de nous quitter, se montrant aussi généreux dans ses volontés posthumes qu’il l’avait toujours été de son vivant.
Il lègue ainsi à Médecins du Monde un magnifique immeuble, situé au 62 rue Marcadet, qui a longtemps abrité le siège social de la multinationale familiale « Barbès-Roblot ». Notre Conseil d’administration lui en est immensément reconnaissant, espérant se montrer à la hauteur d’une telle générosité.

Aussi le Conseil a-t-il, sans l’ombre d’une hésitation, accepté la clause demandée par Maître Rubio dans son testament : que son urne funéraire soit déposée dans le coffre fort du directeur juridique de notre association, scellé avec une discrète épitaphe à sa mémoire.

Il reposera ainsi au milieu de cette agitation humanitaire qu’il a accompagnée avec loyauté durant plus de 20 années. Quelle joie immense pour nous : dorénavant sa faconde et sa bonhomie irrigueront nos successeurs de leur bienveillance moqueuse. Adieu, maître Rubio, merci pour tout, nous saurons toujours où vous trouver, ravis de savoir qu’au 62 rue Marcadet, votre sourire continuera d’honorer nos locaux.

Dr Pierre Micheletti
Futur Président
Mars 2015

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