L’imagination et l’utopie face à l’océan

Par Philippe de Botton, administrateur et trésorier de MdM France

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Photo de Aude Saldana-Cazenave

Les collectifs citoyens s’invitent aux JMF d’Anglet.

A la table ronde Comment travailler en réseau avec des collectifs citoyens pour une ONG comme MdM ?, il y avait tout d’abord Alex, de Bordeaux. SDF atypique et zadiste sans concession, il revendique pleinement son indépendance et son refus absolu de toute compromission, et se bat pour plus de justice sociale au travers de la mise à l’abri dans les squats des « morts de rue ». Il y avait aussi le collectif Lascrosse de Toulouse, dont les actions de réquisitions d’immeubles – la dernière a été confirmée par le Conseil d’Etat – ont permis la mise à l’abri et la protection de nombreuses personnes vivant à la rue. Et puis Julien de Nantes, dont le collectif MIE 44 ne souhaite pas être instrumentalisé et veut sortir de l’aide assistantielle. MIE 44 accompagne plus de 300 mineurs isolés étrangers (MIE).
Nous aurions pu aussi inviter ceux de la Roya, de Lyon, de Marseille, de Calais et de beaucoup d’autres villes ou villages qui ont vu éclore, au détour de la crise récente de l’accueil et de la protection des réfugiés, de nombreux mouvements citoyens de solidarité, d’aide spontanée et de collectifs éphémères ou non. Ces collectifs nous bousculent, nous interpellent, nous font douter et nous remettent en question. Et c’est sain !

Une volonté d’un fort engagement politique, citoyen et militant

Dans la continuité des Universités d’Automne de Rouen et de la dernière Assemblée générale, l’un des objectifs de la table ronde était de débattre et d’échanger sur la volonté d’un engagement politique, citoyen et militant fort. Face à l’ampleur de la précarité sociale, mais aussi face à l’absence d’un accueil digne des exilés et aux coups de boutoir répétés d’une politique répressive et d’exclusion.

Beaucoup de questions et d’interrogations dans ce contexte :

  • Comment conserver notre identité d’ONG médicale et de soins tout en évoluant et en s’adaptant ?
  • Le modèle associatif traditionnel est-il dépassé ? Ou, au contraire, est-il complémentaire de ces actions citoyennes ?
  • Quelle posture adopter par rapport aux institutions et aux décideurs ?
  • Comment apprendre de ces collectifs et réciproquement ?
  • Comment mieux permettre à l’ensemble des acteurs de MdM d’exprimer leur volonté de changement social ?
  • Quels leviers d’action citoyens pour une ONG comme la nôtre ?
  • Comment modifier, par nos actions, les comportements et les représentations ?
  • Comment repousser les limites de l’humanitaire traditionnel et permettre au citoyen de retrouver l’entière plénitude de ses droits fondamentaux ?

Le virage est pris, les acteurs sont prêts, les intentions sont là …

Les partenariats sont à construire et à formaliser dans le respect de l’identité de chacun. Cette démarche collective et citoyenne est évidemment en phase avec les valeurs et l’esprit de notre projet associatif et de sa quête de justice sociale et de renforcement de la capacité d’agir des populations.

Si nous voulons réellement influencer le changement social et accentuer notre impact politique, nous sommes tenus de nous comporter comme une organisation de contre-pouvoir : nos leviers d’action doivent être la désobéissance civile, le contentieux stratégique, les actions « coup de poing », la mobilisation citoyenne et une inscription forte dans la cité auprès des collectifs. Nous devons être plus percutants et incisifs, moins conciliants et consensuels et cesser toute compromission avec les pouvoirs en place.

Le virage est pris, les acteurs sont prêts, les intentions sont là, la « commande » est claire.

C’est à nous maintenant, cadres associatifs et salariés, de mettre en musique et d’impulser progressivement cette volonté et ce désir d’une orientation politique et opérationnelle sensiblement différente.

Philippe de Botton, administrateur trésorier de MdM France.

 

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