La fin des bidonvilles à Lyon?

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photo d’Henri Branciard

Aujourd’hui la mission squat réfléchit à ses modalités d’intervention. Depuis l’expulsion des 3 grands bidonvilles de l’agglomération lyonnaise le 12 janvier de cette année, les familles sont dispersées sur des lieux de vie différents, et pour certaines relogées dans le cadre du projet I2E.

 

I2E ?

Suite à un diagnostic réalisé par l’ALPIL dans le cadre de la circulaire du 26 août 2012, certaines familles choisies par la préfecture du Rhône ont intégré deux villages d’insertion de Saint Genis les Ollières et Saint Priest. Ce programme appelé I2E (Insertion par l’Emploi et l’École) a été mis en place par la préfecture du Rhône sur 3 ans et à destination de 160 personnes issues des 3 grands bidonvilles de l’agglomération lyonnaise

Les conditions sanitaires ainsi que le confort ont grandement été améliorés, et les personnes  sont engagées envers la préfecture à la fin de certaines activités comme la mendicité ou le ferraillage, au suivi des cours de français sur site et à trouver un emploi dans les 3 ans (avec un accompagnement).

Les enfants sont scolarisés sur site, les adultes ont des cours de FLE (Français Langues Etrangères) journaliers obligatoires, et sont accompagnés par des animateurs sociaux.

Mais tous n’ont pas intégré les villages d’insertion : certains sont hébergés dans le cadre du dispositif de la trêve hivernale, d’autres se sont installés dans de plus petits squats moins visibles ou des voitures mais dans des conditions d’insalubrités encore plus déplorables qu’avant.

Quelles difficultés ?

Pour les familles avec lesquelles MdM avait tissé des liens dans les bidonvilles, l’expulsion amène une rupture dans le suivi des soins. Les familles sont aujourd’hui dispersées, dans des conditions de vie très différentes…  la mission squat réfléchit actuellement à ses modalités d’intervention.

Quelle action de MdM ?

MdM, et plus particulièrement Guillemette Hannebicque la médiatrice sanitaire, proposera des ateliers collectifs d’éducation à la santé, de prévention  avec les partenaires compétents (comme le CDHS, la PMI…), ayant pour but d’informer mais aussi de permettre aux personnes concernés de prendre la parole sur ces sujets.

La médiation sanitaire, un métier nouveau ?

Guillemette

 

« Maintenant 10 mois que je travaille en tant que médiatrice sanitaire de la mission squat/bidonville, pour aller vers, rencontrer et écouter les familles les plus éloignées des structures sociales et médicales. La médiation demande du temps : temps pour créer un lien de confiance avec les familles, l’équipe et les partenaires, temps pour être identifiée en tant que médiatrice, temps pour réfléchir, se questionner et se former sur son rôle, sa posture… La médiation repose sur une grande neutralité, impartialité, et confidentialité.

C’est un métier nouveau, qui se cherche encore, demande à être reconnu et peut avoir des modalités différentes en fonction de la structure porteuse et du cadre défini.

Je ne me substitue pas à un travailleur social, mais j’ai un rôle de passeur, d’interface, de tisseur de liens entre les personnes accompagnées et les acteurs sociaux-sanitaires. Mon objectif visé est l’accès aux droits, aux soins et à la prévention, par l’information, l’orientation et l’accompagnement physique des personnes, tout en favorisant l’autonomie.

J’ai par exemple en tête cette femme, qui après mon troisième accompagnement m’attendra DEVANT le cabinet de SON médecin traitant. Maintenant, elle sait s’y rendre seule, elle sait qu’il peut l’accompagner dans son parcours de soins. C’est un grand docteur me dira-t-elle dans la salle d’attente de son cabinet…

Autonome ? Oui mais pour certains, le parcours se complexifie quand on vit dans la rue avec une pathologie chronique, un enfant porteur de handicap… Un travail d’écoute et d’attention est avant tout primordial.

Nous partageons des outils (et des formations !) avec les autres médiateurs, lors des rencontres du Programme National de Médiation Sanitaire (PNMS) porté par l’ASAV (Association pour l’Accueil des Voyageurs). Très utiles, ces outils sont traduits en roumain et/ou romani et très imagés pour les personnes allophones et/ou analphabètes, comme le Car’Mat, le Kof Kof ou les nuanciers sur le corps humain…

La médiation intervient également auprès des acteurs médicaux- sociaux, notamment pour rappeler la nécessité d’interventions des interprètes professionnels lors des consultations à l’hôpital, mais aussi pour les informer des conditions de vies sur les bidonvilles, des difficultés de venue à une heure fixe de rendez-vous… »

Guillemette Hannebicque.

Paru dans le RABAN, le journal interne de la délégation Rhône-Alpes Auvergne

 

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