Former nos équipes RdR à lutter contre l’hépatite C

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Une priorité de plaidoyer

Médecins du Monde a développé son travail sur l’hépatite C dans le cadre de ses programmes internationaux de réduction des risques (Birmanie, Côte d’Ivoire, Géorgie, Kenya, Tanzanie et Vietnam) pour les personnes usagères de drogues (RdR-UD). Ces personnes sont exposées au risque de transmission du VHC lors du partage du matériel d’injection et/ou de sniff, tout particulièrement dans les contextes où l’accès au matériel stérile et à la prévention est limité ou inexistant. Face au double constat de prévalences alarmantes du VHC chez les usager·e·s des programmes et de l’absence de prise en charge vers laquelle référencer les patients dans les pays d’intervention, MdM a inscrit en 2011 l’accès à la prévention et aux soins de l’hépatite C comme axe prioritaire de la stratégie en réduction des risques de l’association.

L’hépatite C, une maladie encore négligée

L’hépatite C est une infection du foie due à un virus qui se transmet par le sang. Les personnes qui en sont malades sont à risque de décéder d’une maladie du foie appelée cirrhose ou d’un cancer du foie. Cette maladie est encore peu connue dans de nombreux pays, dans lesquels l’accès au dépistage et à une prise en charge est quasi-inexistant (réservé aux catégories les plus aisées de la population). En conséquence, la grande majorité des 80 millions de personnes qui vivent avec le virus de l’hépatite C (VHC) dans le monde ne le savent pas et ne reçoivent pas de soins, 700 000 personnes en meurent chaque année. Pourtant, de nouveaux médicaments développés ces dernières années et appelés antiviraux à action directe (AAD), permettent d’éliminer le virus de l’hépatite C chez plus de 90% des personnes atteintes en quelques mois. Ces nouveaux médicaments facilitent grandement le traitement et rendent théoriquement possible sa mise à disposition partout dans le monde. Mais, dans de nombreux pays, tout reste encore à faire pour garantir aux personnes vivant avec l’hépatite C des soins de qualité et arrêter les nouvelles contaminations : mise en place des politiques adéquates (information, prévention, dépistage, orientation, …), formation des personnels de santé, équipement des laboratoires d’analyses, mise sur le marché et approvisionnement des nouveaux médicaments à un prix abordable, etc.

Un an de formations sur le terrain

En 2015, la signature d’une convention-programme de 3 ans sur l’hépatite C avec l’Agence française de développement a permis d’accroître les ressources dédiées à ce champ d’action. Les activités prévues comprennent entre autres le renforcement de la thématique de l’hépatite C sur l’ensemble des projets internationaux MdM de RdR-UD dans les six pays mentionnés.

Sur le terrain, les objectifs sont de faire connaître le virus de l’hépatite C, sa pathogenèse, ses facteurs de comorbidité et ses modes de transmission. Il faut faire le lien avec la consommation de drogues, informer sur les tests de dépistage et outils de diagnostics, les traitements, la prévention de l’hépatite C, et l’accès aux services disponibles dans le pays.

Ces connaissances sont nécessaires à la bonne mise en œuvre des programmes de RdR mais également pour porter un plaidoyer fort et accompagner le développement progressif de la prise en charge de l’hépatite C au niveau national.

J’ai donc été recrutée pour douze mois au titre de chargée de renforcement des capacités, avec pour mission de coordonner l’organisation de formations sur l’hépatite C sur quatre des six projets de RdR au Vietnam, en Birmanie, au Kenya et en Tanzanie. Entrainée pour devenir formatrice au sein de MdM, j’ai été semi-délocalisée en alternance sur les différents projets afin de s’imprégner au maximum des contextes et proposer pour chaque équipe un programme d’instruction au plus près des besoins.

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Nairobi, Kenya

Septembre 2016
Rapport de formation (EN)
  Dar Es Salam, Tanzanie
Septembre 2016
Rapport de formation (EN)
Kachin, Birmanie
Juillet 2016
Rapport de formation (EN)

Hanoi, Viêt Nam
Mai 2016
Rapport de formation (EN)

Un outil de renforcement des capacités et de la qualité des programmes

Chaque formation a fait intervenir pendant une semaine experts médicaux étrangers (Niklas, Marie-Eve, Jules, …), médecins locaux (Hoa, Than Min, Faith, …) et personnels de nos programmes ayant développé une expertise de terrain (Esther, Mun Hkaung, Robert, …), auprès de participant·e·s sélectionné·e·s parmi les différents métiers (médicaux et non médicaux, y compris pairs éducateur·rice·s) des équipes MdM et des partenaires. Les objectifs pédagogiques ont été définis avec les équipes de coordination et, lorsque cela était nécessaire, la formation a été traduite en langue locale. Le matériel pédagogique développé pour chaque formation (présentations, exercices, déroulé des sessions) a été remis aux équipes afin qu’elles soient en mesure de répliquer la formation.

 

 


Évaluations des formations en slides

Au-delà de l’apprentissage d’une nouvelle problématique, les formations ont été l’occasion de rassembler sur un pied d’égalité médecins, infirmier·e·s, travailleur·euse·s sociaux et pairs éducateur·rice·s et de valoriser l’expertise de chacun·e dans une perspective de complémentarité. Elles ont ainsi permis de renforcer l’approche communautaire dans des pays où la hiérarchie et la domination par le pouvoir médical demeurent des freins considérables à la qualité des interventions. En ce sens elles ont contribué à promouvoir l’approche de réduction des risques défendue par MdM, qui consiste à accompagner dans la prévention et le soin les personnes dans le respect de leurs droits, de leur autonomie et de leur dignité. Ce travail s’inscrit donc pleinement dans les orientations définies par le plan stratégique de MdM concernant l’exigence de qualité.

Les retours des équipes terrains sur les formations ont été très positifs. En Tanzanie et au Kenya, les équipes les ont déjà répliquées à destination des pairs éducateur·rice·s n’ayant pas pu participer la première fois. Au Kenya, où l’équipe a inscrit l’hépatite C comme axe prioritaire de la stratégie du programme, la formation a permis au projet de renforcer son positionnement en tant que partenaire technique du Ministère de la santé pour la mise à jour des documents techniques sur l’hépatite C (guidelines) et la mise en œuvre d’un projet de traitement devant débuter en 2017.

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 Evaluation des formations 2016

 

Prévalences alarmantes du VHC : au niveau mondial, une personne usagère de drogues injectables sur deux vit avec l’hépatite C. (Global State of Harm Reduction 2016)

 

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