Dis, c’est quoi un terroriste ?

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– C’est quoi un terroriste Madame ?
– C’est un homme qui effraie les gens avec sa haine et sa violence.
– C’est quoi la haine Madame ?
– C’est quand  tu ne sais plus ce que ça veut dire aimer. C’est quand tu vois chez l’autre, non pas un autre toi, mais un ennemi.
Alors comment on fait pour oublier la haine Madame ? Comment on fait pour aimer encore ?
Comment fait-on pour continuer à aimer dans un monde hostile, quand le droit à la différence est bafoué, quand le corps est blessé, quand le cœur est meurtri… quand le soi est fragmenté et dépossédé de ce qui fait son essence ?
Comment fait-on pour ne pas sombrer dans la peur, la rancœur,  pour ne pas se perdre dans la folie de l’autre, cet autre dans lequel on ne se reconnaît plus.
Comment fait-on pour continuer sans eux, ceux qui se sont battus pour notre liberté, pour notre droit à oser, à penser, à Etre..
Comment fait-on pour dépasser l’horreur et pour transmettre ce que Clarissa, Mustapha, Bernard, Yohav, Ahmed, Elsa, Volinski, Tignous, Cabu … nous ont tristement laissé, pour qu’ils ne soient pas morts pour rien.
Peut-être pouvons-nous juste commencer par nous arrêter un instant… et à l’instar de ce qu’écrivait Etty Hillensum,  « faire un retour sur nous-même et anéantir en soi ce que nous croyons devoir anéantir chez l’autre ».
Peut-être nous faut-il ne pas oublier jamais, que ce qui se passe dans le monde est le reflet de notre conscience collective.
Et continuer à nous battre pour nos valeurs, pour défendre haut et fort la déclaration des droits de l’homme, pour continuer à être fier d’être le pays d’une possible égalité entre tous.
Pour continuer à inscrire notre colombe dans le « Vivre ensemble », et afficher notre envie d’altérité.
Ne plus avoir peur des mots, mais au contraire oser…Oser mélanger nos couleurs, nos religions, nos idées… Oser les mots au risque de paraître décalé, oser aimer et faire fi des railleries induites par ce mot trop souvent galvaudé.
– Comment on fait pour aimer encore Madame ?
– Un grand Monsieur, William Shakespeare a dit « On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l’amour »… et si on essayait ? »

Elle est de celles qui savent prendre conscience de leurs limites… Elle, c’est Béatrice, une de mes patientes qui m’amène ce jour Mathieu, son petit garçon de 7 ans afin que je lui «explique Charlie » (!) Parce que, me dit-elle, « mon seuil de tolérance est atteint. J’ai peur de déraper dans des propos scabreux, voire haineux. »
Étonnée et prise au dépourvu, j’ai tenté de mettre des mots sur l’inconcevable, saluant par là même l’intelligence et la sagesse d’une mère.

 

 

 

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