Carquefou – Expulsion du plus gros terrain de l’agglomération

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 photos de Magali Jeanteur

C’est à Carquefou que s’était arrêtée la migration de ces 80 familles expulsées de Tougas à Saint- Herblain en avril 2015, de la Haluchère à Nantes en juillet 2015. Elles avaient trouvé refuge sur le terrain du Moulin-Boisseau, sur l’ancien site de la centrale d’achat de Super U. Il s’agissait du plus gros terrain de l’agglomération (environ 400 personnes). Notre équipe assurait une présence régulière auprès de ce groupe. Le 2 mars 2016, les familles ont de nouveau été expulsées. Retour sur les faits.

Mi-février, Véronique Dubettier-Grenier, la maire de Carquefou, avait demandé au préfet l’expulsion des Roms. Le 1er mars, le préfet décide de l’organisation de l’expulsion pour le lendemain.

Sur le site Internet de la commune de Carquefou, l’élue invitait les habitants à signer sa lettre ouverte demandant l’expulsion des Roms. Le terrain de Carquefou, rue du Moulin Boisseau, le plus gros terrain de l’agglomération (environ 400 personnes) sur lequel nous sommes régulièrement présents a été expulsé le 2 mars 2016. Une Famille Un Toit était également présent puisque deux familles avaient été diagnostiquées dans le cadre de la circulaire, mais dans l’immédiat, aucune possibilité d’accueil. Et bien sur l’association AVEC était présente.

Après un temps d’errance sur la route, le rejet des plusieurs communes, les familles se sont finalement installées sur un terrain à Indre, orientées par des forces de l’ordre. Ce terrain, ancien site où des activités chimiques étaient exercées, devait faire l’objet d’une décontamination avant un nouvel usage. Aucun accès à l’électricité n’est possible, l’eau est à distance. Une nouvelle procédure d’expulsion est déjà en cours. La scolarisation et la domiciliation ont pu être mise en place.

« J’y suis allée dès 7h30. La présence de Médecins du Monde a été appréciée des familles ; j’ai dû prendre en charge une femme de 85 ans qui a été bousculée lors de l’arrivée des CRS et gendarmes (un malaise sans détresse vitale dû au stress; les pompiers sont intervenus à la demande du responsable de la gendarmerie, le bilan au Samu a conclu de la laisser sur place).

 

Une sommation de sortir les caravanes d’ici midi a été acceptée sans violence par les membres de la communauté Roms. Ils étaient très dignes mais très inquiets devant l’absence de terrain disponible…

J’ai passé le relai à Louis et Fanny vers 10h30. En partant, j’ai constaté que les caravanes étaient juste déplacées le long de la route… aucune solution n’a été proposée par la préfecture. Avec Romeurope, nous avons alerté la préfecture sur le fait que certaines familles risquaient de ne pas pouvoir déplacer leurs caravanes trop vétustes et donc de se retrouver sans solution d’hébergement ce soir avec des enfants en bas âge. Pas de réponse de leur part. »

Magali Jeanteur, bénévole du programme à MdM, présente lors de l’expulsion.

Que fait la mairie ?

Les 24 maires de Nantes Métropole se sont réunis le 25 mars dernier afin d’évoquer le sujet des populations Roms présentes sur le territoire des 24 communes. Communiqué de presse.

A cette occasion, il a été rappelé qu’il n’entre pas dans les attributions de la Métropole de gérer en propre cette question qui relève, en droit, de l’Union européenne, de l’État et des communes. Mais parce qu’elle concerne chacun des 24 maires et qu’il est nécessaire de coordonner les actions pour faire progresser la situation des populations, les Maires se sont accordés sur quatre points :

1) Les Maires tiennent à s’inscrire dans une démarche alliant humanité et fermeté

2) Ils souhaitent un échange avec le Préfet pour mobiliser l’État sur ce dossier et lui demandent d’organiser rapidement un temps de travail

3) Ils valident la mise en place d’un groupe de travail intercommunal pour faire des propositions concrètes dans les mois à venir

4) Conscients de la complexité de ce sujet, tous les Maires s’accordent sur le fait que la démarche initiée ce matin n’est que le début d’un processus long qui nécessite l’implication de tous les acteurs concernés.

Romeurope répond…

En réponse au communiqué de presse de Nantes Métropole, le collectif Romeurope a réagi. Communiqué de presse.

Vendredi 25 mars, à l’initiative de Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, a eu lieu la conférence des maires de l’agglomération nantaise.

Cette conférence, demandée par de nombreux maires de l’agglomération et par nos associations, avait pour objet la recherche de solutions pour mettre fin à l’existence des bidonvilles qui fleurissent depuis maintenant une dizaine d’années sur le territoire de l’agglomération nantaise.

Le Collectif se réjouit de cette initiative et des décisions transmises dans le communiqué de presse de Nantes Métropole, ce même vendredi, à savoir :

1 – les maires s’inscrivent dans une démarche alliant humanité et fermeté.

OUI, nous actons dès ce jour que toutes les démarches soient entreprises avec humanité et fermeté. Humanité lors des procédures d’expulsion faisant suite à une décision de justice comme à Carquefou, le 2 mars dernier, sans CRS et leur cortège de violence et de stress inutiles,

Fermeté dans l’application de la circulaire du 26 août 2012, qui prévoit, en amont de la décision de justice (et donc de l’évacuation d’un bidonville), de proposer des solutions d’accompagnement en mobilisant prioritairement les moyens de droit commun de chacun des partenaires. Cela suppose, dans une logique d’anticipation et d’individualisation, l’établissement, chaque fois que possible, d’un diagnostic et la recherche de solutions d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion des personnes (scolarisation, santé, emploi, logement/mise à l’abri…)

(in CIRCULAIRE INTERMINISTERIELLE NOR INTK1233053C du 26/08/2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites.)

Depuis sa création, le collectif Romeurope de l’agglomération nantaise n’a eu de cesse d’interpeller les pouvoirs publics (Etat et ses services déconcentrés, Conseil départemental, intercommunalité, collectivités locales) en revendiquant «pas d’expulsion sans solutions de (re)logement».

2 – Les maires valident la mise en place d’un groupe de travail […] qui nécessite l’implication de tous les acteurs concernés.

Dès aujourd’hui, le Collectif souhaite se mettre à la disposition de Nantes Métropole pour apporter sa connaissance de la question des migrants roumains de l’agglo : repérage des bidonvilles, intervention professionnelle et bénévole sur la santé, la scolarité.., valorisation des expériences en cours (Sainte Luce) ou achevées (Indre) de terrains conventionnés, mise en réseau des acteurs concernés, veille informative notamment auprès de ROMEUROPE national.

 

 paru dans le Fil Info de la délégation des Pays de la Loire, avril 2016.

 

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