Bonne année :: Feliz año :: Happy New Year :: 2015

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FELIZ AÑO :: 2015
HAPPY NEW YEAR :: 2015

 

En ces jours de janvier,  je voudrais jeter un regard sur l’année qui vient de s’écouler et surtout imaginer avec vous l’avenir de Médecins du Monde.

 

Tout d’abord, je tiens à vous souhaiter ainsi qu’à vos proches une année 2015 pleine de réussite,  de joie, d’optimisme et de solidarité partagée.

 

2014 restera sans doute comme une année sombre. La guerre civile en Syrie s’enkyste en  un redoutable huis clos dans l’indifférence internationale. Les mots ne suffisent plus pour décrire les atrocités subies par cette population, et pourtant il faut continuer de porter secours. Nos équipes syriennes le font, sans cesse au quotidien dans un grand silence médiatique.  Parallèlement, de nouvelles organisations  extrémistes sont venues rajouter de la guerre à la guerre, enflammant une région où désormais toutes sortes de revendications radicales semblent envisageables. De ce fait, être présent dans le Kurdistan Irakien  est aujourd’hui nécessaire afin de  prendre en charge les populations déplacées, pour livrer des médicaments dans des lieux improbables, pour apporter un peu de réconfort au milieu de l’horreur.

 

2014 aura aussi été marquée par une nouvelle intervention de l’armée israélienne  dans la bande de Gaza. Une intervention asymétrique qui éloigne un peu plus la perspective d’une  paix entre Israéliens et Palestiniens. Des structures de santé ont été détruites, sans que cela ait empêché  nos équipes  après le début de cette intervention de porter secours dans les centres de santé.  Après  un été de deuil, Gaza reste comme une prison à ciel ouvert qu’il faudrait reconstruire.

 

En RCA, les nouvelles ne sont pas meilleures. Des excès de violence épisodique rappellent que la sécurité est volatile, et que la crise politique qui a laissé la place aux  pillages et aux massacres interreligieux est loin d’être réglée. Avec les Centrafricains, les équipes de Médecins du Monde essayent de reconstruire des réponses pour la santé. Ayant constaté qu’une grande partie de la population musulmane avait fui la capitale,  nous mettrons  en place un programme au Cameroun près de la frontière, où ces populations déplacées  se sont installées. L’arrivée tardive des forces des Nations Unies n’a pas suffi à rétablir la sécurité, il nous faut donc rester vigilants sans perdre de vue notre devoir de témoignage d’une réalité qui a disparu des  radars de l’actualité !

 

Il y a toujours une zone sahélienne pauvre, fragile et en pleine tourmente avec des acteurs armés troquant leurs  alliances selon les contextes. Au Mali, une version officielle voudrait nous faire croire que la situation est sous contrôle. Au Burkina-Faso, la sortie « en douceur » de l’ancien président  permet de rêver d’un futur plus démocratique. Pourtant,  nous sommes toujours présents à Djibo, au Nord du Burkina, et nous constatons que des populations  déplacées n’ont pas choisi le retour au Mali. Des volumes d’intervention conséquents pour Médecins du Monde, des équipes sur le terrain engagées dans des programmes de santé sexuelle et reproductive en appui aux systèmes de santé  s’emploient à reconstruire au milieu d’une crise chronique que l’on voudrait voir enfin résolue …

 

Et puis l’épidémie  due au virus Ebola  souligne encore une fois les faiblesses des systèmes de santé dans les pays à très faibles revenus : Liberia, Sierra Leone et Guinée Conakry. Lutter contre cette épidémie c’est décliner la santé publique dans un environnement où les  structures sanitaires sont en crise. C’est admettre que l’isolement et  l’offre de soins ciblés sur la prise en charge médicale des patients atteints du virus Ebola, bien que nécessaire, doit s’accompagner aussi de prévention, d’éducation à la santé, de suivi des cas contacts, de soutien au système de santé pour pouvoir continuer à prendre en charge les autres pathologies. Actifs dans des centres de santé des quartiers périphériques de Monrovia, Médecins du Monde a animé des formations auprès des acteurs sanitaires pour expliquer le processus de la maladie.  Du matériel a également été livré pour faire en sorte que les consignes d’hygiène universelle puissent  être effectivement appliquées.  En Sierra Leone, Médecins du Monde-Espagne a conduit les mêmes actions. En Côte d’Ivoire nos équipes travaillent main dans la main avec le Ministère de la Santé pour prévoir la riposte des Ivoiriens à une éventuelle propagation du virus, en particulier dans la zone de San Pedro où nous soutenons 125 postes de santé. Cette épidémie nous enseigne l’humilité : ce sont nos collègues africains soignants qui ont payé un trop lourd tribut dans cette lutte. Ne l’oublions pas !

 

Soigner ceux que le monde oublie peu à peu, c’est continuer notre présence en RDC, en Haïti, en Colombie, en Somalie … car nous savons que les traces des conflits et des crises ne s’effacent pas quand le projecteur médiatique est braqué ailleurs.

 

Face à cette montée des besoins des populations, il est de notre responsabilité au regard de notre mission sociale d’assumer notre part de solidarité. Nous avons décidé de continuer à ouvrir des projets autour de  situations d’urgence. Nous avons maintenu nos activités sur les missions dites de long-terme. C’est un choix volontariste que l’ensemble du Conseil d’Administration a voulu porter et qui entre en résonance avec les constats dressés et les demandes formulées par les acteurs de terrain du secteur international. Nous avons donc voté, pour la deuxième année consécutive, un budget en croissance autour de 90 millions d’euros. C’est un choix qui nécessitera de donner au siège les moyens de  consolider la croissance et fluidifier les conditions de travail. Mener des programmes de qualité en adaptant les ressources humaines à notre croissance tout en veillant à la dynamique  de notre modèle associatif, relève de notre responsabilité. Je tiens donc à remercier tous les acteurs du secteur France et du secteur international, présents sur le terrain, en délégation ou au siège pour leur implication dans la réalisation de notre mission sociale.

 

En France, comme partout, nos équipes de terrain sont en première ligne face aux populations les plus démunies dont la situation se dégrade constamment. Nous ne cessons de manifester notre indignation face à  cette réalité. Nous interpellons de façon répétée  les autorités gouvernementales quant au recul de l’application du Droit alors que nous faisons la démonstration que des solutions existent : médiation sanitaire, consultation socio-médicale, domiciliation pour l’ouverture de droits, accompagnement, hébergement et relogement avec un suivi social, prévention.

 

Les évacuations des lieux d’habitats précaires et des bidonvilles de populations déjà vulnérables, le manque de moyens pour accueillir dignement les demandeurs d’asile, l’hébergement des populations à la rue géré au thermomètre, la non fusion de l’AME dans la CMU , le manque de courage politique pour simplement ouvrir une salle de consommation à moindre risque prouvent que le gouvernement actuel n’est pas à la hauteur des enjeux de lutte contre  l’exclusion et la pauvreté. De plus, la surenchère populiste de certains hommes et femmes politiques de ronge le socle de nos valeurs dans un contexte de crispation du en particulier à la crise de l’emploi.

 

Il est nécessaire que nous soyons demain plus forts, plus militants encore pour affronter ceux qui veulent une Europe repliée sur elle-même bâtissant en Méditerranée un cimetière pour les migrants, ceux qui veulent des riches plus nantis, et des classes populaires plus pauvres  et plus fragiles, ceux qui acceptent comme inéluctable la relégation d’une partie des membres de notre société.

 

Associés dans Médecins du Monde, nous essayons de faire entendre la voix de la solidarité, de la santé pour tous, de la justice sociale. Associés et différents, en gardant notre cohésion, nous devons être capables d’accompagner le changement vers la santé universelle que nous appelons de nos vœux.

 

Je crois donc que la dynamique autour du projet associatif doit nous permettre de redéfinir  les contours de notre association. Des fondamentaux  (santé pour tous, justice sociale, militantisme,  indépendance, recherche du juste chemin) viennent consolider notre identité pour soigner, témoigner, plaider et accompagner le changement social. Pendant les Universités d’Automne, les cadres de notre association ont réfléchi et amendé un texte martyr proposé par le groupe de pilotage, texte qui fait suite à une longue consultation participative des différents secteurs de notre association. Ce pari pour l’avenir ne se conçoit qu’avec une gouvernance partagée, un réseau  des Médecins du Monde à l’international plus équilibré et des alliances politiques fortes. C’est dans ce sens que je vous présenterai, si le Comité Consultatif National donne un avis favorable en mars 2015, un projet associatif 2015-2025 lors de notre Assemblée Générale du 30 mai prochain.

 

Ce projet, si l’association le valide, devra par la suite prendre sa mesure dans des orientations politiques et stratégiques. Il y a déjà dans la feuille de route du Conseil d’Administration 2014-2015 des chemins tracés. En partant des travaux des différents groupes qui font la richesse de notre modèle associatif, nous travaillerons ensemble sur un plan stratégique pluriannuel qui doit nous permettre de baliser l’avenir, tout en conservant la créativité collective qui est la marque de la vitalité de notre association. Notre association grandit en savoir-faire, en mobilisation, en indépendance. Il faut  poursuivre sur ce chemin d’une démocratie interne qui nous permet d’inventer des actions humanitaires plus à l’écoute des populations, comme une chaîne de solidarité à l’œuvre pour plus de dignité humaine.

 

Je vous adresse de nouveau et pour finir tous mes vœux de bonheur pour 2015, avec et dans une association des Médecins du Monde qui garde le cap de la santé pour tous et de la justice sociale.

 

Thierry Brigaud

 

NB : Merci de relayer ce message le plus possible afin de le partager avec l’ensemble des acteurs de l’association. Par ailleurs, vous trouverez dans l’intranet le texte du projet associatif sur lequel nous travaillons encore. N’hésitez pas à m’envoyer vos remarques.

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