RCA – Les survivantes témoignent // CAR – The survivors testify
Estelle – Survivante de VLG – 21 ans
Photo de Christophe Da Silva pour MdM
“Lorsque les Sélékas ont pris Bangui, ils ont violemment frappé ma grand-mère, et quand j’ai voulu intervenir, ils m’ont frappée, puis jetée au sol et violée. Je suis mère de 3 enfants, le dernier est issu de ce viol.
Après ce qui m’est arrivé, mon mari m’a abandonnée avec mes enfants, disant à nos parents que je suis la femme des Sélékas et qu’il ne peut pas continuer à vivre dans une telle honte. Je n’avais pas le courage de me rendre à l’hôpital, j’avais peur que les gens se moquent de moi. Lorsque mon dernier fils est tombé malade, je me suis rendue au centre de santé de Gobongo. C’est là que j’ai vu une agent juriste en train de faire une sensibilisation sur les questions de viol et de violence conjugale. Elle a dit que tout ce qui se dirait resterait entre elle et les patients. Elle a aussi souligné l’importance de la prise en charge médicale pour être en bonne santé. C’est ainsi que j’ai eu le courage, après la consultation de mon fils, d’aller la voir. Personne ne pouvait me voir entrer dans son bureau, car il est bien caché à l’arrière du centre de santé.
J’ai été très bien accueillie par la juriste. Elle m’a laissé le temps de m’exprimer et m’a dit que si je voulais, je pouvais poursuivre les agresseurs. Elle m’a ensuite référée vers la sage-femme pour une prise en charge médicale, cette dernière m’a ensuite orientée vers une conseillère psychosociale. J’ai beaucoup apprécié l’appui de tous ces services et depuis j’ai sensibilisé plusieurs femmes qui vivent la même situation pour les inciter à venir au centre de santé.”
Estelle, survivor of GBV, 21 years old
“When the Selekas took Bangui, they violently hit my grandmother, and when I wanted to intervene, they hit me, then threw me to the ground and raped me. I am a mother of 3 children, the last one is the result of this rape.
After what happened to me, my husband abandoned me with my children, telling our parents that I am the Selekas’ wife and that he cannot continue to live in such shame. I did not have the courage to go to the hospital, I was afraid that people would laugh at me. When my last son got sick, I went to the Gobongo health center. That’s where I saw a lawyer who was raising awareness on issues of rape and domestic violence. She said that anything that was said would remain between her and the patients. She also stressed the importance of medical care in order to be in good health. This is how I found the courage, after my son’s consultation, to go and see her. Nobody could see me enter her office, because it is well hidden in the back of the health center.
I was very well received by the lawyer. She gave me time to express myself and told me that if I wanted, I could prosecute the assailants. She then referred me to the midwife for medical care, the latter then referred me to a psychosocial counselor. I have greatly appreciated the support of all these services and since then I have sensitized several women who are in the same situation to encourage them to come to the health center.”
*Le prénom a été changé.
The name has been changed.