Médecins du Monde s’engage en faveur de la planification familiale au Sommet FP2020

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Le Sommet de Londres s’est tenu le 11 juillet dernier dans un contexte international tendu sur le plan financier – avec le retrait du principal bailleur que sont les Etats-Unis. Son objectif était de redynamiser l’engagement mondial en faveur de la planification familiale (PF) axée sur les droits et de s’engager à prendre des mesures pour accélérer les progrès – plutôt décevants au regard des objectifs fixés au Sommet de 2012, lors du lancement de FP2020. L’intention était de s’appuyer sur la dynamique de l’initiative SheDecides (initié début 2017 en réaction à la réactivation du Global Gag Rule) et de faire écho à l’Année de l’union africaine sur le dividende démographique.

Le Sommet s’est déroulé sur deux jours avec, au programme, l’organisation de trois événements parallèles le 10 juillet sur le Partenariat de Ouagadougou, la PF au Sahel et les chaînes d’approvisionnement en contraceptifs. Le 11 juillet, les plénières ont portées sur différents thèmes tels que l’autonomisation des filles, l’accès à la PF dans les contextes de crise, la promotion des droits, le renforcement des chaînes d’approvisionnement, l’élargissement de la gamme de contraceptifs, les financements innovants et les progrès réalisés par les partenaires.

Les principaux enjeux soulevés par le Sommet étaient les populations les plus difficiles à atteindre (c’est-à-dire les adolescent.e.s et les femmes dans les contextes de crise humanitaire), la promotion de l’approche par les Droits, le renforcement des chaînes d’approvisionnement en contraceptifs, l’élargissement de la gamme des contraceptifs disponibles et le financement des produits de base.

Un difficile accès à la planification familiale dans les situations de crise humanitaire. 

L’accès à la PF dans les situations de crises a été au cœur des préoccupations du Sommet : 26 des 69 pays cibles du partenariat FP2020 (soit 37,6%) sont des pays comportant des programmes d’intervention humanitaire d’urgence ou sont inclus dans les plans régionaux d’intervention pour les réfugiés. 15 des 30 pays présentant un faible taux de prévalence de contraception moderne (50 %) comportent des plans d’intervention humanitaire d’urgence ou sont inclus dans les plans régionaux d’intervention pour les réfugiés.

>> La vidéo complète du Sommet sur YouTube

Catherine Giboin, référente santé sexuelle et reproductive (SSR) du Conseil d’Administration, a disposé d’une prise de parole en plénière dans le cadre du panel Planification familiale dans les situations de crise humanitaires. Le panel était animé par Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme et les autres intervenants étaient Ugo Daniels, chef de la réponse humanitaire du FNUAP, le Dr. Fawziya Abikar Nur, Ministre de la santé de Somalie, et Ulla Tørnæs, Ministre du Développement et de la Coopération du Danemark. Le panel auquel Catherine a participé commence à 2h 09min 45s et la prise de parole de Catherine à 2h 18min 11s.

Catherine a également participé à l’événement When She Needs it Most: Delivering Family Planning in Humanitarian Contexts, durant lequel a été soulevé la nécessité de recueillir de meilleures données sur la SSR dans les contextes humanitaires ; au symposium de recherche Bridging the Gap to FP2020: Evidence to Accelerate Progress Towards Meeting the Need for Family Planning, organisé par la London School le 10 juillet ; à la réunion SheDecides le 12 juillet ; et au débriefing des ONG britanniques.

Le partenariat de Ouagadougou : réaffirmer les engagements des partenaires africains.

Stéphanie Derozier a participé à une session parallèle sur le partenariat de Ouagadougou, organisée le 10 juillet, et regroupant les ministres de la Santé des 9 pays formant le partenariat pour faire le point sur leurs engagements et réengagements en faveur de la PF. L’objectif était aussi de traduire l’engagement des 9 pays en action. Les thèmes abordés étaient :

  • Les enjeux et perspectives de l’accès des jeunes aux services SSR en Afrique de l’Ouest francophone ;
  • Les schémas de financement de la PF pour l’autonomisation contraceptive ;
  • L’élargissement de la gamme des produits contraceptifs ;
  • Le renforcement de la chaîne d’approvisionnement ;
  • La contribution du secteur privé dans ces domaines.

Les progrès du Sénégal et du Burkina Faso ont été particulièrement soulignés.

Durant cette session, les ministres ont évoqués la nécessité de travailler sur la mobilisation communautaire et de développer la délégation des tâches, l’élargissement indispensable des méthodes de contraception disponibles, l’expérience positive de l’Ecole des Maris, les difficultés d’approvisionnement des contraceptifs en zones rurales et le problème des grossesses à l’école. Ils ont également présenté quelques mesures prises par leurs pays respectifs pour améliorer l’accès à la PF, particulièrement importante au Burkina Faso (avec l’allocation de ressources pour la jeunesse et la PF, la création d’une direction de la sécurité des approvisionnements au sein du Ministère de la santé pour anticiper les ruptures de stock, et l’investissement d’1 million par an pour les intrants). La Côte d’Ivoire a annoncé sa volonté d’allouer une ligne budgétaire pour les intrants dans les années à venir. Le Sénégal a évoqué les nombreuses expériences pilotes réussies – en matière d’implication des femmes dans l’utilisation des méthodes de longue durée, de sous-traitance au secteur privé de l’approvisionnement des contraceptifs dans les zones rurales et de l’école des maris. La Mauritanie a voté en 2017 une loi sur la santé de la reproduction et a validé une ligne budgétaire de 100 000 dollars pour l’achat des intrants ; le pays va aussi inclure les méthodes contraceptives à la liste des médicaments essentiels du pays. Le système de santé guinéen, lui, a été très impacté par Ebola.

Enfin, Stéphanie a également assuré la coordination avec MdM-US et MdM-UK.

Un bilan positif avec de nouveaux engagements et des promesses de financements.

Les engagements financiers annoncés lors du Sommet devraient totaliser au moins 2,5 milliards de dollars d’ici 2020. La majeure partie du financement a été engagée par des pays d’Asie et d’Afrique. 4 nouveaux pays donateurs se sont engagés : la Belgique, le Canada, la Finlande, l’Islande. Les 6 pays déjà engagés ont renouvelé leurs engagements (Australie, Danemark, UE, Pays Bas, Norvège, Suède).

La Fondation Gates s’est engagée à hauteur de 375 millions supplémentaires sur 4 ans (soit 60 % d’augmentation), dont 250 millions alloués à des programmes ciblant plus spécifiquement les adolescent.e.s et les jeunes.

32 pays partenaires du FP2020 ont pris des engagements renouvelés pour accélérer les progrès de la planification familiale (dont 9 pays où MdM développe des activités de SSR : Burkina Faso, RCI, RDC, Madagascar, Népal, Niger, Nigeria, Pakistan, Somalie). Trois nouveaux pays se joignent au partenariat FP2020 : Haïti, le Tchad et le Sud Soudan.

6 nouvelles ONG se sont engagées, ainsi que 13 nouveaux partenaires du secteur privé.

Les équipes MdM du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire et de RDC se mobilisent autour du Sommet FP2020.

MdM a également participé au Sommet FP2020 de manière indirecte, via les terrains africains :

  • Au Burkina Faso, en réunissant les jeunes ambassadeurs et en leur permettant de dialoguer avec le FNUAP Burkina, la DSF (Ministère santé) et avec Rodrigue Ngouana, chargé des relations pays pour le Partenariat de Ouagadougou présent à Londres, via Skype, Facebook et Twitter ;
  • En Côte d’Ivoire avec une participation aux événements satellites organisés par le ministère de la santé mais aussi via la coalition Namané à Soubré, et via Twitter ;
  • En RDC avec la participation au pré-sommet organisé par l’Ambassade de Grande-Bretagne, en présence du Secrétaire Général du Ministère de la Santé et à la réunion pour la sécurisation de la ligne achat de contraceptifs avec les fonds gouvernementaux.

Au Burkina Faso 

Le “Sommet de Londres à Ouaga”

Les acteurs burkinabés présents au Sommet de Londres : Nicolas Meda, ministre de la santé ; Anne Thieba, ambassadrice de la PF et épouse du Premier Ministre ; et le Dr Ramatou Winsouri Sawadogo, directrice de la Santé et de la Famille.

Au Burkina Faso, les activités de MdM ont été organisées en collaboration avec les Jeunes Ambassadeurs et le groupe de travail SSR/GND. Les 10 et 11 juillet, un tweet-up interactif sur les pages Facebook des jeunes Ambassadeurs du Burkina Faso, de MdM France Burkina Faso et des OSC du Burkina Faso a permis de diffuser les messages clés portant sur les axes de plaidoyer de MdM. D’autre part, les jeunes ont eu la possibilité d’échanger sur des préoccupations phares telles que l’accès à la contraception, les conséquences du non-accès des mineures aux méthodes contraceptives, la gratuité des méthodes, mais aussi l’environnement juridique et culturel favorable à l’offre de soins et de service SR/PF. Cette activité a généré environ 110 tweets dès le matin du 10 juillet. Les engagements pris par le Burkina Faso, une fois officialisés, ont été diffusés via le tweet-up.

Le 11 juillet, une rencontre d’information sur le mouvement FP2020 a été organisée dans les locaux de MdM France, intitulée “Sommet de Londres à Ouaga”. MdM France a accueilli un atelier ouvert à tous les Jeunes Ambassadeurs du Burkina Faso, aux OSC nationales et aux partenaires (le FNUAP, la Direction de la Santé et de la Famille du Ministère de la Santé) pour permettre aux Jeunes Ambassadeurs de mieux connaitre l’histoire de FP2020, les engagements passés et le processus de suivi. Ces derniers prévoient la publication d’un article sur la mobilisation et les promesses de suivi des nouveaux engagements.

Tweet up 2Tweet-up avec interaction sur Facebook IMG_8262Rencontre d’information FP2020

En Côte d’Ivoire

Des activités satellites en collaboration avec le FNUAP

 

Les acteurs politiques ivoiriens présents à Londres : Raymonde Goudou Coffie, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique ; Nialé Kaba, ministre du Plan et du Développement ; et Emilienne Kouassi, conseillère du Ministre en charge de la santé.

En Côte d’Ivoire, la mission MdM a participé aux activités satellites que le Ministère de la santé a organisées, en collaboration avec le FNUAP. Les activités comprenaient des consultations foraines en planification familiale – avec une offre de services de PF notamment – et des tables rondes de plaidoyer sur les engagements nationaux en planification familiale et sur le rôle des décideurs et des leaders communautaires ; ces événements se sont déroulés à Soubré, Gagnoa, Abidjan et Sakassou – soit les zones d’intervention de MdM.

La Coalition locale Namané (mise en place par MdM à Soubré), avait participé à la table ronde de plaidoyer du 6 juillet dernier sur « les engagements nationaux en planification familiale sur le rôle des décideurs et leaders communautaires » dans les communes de Soubré, Gagnoa et Sakassou. 

RDC

Pré-Sommet de Londres et réunion pour la sécurisation de la ligne achat de contraceptifs

En République démocratique du Congo, deux événements principaux ont été organisés en marge du Sommet du 11 juillet. Une rencontre de pré-sommet de Londres – organisée par l’Ambassade de Grande-Bretagne le 6 juillet, en présence du Secrétaire Général du Ministère de la Santé – a permis de présenter les résultats provisoires pour 2013-2017, ainsi que les engagements pris par la délégation de la RDC à Londres, à savoir :

  • La RDC a réitéré sa volonté de respecter ses engagements ;
  • Une amélioration de la prévalence contraceptive, notamment à Kinshasa ;
  • L’inscription d’une ligne budgétaire pour le financement des contraceptifs : engagement à verser 2,5 millions de dollars en 2017 ;
  • Un cadre législatif favorable avec la proposition de loi cadre sur la santé en cours de discussion, ainsi que la proposition de loi SSR à inscrire aux débats des Chambres législatives.

Puis, une réunion pour la sécurisation de la ligne achat de contraceptifs avec les fonds gouvernementaux a été organisée, permettant de discuter avec les techniciens du budget. Ces derniers se sont engagés à mettre sur la table les 2 millions de dollars manquant pour l’achat des contraceptifs au titre de 2016, et 2,5 millions de dollars au titre de l’année 2017. 

 

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