La sévérité de la loi en Géorgie a des conséquences sur l’entourage des usagers

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Natia Labartkava,  30 ans, travailleuse sociale
Elle est la sœur de Konstantin , le fondateur l’association New Vector

Photo de Olivier Papegnies

 

Quel est ton travail ?

Depuis 2012 je suis travailleuse sociale auprès des usagers de drogue au sein de l’association New Vector, partenaire de MdM. Depuis mai 2015, j’accompagne également les bénéficiaires recrutés par MdM pour le traitement de leur hépatite C.

Comment es-tu arrivé ici ?

J’ai commencé à travailler auprès des usagers car mon frère s’est lui-même injecté et j’ai donc été témoin direct des difficultés et de l’exclusion subie. C’est important pour moi de leur venir en aide. Je suis ce qu’on appelle une personne « Co dépendante », j’ai vécu avec un usager. En Géorgie, l’usage de drogues est très sévèrement puni et la police est très dure envers les consommateurs. La sévérité de la loi a des conséquences sur l’entourage et pas seulement sur les. Ce sont les proches qui paient les amendes et qui s’occupent des usagers car ils ne sont pas pris en charge par les structures étatiques.

Avec l’expérience que j’ai eue avec mon frère (il a créé New Vector) j’ai appris à parler, à me comporter de la bonne manière avec eux, c’est ma force. Je connais les bases pour avoir la confiance des usagers.

C’est compliqué au premier abord de communiquer avec les usagers, de les comprendre. Avant qu’il crée New Vector, mon frère était devenu une autre personne, il était très agressif. La seule chose qui l’intéressait, c’était la consommation du produit. Il a commencé en tant que travailleur pair de New Vector quand il s’est marié et a eu un enfant. Il a pris ses responsabilités et a compris que pour aider les usagers, il fallait qu’ils se regroupent pour être plus forts et se sentir moins isolés. Ce qui l’a motivé à créer cette ONG d’autosupport c’est qu’il voyait ses amis prendre des risques de maladies infectieuses avec des seringues usagées. Il s’est dit qu’il fallait que les usagers agissent eux-mêmes pour améliorer les choses et qu’ils soient moins seuls face à leur situation.

Doit-on adopter une attitude particulière quand on travaille au quotidien avec les usagers ?

Koka mon frère, m’a appris à être patiente car les usagers ont besoin de temps pour comprendre. Il faut savoir écouter, parler simplement leur langage, pour que ce soit compréhensible. Il m’a dit de faire les choses directement avec les bénéficiaires, de ne pas décider pour eux, de les laisser maîtres de leur décision, de voir avec eux ce qui pourrait leur faire du bien pour qu’ils se sentent mieux, qu’ils ne prennent plus de risques.

En commençant à travailler avec MdM et New Vector, j’ai reçu des formations sur les MST, les risques de transmissions, sur la façon d’aider les usagers pour les orienter au mieux. Les autres travailleurs pairs m’ont donné conseil pour parler avec les usagers, me comporter avec eux. Si je ne sais pas comment aider un usager, je demande conseil aux travailleurs pairs qui savent encore mieux ce dont a besoin car ils ont ou ont eu les mêmes pratiques. Le travail en équipe me plait, avec les travailleurs pairs mais aussi avec les usagers.

Rencontres-tu des difficultés particulières avec les usagers qui suivent le traitement hépatite ? Les usagers en général ?

Quand on m’a proposé de suivre les bénéficiaires du programme de traitement de l’hépatite C, j’avais peur de ne pas y arriver. Je  ne me sentais pas capable de les accompagner car il faut les suivre de près, les encadrer, leur donner des conseils thérapeutiques et beaucoup d’informations sur le traitement. Je ne connaissais pas tous ces éléments mais j’ai bénéficié de la formation de MdM et New Vector. Quand j’ai été au contact des premiers patients, j’ai trouvé ça très intéressant car je me sentais vraiment utile pour les bénéficiaires. J’ai grandi professionnellement. Je suis fière car j’ai  beaucoup appris  avec les formations et les sessions de groupe. C’est plaisant de pouvoir leur donner des infos, je sens qu’ils m’écoutent.

Il y avait beaucoup de mythes sur le traitement par interféron mais grâce aux informations que nous avons partagées, nous avons détruit les fausses rumeurs. Les usagers savent désormais que le traitement par interféron peut être bénéfique.

A mes yeux, la seule difficulté c’est que les usagers n’aiment pas les éléments administratifs officiels ;   notre travail est de les accompagner et de leur montrer que c’est simple. Quand certains usagers ont des problèmes psychologiques, c’est parfois compliqué car ils ne répondent pas aux questions. Je n’aime pas l’idée de ne pas pouvoir les aider. Quand je suis face à cette situation, j’échange avec d’autres travailleurs sociaux et nous nous  concertons pour établir une stratégie pour aider le bénéficiaire.

 

 

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