Un voyage hautement symbolique

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Toujours partante pour de nouvelles aventures, c’est avec enthousiasme que j’ai répondu à l’invitation de la Délégation Régionale Normandie proposant à l’antenne de Caen de la représenter dans le cadre de l’opération Route du Rhum. Sans hésitation, banco pour Saint-Malo, un nom évocateur d’aventures maritimes, de corsaires, de défis !

La vie au Village dans la case MdM

Avant que ne sonne l’heure du grand départ, le village de la Route du Rhum vit au rythme des marées montantes et descendantes d’une foule venue découvrir la flottille de 138 bateaux alignée au pied des remparts. Notre stand est à quelques encablures de “notre” bateau estampillé “Médecins du Monde”, stratégiquement amarré à proximité des “Ultim”, ces géants des mers qui attisent la curiosité du public. Sous la bannière MdM, les équipes Communication et Collecte de fonds sont au taquet pour attirer l’attention sur notre association : une photo Polaroid express sur fond d’une mer de logos “pour déclencher des vagues de solidarité”, une loterie avec la folle promesse d’une sortie en mer avec “notre” navigatrice Morgane Ursault-Poupon “à son retour de Guadeloupe”.

Françoise et Fatouma, responsable de la communication.

A la rencontre des donateurs

Partir à la conquête de futurs donateurs ou entretenir la relation avec ceux qui nous sont déjà fidèles est porteur de sens puisque ce sont leurs dons qui “peuvent changer la donne” en nous accordant les moyens d’agir. Echanger, partager avec celles et ceux qui, en amont de notre action de terrain, œuvrent à façonner et à valoriser l’image de notre association, cisèlent les messages percutants, imaginent et mettent en œuvre des évènements, fut une expérience riche et exaltante. Vu des côtes caennaises, le “Saint-Siège” de MdM me semblait être un vaisseau fantôme, une image floue qui s’est rapidement dissipée et a pris corps avec la rencontre de membres d’équipage qui fixent le cap et contribuent à la pérennité de notre association.

Un temps fort qui galvanise !

Une vague d’émotion m’a submergée lors du baptême de “notre” bateau parrainé par le médecin explorateur Jean-Louis Etienne. Morgane, dont le prénom signifie étymologiquement “née de la mer” venait de pousser son premier cri le 11 mai 1986 quand le futur parrain de “Médecins du Monde” arrivait au terme d’un incroyable défi en étant le premier homme à atteindre le Cap Nord en solitaire. Des dates Ô combien symboliques venant se télescoper autour d’un magnifique projet porté par Morgane, qui quelques jours plus tard allait prendre la mer à la barre de “notre” bateau. J’ai ressenti avec passion ce temps fort de communion entre tous les acteurs de cette aventure, propre à exalter mon sentiment d’appartenance à notre association, décuplant mon envie d’aller plus haut, plus loin.

Un lien entre deux continents

Contre vents et marées, Morgane veillera au grain, ajustera la voilure pour optimiser son avancée et ce, sans relâche, jusqu’à l’objectif ultime : rejoindre une terre au-delà de l’océan, rallier un autre continent, relier deux continents. A l’instar de ces jeunes exilés isolés que je côtoie depuis une année au “Local” MdM à Caen. Eux aussi ont largué les amarres, bouclé leur sac pour s’aventurer sur les routes de l’exil, bien souvent un chemin de Damas dont ils gardent les stigmates. Un voyage, aussi périlleux soit-il, vers leur rêve d’un avenir plus riant, plus confortable, plus libre. Avant d’accéder à cet objectif, ils vont devoir expérimenter l’attente interminable, le refus, le recours, apprendre la patience, traverser des périodes en dents de scie qui inévitablement ont des répercussions sur leur état de santé.

“Changer la donne”

En offrant un peu de mon temps dans ce lieu d’accueil inconditionnel qu’est notre “Local”, je contribue modestement à “changer la donne”. Et ces jeunes, eux-aussi, contribuent à changer ma donne : lorsqu’ils me saluent, la main sur le cœur, lorsque je les regarde s’entraider pour une traduction ou pour réparer un vélo, lorsqu’un “ancien” se propose d’aider un nouvel arrivant, je ressens comme un privilège de recevoir beaucoup en étant partie prenante dans ces liens qui se créent, se renforcent et témoignent de l’existence d’une communauté profondément vivante et vivifiante.

Jeter l’ancre à Caen et à Pointe-à-Pitre

Ces jeunes avec lesquels la communication se situe souvent au-delà des mots m’ont, sans le savoir, beaucoup apporté en favorisant mon ancrage à Caen après des années d’expatriation en Afrique subsaharienne et en Asie.

Mission réussie à l’instar de Morgane, laquelle, grâce à son incroyable courage, vient de franchir la ligne d’arrivée et de jeter l’ancre à Pointe-à-Pitre en ayant l’immense satisfaction d’avoir accompli ce que l’on peut qualifier d’exploit, au-delà des considérations de temps et de classement.

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