« Les JMF permettent de se questionner, de s’intéresser à des points essentiels, fondamentaux de l’association, et de se pencher sur nos perspectives, projets et stratégies. Ce rassemblement est avant tout un moment de rencontre et d’échange entre les différents acteurs, délégations, membres du conseil d’administration. Ces rendez-vous sont donc nécessaires puisqu’ils permettent de discuter, de partager des opinions et tout cela dynamise la vie associative ; c’est quelque chose d’assez incontournable quand on fait partie d’une association comme MdM. »
Êtes-vous satisfaite par le déroulement de cette table ronde concernant la migration ?
Nous aurions pu avoir plus de débats si nous avions eu plus de temps mais c’est une contrainte avec laquelle nous sommes toujours obligés de composer. La diversité des acteurs est quelque chose d’intéressant, tout comme les échanges sur la mobilisation. Personnellement j’ai appris des choses intéressantes sur les politiques européennes qui vont nous aider pour nos plaidoyers futurs.
Êtes-vous engagée dans d’autres organisations de solidarité ? Et que pensez-vous des collaborations avec les organisations humanitaires?
Actuellement, je suis engagée auprès de MdM uniquement, cela me prend déjà pas mal de temps. Mais il y a aussi d’autres façons de s’engager. Quand j’exerce mon métier de médecin généraliste par exemple, la façon dont je me positionne en est une. Concernant les collaborations, ce sont des partenariats que l’on envisage pour avoir un impact plus fort, pour permettre des prises en charge plus globales. A Calais, l’association avec d’autres ONG expertes dans d’autres domaines permet de mutualiser les compétences et d’être complémentaires pour porter une réponse un peu plus générale. Bien sur, cela pose forcément la question de divergences d’opinions ou de positionnements. Idéalement, c’est important de l’anticiper et d’en discuter quand le cas se présente.
Concernant votre projet « Mission Migrants Littoral », quelles sont les activités que vous trouvez appropriées pour réduire la vulnérabilité des migrants ?
Réduire la vulnérabilité des migrants signifierait d’abord de leur permettre d’avoir un accueil décent et digne mais ce n’est pas sur ce volet que l’on travaille. L’accès aux soins permet d’apporter une réponse, que ce soit par des soins infirmiers, médicaux ou psychologiques, ainsi que par de l’accompagnement.
Comment avez-vous réussi à réunir 70 bénévoles pour ce projet ?
A Dunkerque, les bénévoles sont là depuis longtemps. En parallèle, nous faisons régulièrement des campagnes de recrutement pour mobiliser des gens du coin qui sont dans la région, sur du long terme.
A Calais, c’est bien plus spécifique. Jusqu’à présent, nous avons beaucoup fonctionné avec des bénévoles qui venaient d’un peu partout et pour de courtes périodes ; mais aussi avec le siège qui nous a fourni un gros appui. Nous nous sommes appuyés sur la situation d’urgence et son caractère exceptionnel pour mobiliser les gens, même si c’est une urgence qui dure.
… Il s’agirait ainsi d’une crise selon vous ?
Oui, c’est une crise chronique qui redevient régulièrement aiguë.
Quelles nouvelles actions ou orientations proposeriez-vous à MdM dans le Nord Pas-de-Calais ?
Il faut se poser la question du long terme car c’est un projet qui se profile de façon exponentielle. Si on ne souhaite plus répondre mois par mois mais plutôt se projeter sur 6 mois ou 1 an, cela implique une réflexion forte notamment autours des moyens et du budget qui devra être important. Ce qui n’est pas si simple à l’heure où on nous demande de faire des efforts pour que la trésorerie s’améliore.
En acceptant de participer à cette mobilisation, quel est le message que vous souhaitiez faire passer aux bénévoles et aux salariés ?
Je ne ferais pas de distinction entre les salariés et les bénévoles parce nous sommes engagés sur un objectif commun. Même si on parle régulièrement de Calais à MdM car c’est un programme qui est extrêmement médiatisé, il me paraissait important de témoigner de ce qui se passe. C’est une expérience inédite en France et qui soulève tout un tas de problématiques qu’il est important, selon moi, de faire connaître pour nous questionner et alimenter le plaidoyer sur la migration.
propos recueillis par Ioana Sandru.