La 18e journée régionale associative de Médecins du Monde Normandie s’est tenue le samedi 25 novembre à Caen, sur le thème “Le plaidoyer comme vecteur d’engagements”… ou plutôt, pourquoi nous aimons tant cette association. 

Animer MdM sur le territoire normand, penser, discuter et traduire en actes les engagements et les valeurs de l’association, faire vivre la vie associative et laisser s’exprimer les bénévoles… tels étaient les objectifs de cette journée régionale, placée sous le signe du plaidoyer de MdM.

>> Le miracle organisationnel d’une ruche investie

Par Anne-Sophie Marie

>> L’engagement en pétales

Par Anne-Sophie Marie

>> Le plaidoyer de MdM : un parallèle possible avec le canyoning ?

Par Timothée Delescluse

>> S’engager à MdM : qu’en pensent les bénévoles ?

Par Naomi Mobioh 

Première étape : le miracle organisationnel d’une ruche investie

Coup d’œil sur la préparation de la journée régionale associative normande, par Anne-Sophie Marie

• Je ne comprends, quel est l’objectif de cette journée ?
• C’est de parler du plaidoyer.
• Mais je pensais que vous aviez prévu de parler de l’engagement associatif et militant ?
• Oui bah c’est ça.
• Mais ce n’est pas pareil… Par exemple, les intervenants ne seront pas les même. Le plaidoyer, c’est plutôt la direction santé et plaidoyer (DSP), alors que l’engagement associatif, c’est le pôle vie associative !
• Et bien les deux alors ; on parle de l’engagement associatif dans le plaidoyer.
• Bon, pourquoi pas… On pourrait en même temps essayer de répondre à la question de la présidente à Biarritz : « qu’est-ce que veulent vos bénévoles sur les terrains ? »
• Très bonne idée ! Il faut toujours essayer de répondre aux questions de notre présidente.
• Et que pensez-vous de changer le titre ? “Journée des bénévoles”…
• Mais bien-sûr, “Journée des bénévoles”… Ça ne va pas ?! C’est “Journée régionale associative”, car la vie associative c’est à la fois les bénévoles et les salariés.
• Très bien. Donc ce serait : « Journée régionale associative : l’engagement comme vecteur du plaidoyer ».
• Parfait, ça sonne bien.
• Et pour changer, que diriez-vous que ce soit les membres du Collège régional qui animent les ateliers ?
• C’est exactement ce que je pensais : les membres du collège animent, et l’intervenant salarié est en plénière.
• Voilà. C’est renversant !
• Mais au fait, comment on va faire pour organiser tout ça ? C’est dans deux semaines… 
• Oh, pas d’inquiétude, on est large…
• C’est vrai, on est même un peu trop en avance.
• Evidemment, on est toujours trop en avance.

Puis la ruche se met en activité. Et comme par un savant miracle organisationnel, on arrive au jour J dans une jolie maison de quartier de Caen. On évite même un incident diplomatique avec une pénurie de gobelets dans la machine à café. Mais finalement on se retrouve tous assis en cercle. Christian Cartier, délégué régional, ouvre la journée et Cécilia Nguyen, chargée de mission à Rouen, nous décontracte avec un petit jeu. Les ateliers commencent dans la foulée.

Deuxième étape : l’engagement en pétales 

MdM on l’aime un peu, beaucoup, et surtout à la folie ! Par Anne-Sophie Marie

Les ateliers se sont articulés autour de trois questions : pourquoi choisir de s’impliquer à MdM ? Comment s’épanouir à MdM ? Quels moyens pour faire évoluer l’accès à la santé ?

Pourquoi choisir de s’impliquer à MdM ?

Les voix se font d’abord timides et feutrées : « Je me suis impliquée par hasard », « Je souhaitais m’engager vis-à-vis des plus exclus », « Les images de Calais m’ont interpellées sur la situation des migrants en France », « J’aimais l’aspect militant de cette association » ; « Moi, c’était pour préparer ma retraite »…

Puis rapidement, les voix se font plus intimistes. On découvre que derrière la notion de hasard, il y a en réalité des histoires très personnelles, des parcours de vie, des rencontres, des blessures et morsures, des voyages qui ont conduit à l’engagement. « J’ai retrouvé la liberté de travailler autrement », « Je voulais faire quelque chose de positif de mon vécu difficile », « C’est une évidence dans ma vie et un coup de foudre ». Puis les voix se coincent dans la gorge et font naître des larmes : « MdM est une famille pour moi. L’association m’a aidé à m’intégrer en France. J’étais isolé, je n’avais personne à part MdM. Je suis un adolescent, c’est une famille qui m’aide à grandir ». « Je suis arrivée en France, je ne connaissais personne. J’étais bénéficiaire. Je suis allée au CASO parce que j’avais mal à la gorge ; ce n’était pas grand-chose… Mais c’était beaucoup d’être accueillie. Puis, je suis passée de bénéficiaire à membre du Collège régional. Ça m’a donné du courage. Quand je me rappelle que j’étais bénéficiaire, et tout le chemin parcouru depuis… je suis très émue. »

Comment s’épanouir à MdM ?

Tout le monde est unanime : s’épanouir à MdM, c’est être en adéquation avec les valeurs de l’association. Pour la grande majorité, MdM est à la fois une école de pensée et de savoir, un lieu de formation au contact des autres.

Tandis que beaucoup s’épanouissent au sein d’équipes mixtes de salariés et de bénévoles partageant des compétences professionnelles différentes mais complémentaires – les salariés et le siège, offrant souvent un appui indispensable aux actions menées – certains ont la sensation d’être soumis à des directives venant “d’en haut”, questionnant le caractère démocratique de l’association. Tout le monde n’a pas le sentiment de pouvoir s’exprimer.

Le défi est donc lancé pour la délégation Normandie : continuer à travailler pour laisser davantage de place aux nouveaux, qu’ils soient anciens bénéficiaires ou bénévoles, et prendre soin de l’expression de chacun.

Enfin, s’épanouir à MdM passe aussi par « la joie de vivre et la bonne humeur qui règnent dans la délégation », « l’esprit critique », « la mixité des âges vectrice d’énergie », « des gens attachants qu’on n’arrive plus à quitter », « l’esprit d’équipe et le partage ». Aussi, les actions de l’association permettent d’exprimer « une révolte structurée », « des militances plurielles et raisonnées » ou encore « une folie collective spontanée » !

Quels moyens pour faire évoluer l’accès à la santé ?

Parmi les moyens pour faire évoluer l’accès à la santé, les mots de chacun se font écho dans une belle unité : « le plaidoyer », « l’innovation sociale », « le travail inter-associatif », « la participation des bénéficiaires », « l’appel à la capacité d’invention des populations concernées », « les veilleurs plaideurs ».

Entracte : des bénévoles et membres du Collège, un repas, et encore des bénévoles !

Troisième étape : le plaidoyer de MdM, un parallèle possible avec le canyoning ? 

Présentation en plénière de Timothée Delescluse sur le thème “Finalité de l’engagement à MdM” ou la métaphore de la cascade pour décrire la santé publique, par Timothée Delescluse

Sacrée gymnastique d’esprit.

Et pourtant, imaginons des gens qui se noient au pied d’une cascade. Le réflexe des personnes sur la berge est de leur jeter des bouées. Ce sont les soins de santé.

Si on cherche à comprendre pourquoi ces noyés en arrivent là, on peut arpenter le chemin qui mène en haut de la cascade. Et là, des gens sautent à l’eau car ils doivent traverser. Certains savent nager, d’autre pas. Certains s’organisent pour traverser… On peut les soutenir dans cette démarche : c’est la prévention ou la promotion de la santé.

En observant les berges, on relève certaines aberrations : des panneaux indiquant « Rivière calme », des berges glissantes… On peut alors décider de limiter l’effet de ces problèmes : c’est agir sur les éléments structurels qui ont un impact sur la santé.

Enfin, défendre la construction d’un pont, l’accès à des cours de natation pour tous : c’est le plaidoyer.

En s’engageant chez MdM, on peut trouver sa place à tous les niveaux de la cascade. Avec ou sans équipement de canyoning. En Normandie, un petit groupe a décider de s’engager, en particulier sur le plaidoyer. Son nom : les Veilleurs plaideurs. Depuis juin 2017, le groupe soutient chaque mission pour :

• Veiller en interne afin de récolter de la matière (constats, manquements…) ; 
• Veiller en externe pour comprendre l’environnement politique qui nous entoure (compétence des élus, alliés politiques potentiels…) ;  
• Plaider en Normandie avec les principaux concernés, le siège et les autres organisations locales ; 
• Plaider en urgence si une fenêtre d’opportunité se présente ;
• Partager notre expérience.

L’engagement à MdM : qu’en pensent les bénévoles ? 

Un partage d’expériences à cinq voix, par Naomi Mobioh

Pour quelles raisons s’engager à MdM ? Pourquoi et comment devenir bénévole au sein de l’association ? Le choix associatif traduit des positionnements, préoccupations ou sensibilités propres. Les bénévoles de la délégation Normandie partagent ainsi des contextes d’engagement très différents : du désir d’exprimer une militance personnelle à la volonté de rester dans la continuité de sa carrière professionnelle en passant par des rencontres parfois dues au hasard.

Comment trouver sa place en tant que nouveau bénévole au sein de l’association ? Apprendre à connaître la maison MdM, ses collaborateurs et acteurs ainsi que ses modes de fonctionnement est un passage obligé afin de s’épanouir à MdM. Néanmoins, intégrer les cadres et valeurs associatifs propres à l’association est un processus qui concerne toute la communauté MdM pour laisser de la place aux nouveaux arrivants et militants.

Pour Romane, la volonté d’intégrer le Collège régional est dans la continuité des actions et positionnements menés dans le cadre de son combat associatif. C’est aussi, pour elle, l’occasion d’apporter son expertise sur des sujets spécifiques, tel que l’Afrique.

L’adhésion à MdM : obligatoire ? Sous quelles conditions ? A quel moment ? Les enjeux liés à l’adhésion des bénévoles s’insère aussi dans la préoccupation plus large de l’animation de la vie associative à MdM.