Que faisons-nous en France ?

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Les dramatiques événements du début du mois de janvier nous ont montré à quel point, face à un danger, la société civile française a su montrer son unité. Je ne disserterai pas et ne redirai pas ici tout ce qui a déjà été dit, analysé, repris par les médias. Je souhaite seulement faire part de mes questionnements, questionnements révélés par les sentiments de colère, et de tristesse que j’ai ressentis.
 

Il y a une part de responsabilité collective à ce qui s’est passé.

Médecins du Monde est une association médicale, se voulant militante et quoiqu’il en soit, nous faisons partie de la société civile.

Nous ne pouvons pas descendre par millions dans la rue pour dire notre indignation, notre colère, notre solidarité et ensuite renvoyer la balle aux politiques ou à l’Etat pour régler le problème.

L’État c’est nous.

Nous ne pouvons pas retourner dans nos missions en France et continuer nos actions comme si de rien n’était. A l’émotion doit succéder la réflexion.

Les extrémismes politiques et religieux nous menacent. Ils s’installent sur des terrains où la place est libre.

 

Le jour de la prise d’otage, porte de Vincennes, 2 jours après les assassinats d’une partie de l’équipe de Charlie Hebdo, je me suis rendue au siège pour participer au « Groupe Santé Publique » chargé notamment de réfléchir au recueil de données et au plaidoyer en France.

Tout en étant suspendus à nos téléphones pour suivre les infos sur la prise d’otage, nous continuions de parler du recueil de données…

En France nous allons donc mener des enquêtes pour objectiver ce que l’on sait déjà : les précaires mangent mal, les sans abri ont des difficultés à en trouver, les précaires ont moins accès à la prévention (je sais que je caricature… mais quand même).

J’ai ressenti une certaine colère : alors que sous nos yeux, des personnes étaient retenues du seul fait de leur religion, alors que 2 jours plus tôt 12 personnes avaient trouvé la mort juste en raison de ce qu’elles pensaient, écrivaient, dessinaient … nous continuions notre réunion sur nos enquêtes……

 

« Que renaisse la barbarie, je m’engage à la combattre » : qu’allons-nous faire pour ça ? La barbarie n’a pas à renaitre, elle n’est jamais morte. Nous tachons de la combattre, en tout cas d’en soigner ses effets sur les zones de conflits à l’international.

 

Et en France, et en Europe ?

 

Dans 2 ans, une échéance électorale, et non des moindres, va avoir lieu avec toutes les craintes que l’on connait.

 

Ne pourrions-nous pas nous questionner sur nos interventions en France ? Nous ne sommes pas toujours là où les autres ne sont pas.

Ne devons nous pas nous questionner sur notre rôle d’ONG médicale travaillant auprès de personnes qui sont laissées pour compte sauf lorsqu’elles représentent des enjeux électoraux. Réinvestir, en tant qu’acteurs de la société civile, des terrains eux aussi laissés pour compte, même si leurs habitants ont une couverture maladie.

 

Je n’ai aucune idée de la forme que pourraient prendre ces actions, je pense simplement que nous devons y réfléchir collectivement et certainement en nous appuyant sur les réflexions des patients que nous rencontrons dans nos centres et qui sont confrontés à toutes ces violences (xénophobie, racisme, instrumentalisation de leur religion…).

 

Je n’oublie pas que Médecins du Monde est une ONG médicale mais je reste convaincue que l’extrémisme nuit gravement à la santé.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Ou, est-ce que Médecins du Monde peut proposer des actions auprès des personnes qui vivent dans des banlieues défavorisées, délaissées et stigmatisées?? Soutenir les acteurs qui tentent de changer la vie et l’image des ces quartiers semble si important en ce moment..

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