Cher Fabio,
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus te dire à demain et c’est vraiment difficile. Il faut que tu saches l’immense émotion qu’a soulevée ton départ. Pas une émotion ordinaire mais une vraie peine. Pendant longtemps, nous serons nombreux à nous souvenir de moments particuliers avec toi. Tu as passé tant d’années avec MdM.
Tu ne passais pas inaperçu, Fabio. Au point info du vendredi, tu interpellais indifféremment celui qui rentrait du terrain, les administrateurs ou les directeurs avec ta verve inépuisable. Il faut dire que tu en connaissais des terrains.
Il est un terrain que nous avons partagé en 2004 ; ce pays sans couleurs qu’est la Corée du Nord. Nous tentions de nous réimplanter là-bas après une courte expérience en 1998. Nous étions surveillés de très près, pas une minute de liberté. Tu as réussi l’exploit de pousser brièvement notre « accompagnateur » sur le terrain politique, de le faire rire et boire, de capter l’attention de tous avec tes récits venus d’Afrique, des récits de conflits où tu semblais narguer quelque peu la sécurité. Nous avons visité des hôpitaux, des centres de santé, tu imaginais quelle structure nous pourrions soutenir, quels matériaux utiliser.
Cette fierté du travail bien fait, de la réhabilitation de la structure la plus adaptée au contexte, nous l’avons aussi partagé en Birmanie en 2008 lors du cyclone Nargis. Tu es parti le premier dans l’avion-cargo. Tu as atterri le premier à Rangoon. Nous étions parmi les tout premiers à venir soutenir les collègues birmans dans l’immense désastre qui les frappait. Tu exprimais une fierté particulière. Une fierté toujours teintée d’un discours politique. Je me souviens que, dans l’avion qui nous ramenait à Paris, tu n’as pas voulu quitter ton gilet MdM.
Nos pensées vont aujourd’hui à ta famille.
Tu vas beaucoup nous manquer.
Françoise