Le programme parrainage a honoré ses 25 ans l’année dernière en ouvrant deux nouvelles antennes en Guyane et à La Réunion. Cette année Serge Lispki, co-responsable de la mission parrainage, a été élu au Conseil d’Administration.
Mais au fait, que font les parrains ?
Le programme parrainage naît en 1988 avec… le premier parrainage
Le programme parrainage naît en 1988 grâce à l’action de Catherine Peterman. Chef de cabine d’une compagnie aérienne, elle participe à une évacuation sanitaire en Afrique. Lors de cette évacuation, elle est frappée par la solitude d’un jeune enfant pendant son hospitalisation. C’est alors qu’elle décide de l’accompagner. C’est le tout premier parrainage.
Nos programmes se situent dans trois zones. Tout d’abord en France métropolitaine, et plus précisément en Île-de-France, entre les hôpitaux l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris et les centres de Soins de suite. Et puis nous avons deux antennes en Guyane, une à Cayenne, ouverte en 2005, et l’autre à Saint-Laurent-du-Maroni, depuis 2013, année pendant laquelle nous en avons également ouvert une à Saint-Denis de la Réunion.
Pourquoi sur ces deux sites ? Parce que les enfants évacués de Mayotte et de Guyane ne sont quasiment plus transportés à Paris pour des raisons budgétaires (la caisse de Guyane accuse actuellement un retard de deux ans dans ses paiements !), mais aussi à cause du flou administratif autour de l’accès aux droits des parents, souvent en situation irrégulière.
Aujourd’hui, nous parrainons moins d’enfants d’Afrique subsaharienne pour deux raisons. Premièrement, il y a eu dénonciation des accords bilatéraux avec certains pays africains, car ceux-ci ne payaient plus les frais de santé. Ça, c’est la « mauvaise » raison. L’autre, plus positive, est que les médecins en Afrique sont de mieux en mieux formés et qu’il n’y a donc plus lieu d’envoyer autant d’enfants en France.
Nous travaillons avec de nombreuses compagnies aériennes. Parmi nos partenaires : Air France, Air Austral ou encore Air Caraïbes. Mais, par le passé, nous avions également Vivendi, la Fondation Air France et la Fondation de France comme partenaires.
Parrainer c’est accompagner un enfant, un seul à la fois
Dans la moitié des cas, les enfants sont seuls pendant la durée de l’hospitalisation. Par conséquent, le parrain (terme au masculin par commodité, même si dans la majorité des cas ce sont des marraines) est tenu de venir au minimum trois fois par semaine, dont une fois le week-end. Cette exigence est plus importante pour les nouveau-nés qui bénéficient d’un accompagnement quotidien. Le parrain s’adresse toujours à l’enfant et jamais à la pathologie. C’est un détail qui compte beaucoup pour moi : très souvent, le parrain est le seul contact humain en dehors de celui des « blouses blanches ».
Tous les bénévoles ne sont pas en parrainage. Certains d’entre eux sont en disponibilité, mais restent actifs en participant par exemple aux groupes de parole mensuels, organisés par les psychologues. On remarque un très faible turn-over, ce qui démontre l’attachement à notre action. Lorsque l’on est parrain, on ne s’occupe que d’un seul enfant. La logique est : un parrain, un enfant.
Personnellement, j’ai été parrain pendant un an et demi. C’est de cette façon que j’ai découvert ce magnifique programme. J’ai eu la chance d’accompagner trois enfants. Chacun d’entre eux m’a touché à sa façon. Il y a un jeune qui m’a marqué par son incapacité à communiquer. J’ai mis du temps avant de découvrir que c’était pour des raisons culturelles. Il a été hospitalisé pendant un an, et ses parents sont venus en France. Son hospitalisation l’a transformé. Lorsqu’il est sorti de l’hôpital, il était devenu un jeune homme ouvert sur les autres.
Pour devenir parrain, il faut se faire recruter et être disponible
La première phase est celle du recrutement. Le parrain est reçu par une cellule composée de deux bénévoles, un coordinateur et un psychologue. Ceux-ci évaluent si la personne est apte ou non à devenir parrain sur la base de plusieurs critères. Les deux éléments primordiaux sont la stabilité émotionnelle – car rappelons que dans 15% des cas le parrain effectue un accompagnement de fin de vie – et la disponibilité. Une formation obligatoire de trois jours est organisée afin de préparer les futurs parrains.
Du fait de ces deux critères, la majorité des parrains sont des retraités. La moyenne d’âge étant de soixante-cinq ans.
Pour nous, l’intégration du programme parrainage à la direction des missions France était une évidence. Pour les parrains, être « Médecins du Monde » est une fierté.
C’est avec Sylvie Guillaume et moi-même que le programme parrainage a rejoint la direction mission France. En effet, nous avons remarqué que la majorité des parents était dans des situations irrégulières ou précaires, ce qui nous rapprochait de MdM.
Pour nous, cette intégration était une évidence, surtout au niveau régional. Elle nous a permis de mieux faire connaître notre programme auprès des différents acteurs régionaux (hôpitaux, associations, collectivités…).
En outre, être chez MdM est une source de fierté pour nos parrains.
Notre programme est en parfaite adéquation avec la base fondatrice de MdM, « Soigner et témoigner ». Soigner, car notre accompagnement aide réellement les enfants ; certains médecins prescrivent même cet accompagnent. Et enfin témoigner, car d’une mission caritative nous sommes passés à une mission de témoignage grâce à nos parrains.
Prochaine étape : Montpellier ?
Si l’on suit les tendances actuelles, on peut imaginer que dans vingt ans l’hospitalisation sera ambulatoire, donc surtout en hôpital de jour. C’est pourquoi j’aimerais que notre programme continue d’apporter une humanité dans ces hôpitaux éclairs et très techniques. En outre, je souhaiterais que le programme parrainage s’étende vers d’autres villes pour répondre aux besoins de ces enfants qui se retrouvent seuls et isolés.
Actuellement, un nouveau projet est sur le point de débuter. Nous avons décidé de mettre en place une mission exploratoire à Montpellier.
Enfin, l’idéal serait que chaque enfant puisse être accompagné d’au moins un de ses parents lors de l’épreuve de la maladie…
Serge Lipski est co-responsable de la mission parrainage avec Sylvie Guillaume.
Il a été élu membre du CA à la dernière assemblée générale.