La crise des réfugiés, disent certains, l’invasion migrante, proclament d’autres, nous montre que les esprits sont partagés, que les pensées se sclérosent et que la peur monte. Une mobilisation citoyenne forte à travers l’Europe, et notamment en France, se développe. Pourtant les discours de nombreux concitoyens deviennent de plus en plus haineux et tendent vers un conflit de civilisation que nous craignons tous.
Nous entendons notamment, pourquoi aider et secourir les « migrants » alors que des français crèvent sous les ponts, qu’il y a des centaines de millier de « SDF », des millions de chômeurs ? Voila la confrontation, l’opposition à laquelle nous devons faire face, précaire français versus migrant.
Il est clair que le débat de société a du mal à être objectif et lorsque l’on parle de moyen mobilisable pour secourir nos frères et sœurs fuyant la guerre et la terreur, le ton gronde évoquant la crise économique, le chômage et notre incapacité matérielle à aider l’autre.
Nous entendons qu’il faudrait privilégier l’un au détriment de l’autre.
En France, à travers nos missions terrain, Médecins du monde rencontre toutes les personnes confrontées à la précarité et la grande exclusion qu’ils soient Français ou étrangers. Notre réponse est la même et se base sur le noble concept de l’inconditionnalité de l’accueil et de l’humanisme. Nous savons que faire ensemble et pour tous est le seul axe permettant de préserver notre contrat social républicain qui nous assure la paix sociale.
Alors je pense qu’il est urgent de faire valoir notre légitimité, de faire de la pédagogie dans l’espace public et médiatique français afin de faire entendre un message fort de solidarité ainsi qu’une position de principe visant à défendre les droits et la dignité de tous. Nous devons insuffler cette idée fondamentale que nous avons les moyens d’aider tout le monde et qu’aucun choix de public, de personne ne doit être envisagé. Les grands exclus français comme les réfugiés migrant qui fuient l’horreur et la barbarie méritent notre fraternité totale.
Nous avons les moyens, les termes et la force de faire ce travail de sensibilisation avant qu’un rejet de l’autre ne prenne le pas sur l’entraide et la solidarité.
Multiplions les tribunes médiatiques, les évènements sur place publique, les conférences, les actions de communication en tout genre afin de faire comprendre au peuple français que la misère n’est pas sélective et que nos réponses ne doivent pas l’être non plus.
Oui à secourir les personnes migrantes qui se noient en méditerranée.
Oui à secourir les personnes qui meurent sous les ponts et dans la rue en France.
Oui à construire une politique de solidarité inconditionnelle dont nous sortirons toutes et tous grandis et plus fort pour affronter les défis majeurs qui nous attendent.
Je fais donc cette appel à l’ensemble de la communauté Médecins du monde et plus largement à toutes celles et ceux qui ne divisent pas mais rassemblent même lorsque le contexte est dramatique.
Yallah
Thierry Malvezin
Co-pilote du Groupe France
