Ancien président de Médecins du monde et fondateur de la Consultation Baudelaire en charge de la précarité à l’hôpital Saint-Antoine, il avait l’engagement infatigable et généreux.
Il était charmant, modeste, terriblement chaleureux et engagé. Jacques Lebas, ancien président de Médecins du monde et fondateur de la Consultation Baudelaire à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi. Il venait d’avoir 70 ans.
«C’était plus qu’un ami, un frère, témoigne l’ancien ministre Bernard Kouchner, très ému. Il était de tout ce premier groupe que nous avons formé, au début de Médecins du monde. C’est toute une vie qu’on a partagée», ajoute-t-il, citant pêle-mêle les grandes missions humanitaires qui ont jalonné ces quarante dernières années, mais aussi la lutte contre le sida dans les années 80, un engagement commun inédit entre Médecins du monde et l’association Aides pour affirmer haut et fort les droits des malades dans ce combat. Mieux encore, au tout début des années 80, alors que l’épidémie du sida commence à peine, Jacques Lebas va mettre sur pied les premiers centres de dépistage anonymes et gratuits, dont le modèle sera ensuite repris par les autorités sanitaires.
S’occuper des démunis
Bernard Kouchner : «Jacques ne s’arrêtait pas. Il a aussi dirigé l’hôpital de N’Djamena en pleine guerre du Tchad. Et puis, bien sûr, il a créé la Consultation Baudelaire». Au début des années 90, alors que Médecins du monde ouvre le tout premier dispensaire, rue du Jura à Paris, pour s’occuper des démunis, Jacques Lebas va réussir à convaincre les hôpitaux de Paris d’ouvrir une consultation à Saint-Antoine pour «les sans papiers, les démunis, les moins que rien». «Ici, on ne demande rien, on soigne», nous disait-il, avec cette présence très affective qu’il avait, et le sens inné des situations et des enjeux. «C’est un médecin très courageux, qui s’occupait de malades de façon exceptionnelle, rien ne lui paraissait impossible», raconte son ami Patrick Aeberhard, également ancien président de Médecins du monde. Jacques Lebas était prêt à toutes les folies, comme se faire un jour cobaye pour tester un hypothétique vaccin contre le sida.
Marié à l’ancienne ministre de la Santé Michèle Barzach, Jacques Lebas était tombé gravement malade il y a neuf ans, d’une pathologie qui parfois lui laissait des répits. On ne le voyait plus, il manquait, et tout un monde prenait régulièrement de ses nouvelles. Une cérémonie aura lieu mercredi au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, à 10h30.
Eric favreau, publié sur Libération, le 18 octobre 2019
Oh, si généreux, ouvert, attentif, Jacques.
Que d’ aventures et d émotions communes.
Au revoir Jacques . Merci !
Veronique Ponchet
Quel regret de ne pas avoir connu cet homme il nous aurait tellement apporté pour notre mission sans abris Marseille