Marine Goby : travailler dans l’humanitaire sans être médecin ou ingénieur

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Photo prise par Sylvain, référent “contrôle et prévention des infections” au Libéria

 

Assistante du coordinateur général dans le cadre d’une mission de Médecins du Monde au Libéria, Marine Goby nous explique son travail, dans le contexte de la lutte contre Ebola. Elle nous dépeint un métier méconnu du secteur de l’humanitaire.

 

Si les métiers de l’humanitaire sont souvent représentés par le corps médical et l’ingénierie, bien d’autres métiers restent méconnus du grand public comme celui d’assistant coordinateur général. Après avoir exercé cette profession au siège de l’ONG Action contre la faim au Canada, Marine Goby effectue sa première mission sur le terrain depuis octobre à Monrovia, capitale du Liberia. Travaillant pour Médecins du Monde dans le contexte de la crise sanitaire liée au virus Ebola, elle est engagée en tant que Volontaire de solidarité internationale (VSI), des contrats spécifiques à des ONG agréées par l’Etat. Elle nous explique son travail, son quotidien et la préparation qu’elle a effectuée, avant son départ.

 

Quel a été ton parcours pour entrer dans le secteur de l’humanitaire ?

 

J’ai commencé par une licence en Langues étrangères appliquées (LEA). Après avoir validé ma 3e année au Canada, j’ai fait un an de break. Quand je suis rentrée, retourner sur les bancs de l’université française était quelque chose que j’avais du mal à envisager.

 

Alors j’ai fait un service civique auprès d’ESPOiR, une association travaillant sur un projet de micro-crédit au Bénin et sur l’éducation au développement en France. J’ai pu participer à beaucoup de formations, me faire un réseau, découvrir le fonctionnement de ce secteur, assister à des conférences. Entendre parler des compétences nécessaires et des parcours pour intégrer ce secteur, a nourri mes réflexions. Je pensais que les métiers de l’humanitaire étaient uniquement des métiers techniques : médecins, infirmiers, ingénieurs. La majorité le sont effectivement mais j’ai découvert qu’il y a aussi des profils généralistes gérant le travail administratif qu’une mission engendre, dont les RH ou les programmes.

 

J’ai ensuite enchaîné avec le master 1 de Chambéry en Analyse de Crise et Action Humanitaire puis avec le master 2 Coopération Internationale et Développement à Sciences Po Bordeaux, qui a une spécialité crise sanitaire.

 

Afin de mieux comprendre l’étendue de ton travail, peux-tu nous expliquer le programme de Médecins du Monde (MdM) au Libéria?

 

Médecins du Monde soutient 5 centres de santé à Monrovia sur les activités de prévention et de contrôle des infections (IPC), sur les soins de santé primaires et sur la gestion des déchets. Avec le contexte Ebola, l’IPC est une activité majeure. On travaille sur la formation du personnel, sur comment mettre et enlever les habits de protection mais aussi l’organisation de l’accueil dans les centres de santé.

 

A l’entrée, il y a une zone de triage qui se répartit entre une zone d’isolement et un passage vers la salle d’attente. Quand une personne arrive, on prend sa température et on lui pose quelques questions. Elle est ensuite invitée à aller dans la salle d’attente ou en zone d’isolement. Une grosse partie de notre travail est de mettre les zones de triage et d’isolement en place et de s’assurer que les équipes de santé en font une bonne utilisation.

 

Il faut préciser qu’un centre de santé n’est pas un centre de traitement Ebola. Ils existaient avant la crise et acueillent la population en cas de maladie, de grossesse ou pour les vaccinations.

 

En quoi consiste ton travail d’assistante du Coordinateur Général ?

 

J’assiste le chef de mission sur la rédaction de propositions de projets et de rapports, à la fois pour le siège et pour les donneurs. C’est aussi un travail de représentation en assistant à des réunions pour se coordonner avec tous les acteurs : le ministère de la santé, les autres partenaires, les ONG internationales ou locales, les Nations unies présentes sur différentes thématiques grâce à plusieurs de leurs agences.

 

Je travaille aussi sur la vie interne de la mission, c’est-à-dire la communication entre les différents départements. Je planifie les réunions pour toutes les équipes, en étant en contact avec les coordinateurs, qui eux relaient l’information à leurs équipes. Et depuis peu, j’appuie aussi le travail des activités communautaires, qui représentent le deuxième axe de Médecins du Monde au Liberia.

 

Là, on travaille directement sur la thématique Ebola. On soutient le ministère de la santé avec notre équipe de travailleurs communautaires qui managent des volontaires gouvernementaux. Ils sensibilisent sur Ebola en faisant du porte-à-porte dans les communautés. On essaye aussi de mettre en place des points stratégiques de distribution d’eau chlorée.

 

Y a-t-il des parties de ton travail auxquelles tu ne t’attendais pas ?

 

Quand je suis arrivée, nous en étions au lancement de la mission et des postes clés n’étaient pas encore comblés. Donc je suis sortie de mes responsabilités pour en couvrir d’autres. Une situation assez classique sur le terrain mais qui, en première mission, a demandé de prendre du recul pour ne pas stresser.

 

Était-ce nécessaire pour toi de partir sur le terrain ?

 

Après un stage et un premier poste en siège, j’ai senti le besoin de partir sur le terrain pour mieux comprendre, pas simplement le sens, mais aussi la dimension concrète de ce que l’on fait. En ayant travaillé aux ressources humaines à Action Contre la Faim, j’étais en contact permanent avec les expatriés, y compris sur leurs debriefings de retour de mission. Ils me parlaient énormément de ce qu’ils avaient vécu et il y avaient des choses qui m’intriguaient, qui m’interrogeaient et d’autres auxquelles je ne pouvais pas répondre par méconnaissance du terrain.

 

Vu les circonstances sanitaires, comment t’es-tu préparée ? Quels types de questions t’es-tu posée ?

 

Quand j’ai vu l’annonce passer, je n’ai pas candidaté dans la minute, même si c’était exactement le type de poste que je recherchais. J’ai pris la nuit pour réfléchir, laisser décanter. Entre-temps j’ai lu pas mal de choses sur la crise au Liberia. J’ai pensé que, dans un contexte de crise sanitaire, il fallait que je connaisse la maladie, pour être sereine et pouvoir m’en protéger. Donc j’ai lu pas mal de documents faits par des ONG, dont Médecins du Monde et son site Ebola, expliquant les modes de transmission et de lutte contre ce virus.

 

 

La suite de l’entretien est disponible sur le site femmesinthecity.com

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