Maria – 43 ans, originaire du Honduras
En octobre 2015, Maria a été élue secrétaire de l’association MUjeres MIgrantes y Mexicanas en Acción contra la Violencia (MUMIMAV).
photo de Nadja Massun pour MdM
Maria vit à Tapachula depuis deux ans, dans une toute petite chambre indépendante, à l’intérieur d’un garage fermé. Ses 9 enfants sont restés au Honduras, elle s’inquiète beaucoup pour eux et voudrait les faire venir, surtout ses filles, le pays devient tellement dangereux. Là-bas, elle était femme au foyer, parent d’élève accomplie. Sa conscience politique l’avait déjà amenée à s’impliquer dans un « groupe de femmes pour les femmes » issu du mouvement des « forces du peuple » mais en 2013, elle est partie chercher du travail au Mexique, d’un commun accord avec son mari. Son métier à lui, routier, devenait trop risqué à cause des attaques qui se multiplient avec la crise économique. De son côté elle s’était mise à laver des voitures, mais à eux deux ils n’arrivaient plus à nourrir la famille.
Arrivée dans le Chiapas, Maria a travaillé dans plusieurs bars. Elle n’était pas rassurée, il y a tant de femmes qui meurent en rentrant au petit matin… Elle s’arrangeait pour ne jamais être seule. Son mari n’a finalement pas supporté son absence et lui a fait subir un chantage à l’enlèvement des enfants pour qu’elle revienne. Prise de panique, Maria est retournée au Honduras, où elle a vécu deux mois d’enfer avec cet homme devenu violent. Elle a dû repartir au Mexique, en cachette cette fois-ci.
Maria a connu MdM lors d’un atelier dans un bar où elle servait. Une amie lui a conseillé les formations proposées par l’association, dans ses locaux. Moyennement tentée, elle a accepté de l’accompagner et « ça a été le déclic ». Elle y est retournée pour suivre les formations sur les droits des femmes et sur la transmission des maladies sexuelles. Elle a également appris les techniques journalistiques de recueil et de restitution du témoignage des femmes en respectant leur confidentialité pour ne pas les mettre en danger.
De fil en aiguille, cette passionnée de couture est devenue une promotrice de santé engagée. Elle participe activement aux ateliers dans la rue et dans les bars où elle distribue des préservatifs et des lubrifiants aux serveuses, danseuses et travailleuses du sexe. Elle y propose, explique et pratique les tests de dépistage rapide du sida et de la syphilis. Récemment, elle s’est particulièrement investie dans une campagne de promotion des frottis… Elle qui n’en avait pas fait depuis plus de 10 ans !
Grâce à MdM, elle bénéficie d’un visa temporaire et cherche un nouveau travail, idéalement dans un atelier de couture (son rêve) ou dans un magasin, mais le marché de l’emploi est rude pour les centraméricains ici. Sa nouvelle fonction de secrétaire de l’association va lui demander « beaucoup de rigueur et de ponctualité », elle est heureuse de s’y investir totalement et de voir son avenir sous des jours meilleurs de femme indépendante.