Ma première AG

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Ca y est. Enfin. Je viens de recevoir ma première convocation pour l’AG de Médecins du Monde qui se déroulera les 8 et 9 Juin prochain à Paris. Pour être honnête, je ne sais pas trop ce qu’il s’y passe de différent par rapport aux autres associations. Mais le C.A et le bureau d’une ONG internationale n’ont pas grand chose en commun avec ceux des petites associations sportives ou culturelles locales que j’ai côtoyé dans mon enfance. Là, il s’agit de Médecins du Monde. J’ai d’ailleurs hâte de voir à quoi ressemblent les locaux. Dans le grand hall, je reconnais plusieurs visages dont ceux des représentants de la délégation nantaise que je suis ravie de retrouver. Alors que je me balade dans le grand hall, l’air admiratif et le regard levé vers les très nombreuses affiches militantes accrochées en hauteur, une dame me propose une glace-merci- une autre un café- merci merci-quel accueil !

Car c’est cela MdM, l’accueil inconditionnel pour et par des gens de tous horizons, d’origine multiple et porteurs d’un fort militantisme.

Déjà, il faut rejoindre la salle de réunion. Pas une fenêtre, en moyenne 36,5°C mais faite de telle façon qu’où que l’on soit, on ait vue sur l’estrade centrale.

Les prises de parole s’enchaînent pour le bilan moral, et si je suis séduite par celle du Dr De Botton (très théorique puisque en rapport avec la finance mais restant très humble), je suis comme à chaque fois bouleversée par celle de Françoise Sivignon. Toujours juste, elle aborde la notion « d’infrahumanité » qu’elle dénonce si bien, et rappelle les valeurs morales de MdM ainsi que les objectifs pour les années difficiles à venir : « solidarité », « humilité », « déconstruction des préjugés » en insistant sur « le respect des personnes sans discrimination » qu’elle décrit à juste titre comme étant le pivot de la politique de MdM. Et dire que la première fois que je l’ai entendu débattre de telles idées, c’était au micro de France inter, en avalant mon petit déjeuner… C’est une réelle chance de pouvoir faire partie de ce monde à présent.

De son discours comme de celui des autres intervenants, ressortirons plusieurs idées piliers : la parité bien sûr avec la notion de « Droits Humains » et non plus de l’Homme, mais aussi la révolution participative avec l’approche collaborative. Beaucoup aborderont le recul des droits fondamentaux, en France et dans le monde, idée qui rejoint celle d’infrahumanité, systématiquement délétère pour qui la subit.

Parce qu’il fait une chaleur écrasante et qu’il n’y a malheureusement pas assez de sièges, on se relaye et on sort facilement faire une petite pause, pour payer sa cotisation, prendre le soleil ou partager un café. J’en profite pour feuilleter le rapport moral. J’y apprends quantité de chose, notamment sur les missions internationales, que je connais peu, et constate en même temps l’épidémie de déshumanisation qui opère dans le monde, et avec elle tant de vulnérabilité. Des chiffres clés m’interpellent : 171 635 personnes sont arrivées en Europe via la Méditerranée en 2017, versus 353 000 en 2016 et 972 000 en 2015, reflet de la fermeture des frontières… On estime à 14 000 le nombre de MNA (mineurs non accompagnés) sur le territoire français en 2017, sachant qu’en 2016, un réfugié sur 3 était un enfant. Alors heureusement que Médecins du Monde est là, avec ses 373 programmes dans 75 pays.

Je constate également que beaucoup de membres du conseil d’administration sont des médecins. Qu’il existe des gros donateurs indépendants. Je me demande qui ils sont, que font-ils. Et je relève la tête vers les affiches toujours aussi criantes de précarité.

Alors que la journée se finit calmement, que l’on débat sur le déménagement, il faut déjà se décider : où va-t-on oublier la misère ? Les barrières des frontières ? Déverser sa colère contre les gouvernements et leurs alliés ? Que ce soit devant une bière au soleil à la Terrasse ou dans l’ombre d’une ruelle devant une bonne pizza, on converse, on échange, qu’on soit bénévole ou salarié, sur une mission France ou aux urgences, on est tous d’accord, du même bord, à défendre nos valeurs communes.

Le lendemain, après un débat très animé sur la réforme des statuts, arrive le moment du vote. Chacun y va de ses pronostics. Pour moi dont l’expérience à MdM est toute nouvelle, c’est facile de ne connaître personne, aucun des candidats ne viendra me demander si j’ai voté pour lui, et en même temps c’est difficile de faire un choix… Alors je questionne autour de moi mais surtout j’écoute ce que chacun a à dire, leur flegme, leur énergie et leur engagement me fascinent. Les auteurs de ces quelques punchlines se reconnaîtront :

« Tout doit partir du terrain »

« MdM est un être vivant »

« Il faut passer de l’indignation individuelle à l’action collective, […] à la désobéissance civile »

Tous, un par un, qu’ils finissent par être élu ou non, répondent à mes questions existentielles d’adhérente et de citoyenne puérile, inexpérimentée.

Il me faudrait des journées de 36h et des années de 600 jours pour faire ce qu’ils font.

Ce que m’a apporté MdM durant ces 2 jours, c’est tout simplement du rêve. Celui de voir mon utopie de solidarité devenir réalité. Comme l’a si bien dit O. Wilde, « aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas. »

Alors pour tout cela, merci Médecins du Monde, je re-signe sans hésiter pour l’année prochaine.

1 COMMENTAIRE

  1. … et à la 20° AG, c’est toujours pareil… ( y compris la chaleur/humaine mais pas que… le réchauffement s’y perçoit, et
    le nombre d’assistants/participants ne fait qu’augmenter…)
    Il me revient la réflexion d’un “auditeur libre” il y a pas mal d’années, exprimant son ravissement “je vais à beaucoup d’AG, mais c’est tout de même à MdM que c’est le plus chaud”…
    Toujours la chaleur !

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