Chers amis,
J’aurais préféré pouvoir vous dire de vive voix ce qui va suivre mais ayant accepté depuis plusieurs mois d’être témoin de mariage le 4 juin, une date inhabituellement tardive pour notre Assemblée Générale, il ne me sera donc pas possible d’y assister, pour la première fois sans doute depuis la fondation de Médecins du Monde.
Plus que jamais je ressens l’urgence de vous alerter sur ce que nous sommes nombreux à percevoir comme une grave dérive, en totale contradiction avec notre histoire tout autant qu’avec la lettre sinon l’esprit de notre récent projet associatif. Certains penseront que nous exagérons. Qu’ils ouvrent alors leurs yeux et leurs oreilles pour se persuader du contraire. Comment ne pas percevoir en effet cette lente et inexorable extinction de notre vie associative ?
Que penser de ces missions supprimées sans concertation et sans information préalable de leurs responsables, aux termes de décisions dont on cherche vainement les commanditaires, tant au sein du conseil d’administration que de nos directeurs, dont les acteurs eux-mêmes ne sont que partiellement tenus informés ? Comment s’étonner dès lors de cette vague de découragements voire de démissions et de départs, chez les bénévoles mais aussi chez les salariés, ou que dire de ce Collège qui ne trouve même plus des candidats pour se renouveler ?
Ce qui faisait jusqu’à présent la richesse et l’originalité de notre association, cette amicale et fraternelle collaboration entre bénévoles et salariés tous unis dans un même militantisme, autour d’une réelle pensée politique, est en train de disparaître insensiblement, laminé par une dérive institutionnelle desséchante qui avance imperturbablement sans se soucier de ce qu’elle détruit sur son passage.
À l’heure où l’essentiel de la communication se fait par informatique, à coups d’e-mail et de circulaires administratives, nous tendons à oublier de nous parler, de réfléchir et d’échanger entre amis. Vivons-nous les derniers jours de notre vie associative, comme le suggère cet ancien responsable de MdM ? Certes il est des problèmes beaucoup plus graves de par le monde mais le regard que nous portons sur eux dépend plus que jamais de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être. Bien sûr le contexte planétaire nous impose de nous adapter mais convient-il pour autant de renier ce qui a fait jusqu’ici notre dynamisme et notre créativité, sans même parler de notre plaisir d’être ensemble ? À défaut d’apporter des réponses immédiates à ces questions, efforçons-nous au moins de nous les poser avant qu’il ne soit trop tard…
Je vous souhaite à tous une bonne et fructueuse Assemblée Générale.
En toute amitié.
Bernard