Le samedi 21 mai dernier, le Collectif Solidarité Roms (CSR) en collaboration avec la Mission Européens en Précarité (MEP) de Mdm, et des habitants vivant en bidonville ont organisé un événement festif à la Chapelle (lieu culturel et associatif qui programme divers événements). Cette journée avait pour but de permettre aux habitants des terrains de se rencontrer et d’avoir un espace de parole pour mettre en exergue les conditions de vie en bidonville. Au programme, court métrage, débats, témoignages, musique des Balkans, danses, ateliers cuisine et initiation à la langue roumaine, romani et bulgare.
La mission MEP (migrants européens en précarité) s’adresse à des personnes originaires d’Europe de l’Est souvent issues de la communauté des Roms et vivant en bidonvilles ou squats au sein de l’agglomération toulousaine.
Pour retracer cette journée, interview de Cornel, un jeune qui a participé à l’organisation de l’événement et qui a réalisé une exposition de photos pour montrer sa vie en caravane, sur un des bidonvilles de Toulouse.
Pourquoi as-tu eu envie de faire partie de l’équipe de l’organisation pour la Chapelle ?
Pour rencontrer du monde, voir comment ça se passe. C’était une première à Toulouse de faire rencontrer des roumains de tous les camps et d’être ensemble pour discuter. Je voulais voir aussi comment les roumains se sentent ensemble.
Comment t’es-tu senti impliqué dans cette organisation et comment as-tu pu participer à la création de l’événement de la Chapelle ?
J’avais envie de faire quelque chose pour les roumains. Je me disais que ce serait bien de prendre quelques photos pour montrer les caravanes et les roumains sur Toulouse.
On a beaucoup bossé et pris beaucoup de temps pour tout organiser. On a formé ensemble une équipe pendant trois semaines. C’était un peu chaud mais on s’en est bien sortis. Si on le refait une prochaine fois, ça sera super bien.
Pendant la journée, je tournais dans la salle pour voir comment ça se passait. J’ai présenté mon exposition au micro devant les gens.
Si tu devais présenter un peu la journée, comment s’est-elle déroulée, quels étaient les moments phares ?
Il a fallu aller chercher les gens sur les camps parce qu’il y a des roumains qui ne savaient pas du tout où était la Chapelle. Quand on est arrivé à la Chapelle, il y avait tout le monde qui revenait après s’être promenés sur les terrains et d’autres qui faisaient un peu tout : aider, mettre les tables, les chaises tout ça.
Il y aussi des roumains qui nous ont aidés pour la cuisine, ils avaient amené des choses à partager. D’autres aussi qui avaient envie de chanter avec nous.
Il y a eu un film sur la Roumanie, c’est Christian qui l’a fait. Il était parti en Roumanie pour filmer des gens qu’il avait rencontré à Toulouse, ou leurs familles, et voir comment ils habitent là-bas, comment ça se passe en Roumanie. Je pense que le film était bien, un moment calme, tout le monde s’est assis pour le film, pour le regarder et bien le comprendre, même les français. A la base les français ne comprennent pas le roumain. Pendant le débat, il y avait du monde aussi, les roumains ont pris la parole pour dire comment ça se passe en France, je pense que c’était bien. Des personnes aussi de Melting Potes sont venues pour parler des missions de Service Civique à Unis-Cité de Toulouse. Certains ne connaissaient pas Melting Potes et maintenant sont motivés participer aussi.
Si tu devais parler du moment qui t’a le plus marqué pendant l’événement ?
La chose la plus importante pour moi était que les gens se sentaient bien, ils avaient envie de faire plein de choses avec nous. La musique aussi m’a plu, les gens avaient envie de mettre une bonne ambiance. Ils avaient envie de partager.
Si cela devait se refaire l’année prochaine, qu’est-ce que tu garderais ou qu’est-ce que tu améliorerais ?
Ce serait bien qu’il y ait un deuxième spectacle mais il faut avoir du monde motivé pour préparer en avance, il faut discuter, il faut avoir une équipe. Moi je suis motivé pour le faire une deuxième, même une troisième fois si c’est possible. Mais il faut attendre de voir si les gens en ont envie aussi. On a besoin aussi d’une équipe derrière nous qui nous soutienne.
S’il y a une prochaine fois, j’aimerais bien prendre de nouvelles photos pour mon exposition. Cette fois-ci, prendre des photos avec les familles dans les caravanes pour le faire ensemble.
Ce qui serait bien de garder pour la prochaine fois, c’est l’atelier de cours de roumain, français et romani. J’aimerais bien organiser cet atelier et faire les cours de langue roumaine/française. L’atelier cuisine on peut le garder aussi mais plutôt en prenant la cuisine de la Roumanie.
Propos recueillis par Lucile Martinez
Paru dans Lettre et débats N50 juin 2016