L’assemblée générale : moment de reconnexion entre les adhérents et le terrain, la France et l’international

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La Boussole : Quels sont les enjeux de l’AG?

 

R.M. L’AG est le moment dans l’année où l’on peut rencontrer les équipes terrains. On n’a malheureusement que trop peu l’occasion d’échanger, de se parler. Ce moment est très important pour nous.
Il n’influe en revanche pas sur les prises de décision du groupe car la réflexion a plutôt lieu tout au long de l’année, bien sûr en lien avec les équipes terrain.

 

Durant toute la durée de mon salariat à MdM, je n’ai jamais pu assister aux JDM, ni aux AG, car la situation était instable dans le pays, il fallait donc que j’y reste pour effectuer un travail de veille. Seule la coordinatrice générale y allait. En tant que RM en revanche, j’ai assisté à toutes les AG. Les premiers temps, je ne m’y retrouvais pas car les questions posées étaient si nombreuses et vastes, que j’avais le sentiment de ne pas être à ma place. Ce n’est plus le cas dorénavant. Je me sens bien plus à l’aise. Sans doute parce que l’association a évolué, et que je me sens plus légitime en tant que co-responsable de groupe pour prendre la parole. Avant, (de devenir co-responsable de groupe), j’avais des doutes sur le fait que ma parole soit entendue. Ils se sont totalement dissipés aujourd’hui.

 

P.M. L’AG est tout d’abord un moment statutaire obligatoire, un acte juridique formel, et incontournable; c’est également un moment de retrouvailles, un moment fédérateur, de reconnexion avec les acteurs terrains, à l’International et en France; pour les adhérents, l’AG est un moment de restitution de l’année écoulée.

L’Assemblée générale se veut être un espace de libre parole. Il devrait être celui du débat, mais le format de l’exercice – très formel – ne s’y prête pas. D’autant qu’après l’AG houleuse de 2003, on a eu à cœur d’éviter les conflits…
La semaine qui précède en revanche, permet d’échanger davantage. Les motions présentées en AG, ainsi que les forums organisés encouragent les focus sur des points de débat en particulier.
L’autre facteur explicatif important de cette absence globale de discussion – non des moindres- réside dans le glissement sociologique auquel on assiste, tout au long de la semaine: les coordinateurs internationaux hyper présents lors des JDM, sont partis le jour de l’AG, alors que les acteurs du secteur France, deviennent majoritaires. L’exercice est donc (partiellement) tronqué.

 

La Boussole : En cette période de refonte du projet associatif, quel modèle selon vous serait le plus pertinent pour permettre à MdM de répondre à ses missions sociales?

 

R.M. Au dernier groupe MO, nous avons travaillé cette question… Mais aujourd’hui, je n’arrive pas à mesurer l’ampleur et l’impact de ce travail, et surtout, comment prendre en compte l’avis de tous.
Cette refonte est cependant très importante. Si l’on adhère (au sens large, pas seulement en tant qu’adhérent), c’est parce que l’on est en phase avec les valeurs et que l’on a envie de les porter. Il nous faut donc trouver un modèle de gouvernance le permettant davantage.

 

P.M. Aujourd’hui, les trois quart de nos projets sont développés à l’international, alors que la majorité des recrutements (bénévoles et adhérents) se trouve sur le secteur France. En 1986, on avait sur l’international une prépondérance budgétaire, ainsi que des acteurs. A présent, alors que les volumes budgétaires alloués aux missions internationales restent majoritaires, le nombre d’acteurs est en diminution. Ainsi lors de l’AG, les acteurs France se prononcent sur l’international, sans nécessairement avoir la double culture. Cela pose donc la question de la perception, de la représentativité de l’association. Ce découplage entre la sociologie des acteurs et les missions est une profonde préoccupation.

Quel nouveau modèle associatif? Je n’ai pas de solution toute faite. C’est à la nouvelle génération de l’imaginer, en lien avec les évolutions de la sociologie de l’organisation que j’évoque plus haut. Mais le futur projet associatif ne pourra pas n’être que cosmétique sur la gouvernance, il devra tenir compte et surtout réguler la composition nouvelle des adhérents, la place des salariés, le droit de vote récemment conféré aux acteurs nationaux de nos projets à l’étranger… C’est une régulation qui va être fortement consommatrice d’énergie, un vaste chantier, dont les adhérents sont les sujets principaux. Il nous faudra veiller à ce que toute cette énergie, tournée vers nous même, ne nous détourne pas des enjeux immenses du terrain, en France comme à l’international.

Il faudra peut-être, mais ce n’est qu’un des aspects, en venir à former différents collèges électoraux, tant l’association est devenue multiple et asymétrique dans sa composition.

 

La Boussole : Lisez-vous le rapport moral?

 

R.M. Je le feuillette et ne regarde que les thématiques qui m’intéressent: France, Moyen Orient et thématique “migrants”!

 

P.M. Non, plus depuis que je ne suis plus président !

 

Propos recueillis par Charline Ferrand

 

Reem Mansour

Coordinatrice médical au Liban en 2006 sur un programme d’accès aux soins et droits des migrants dans les prisons libanaises, Responsable de Mission (RM) Liban depuis 2010, Reem a toujours participé aux groupes géopolitiques, avant de devenir co-responsable du groupe Moyen Orient (MO), en février 2013. C’est en tant que RM, qu’elle a assisté à sa première Assemblée Générale, en 2010.

 

Pierre Micheletti

Volontaire au Guatemala en 1986, puis RM jusqu’en 1992 (adhérent depuis 1989); directeur des missions internationales de 1996 à 2000; trésorier adjoint de MdM France de 2003 à 2006; président de MdM France de 2006 à 2009; délégué de la région Rhône Alpes en 2010; en charge aujourd’hui du dossier sur la réforme des études (visant à obtenir, en plus des Diplômes Universitaires, que la question des inégalités sociales de santé fasse dorénavant partie du cursus obligatoire de la formation des étudiants en médecine; une première avancée à été obtenue en janvier 2014, au travers d’une circulaire imposant cette thématique comme l’une des 4 priorités du 2nd cycle à partir de l’année prochaine), des diplômes universitaires “santé-solidarité-précarité” et RM Inde, Pierre Micheletti a observé et vécu depuis maintenant bientôt 30 ans, à des titres divers, de nombreuses AG.

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