Sommaire :
édito
On en parle (podcast)
Brèves engagées
Rencontres avec 11 bénévoles (vidéos)
Le mot du CA : Je suis bénévole, je suis volontaire… Roberto Bianco Levrin, secrétaire général
On se remue les méninges : mots croisés
édito
“Je m’appelle Fatima, j’en ai un peu marre d’entendre tout le temps les gens se plaindre sans rien faire, que ça va mal qu’il faudrait tout changer… je suis passé devant un bâtiment avec une grande enseigne “Médecins du Monde”. Il y avait plein d’affiches sur le droit à la santé, des indications, d’adresses pour se loger, se nourrir. Je suis entré, j’ai vu quelqu’un qui m’a donné quelques explications, il n’y a pas besoin d’être forcément médecin, y en a bien sûr, mais ça m’a interrogée…et je crois que j’aimerais bien être bénévole.”
Et voilà Fatima qui fait le pas. Elle est reçue comme d’autres candidats.es dans le cadre d’une réunion de présentation aux nouveaux bénévoles. Le parcours et les interrogations s’ouvrent à elle.
Bénévole le grand mot est lâché. “Je le décide en toute liberté, personne ne m’y oblige et je le fais gracieusement”. Que précise le discours d’accueil ? La communauté de MDM, sa philosophie, sa structuration, la délégation et ses programmes, le plaidoyer, le rôle et les possibilités d’évolution du Bénévole. Une petite phrase interpelle ” que vous soyez présents.es 1 h ou 10h, voire plus c’est pareil, ce qui compte c’est votre engagement, c’est à dire que vous respectiez les temps où l’on peut compter sur vous”.
Quelques années plus tard Fatima est toujours bénévole, et elle se sent engagée et militante. Elle pourrait prendre des responsabilités au sein de l’association.
Être bénévole pour une cause c’est une façon de construire de l’identité, de créer des liens, de défendre une éthique, de se faire du bien et de faire du bien dans le cadre d’un collectif. Tout cela constitue le socle de l’engagement. Pour qu’une personne puisse s’engager en toute conscience il faut qu’il y ait un cadre permettant d’accompagner cet engagement.
Alors concrètement dans la pratique quotidienne le cadre du bénévole c’est quoi ?
Le temps : Y a-t-il un temps minimum qui légitimerait l’engagement ?
La qualité : Consacrer du temps ne garantit pas de la qualité de ce que l’on fait pendant ce temps.
Les obligations : Pour avoir sa place dans la communauté faudrait-il respecter certaines obligations comme participer à des programmes de formation, à des réunions régulières, à des temps d’évaluation par exemple ?
La militance : faudrait-il être capable de représenter MdM dans des actions collectives, dans des manifestations, dans des plaidoyers ?
Travailler avec un cadre bien défini, même s’il semble un peu contraignant favorise-t-il l’engagement ?
Bénévole, un qualificatif qui ouvre l’horizon de concepts multiples : engagement, militance, éthique, identité …Bénévole une façon d’être qui s’inscrit dans un cadre construit par le temps consacré, la qualité avec laquelle les fonctions sont exercées, les obligations assumées et respectées, les relations créées avec les “collègues” et les personnes accompagnées.
Fiers.es d’être bénévoles !
On en parle
Des acteurs de la délégation se retrouvent autour d’un micro pour aborder l’engagement bénévole
Brèves engagées
Programme Réduction des risques auprès des travailleurs.euses du sexe
Le suivi téléphonique réalisé par les bénévoles du programme auprès des TDS pendant les confinements a permis de faire remonter auprès des autorités des difficultés notamment en matière d’accès à l’aide alimentaire et d’obtenir des Chèques Service. Le bilan réalisé a également déclenché une réunion avec la Préfecture en présence d’une TDS et de membres du collège régional.
Programme Soins pour tous
Depuis octobre 2020 MdM se mobilise contre la réforme du Plan départemental pour le logement et l’hébergemement des personnes défavorisées en Seine Maritime qui remet en cause l’inconditionnalité de l’accès aux centres d’hébergement d’urgence et d’insertion alors que les bénévoles constatent une aggravation de l’état de santé des personnes à la rue.
Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation (CASO)
La crise sanitaire a amené les bénévoles du CASO à développer le rappel téléphonique des patients pour s’assurer notamment que les dossiers d’inscription à l’Aide Médicale d’Etat soient bien ouverts. Outre le déblocage de situations individuelles, ce travail a permis de faire remonter des dysfonctionnement à l’échelle nationale pour mener un plaidoyer avec d’autres délégations MdM.
Programme Mineurs Non Accompagnés
En juin, plusieurs bénévoles ont participé à des rencontres avec des candidats aux élections départementales pour leur demander de prendre des engagements concrets en matière d’accueil et de respect des droits des jeunes et plus généralement des personnes précarisées
Rencontres
Qui sont les personnes qui s’engagent au sein de médecins du monde? Pourquoi ont – ils choisi cette voie et particulièrement ce domaine d’action?
Antonio, Aurore, Cécilia, Christine, Corinne, Fabien, Farah, Lucille, Lisa, Mireille et Tony partagent leurs parcours au sein de MdM Normandie
Le mot du CA : Je suis bénévole, je suis volontaire
J’adhère à des valeurs humaines, à des combats sociaux, sans violence et sans arme.
Je lutte pour des causes existentielles, fondamentales et ordinaires, dans lesquelles je m’inscris avec d’autres personnes bénévoles, engagées dans des coalitions de causes communes.
Pour un bien-être collectif, une santé globale, pour le respect du vivant.
La tâche est immense et je suis une personne seule, avec ses incompétences et ses compétences. Si je sais partiellement ce qui me motive et m’engage, je sais aussi que d’autres personnes, d’autres collectifs détiennent les savoir-être, les savoir-faire et les savoir-vivre que je ne connais pas ou peu.
C’est ainsi que j’ai pu faire l’expérience des limites (les miennes, celles des autres), c’est ainsi que j’en ai appris et éprouvé le sens.
Ma grand-mère, me disait que l’on pouvait aider l’autre jusque-là (elle me désignait le bout de ses doigts), et ajoutait « au-delà de cette limite tu dois savoir que tu prends un risque pour toi, mais aussi pour l’autre… ».
Être bénévole c’est prendre le risque de l’engagement réciproque et de le réduire au plus, pour cela nous devenons des « bridge maker » attentives/attentifs (des bâtisseuses/des bâtisseurs de ponts).
Bâtir des passerelles à partir de rives séparées par les abîmes profonds creusées et voulues par les politiques socio-économiques néolibérales contemporaines.
Alors, je ne suis plus seule/seul, toutes les énergies, toutes les connaissances professionnelles et expérientielles sont autant de possibilités d’imaginer, de concevoir, de co-construire, d’expérimenter avec l’autre et enfin de valider pour transmettre le plus possible cette énergie créatrice aux réseaux humains, vivants, résistants et animés (avec une âme).
Être bénévole, c’est aussi accepter la liberté d’être de l’autre et la sienne, c’est imaginer et éprouver ensemble des alternatives au « pouvoir pour le pouvoir », au « pouvoir dominant et économique », non pas dans une stricte dualité, mais dans une volonté réalisable et apaisée de « pouvoir être et de pouvoir faire ».
J’accepte de m’inscrire dans ces « corps et mouvements sociaux » incarnés et vivants.
Pour lutter contre l’hydre du profit indécent, contre l’effroyable machine mortifère à transformer le vivant en ressources exploitables (ressources humaines, ressources naturelles ?).
Contre cette société capitaliste du mépris, qui précarise celles et ceux qu’elle exclue et surveille pour ensuite mieux les sanctionner au gré de lois (de plus en plus nombreuses et sévères) qui ont la volonté de transformer l’autre en objet.
Le pire n’est pas irréversible et le combattre est une source de rassemblement et de partage, qui permet de s’inscrire dans sa propre trajectoire de vie, mais aussi dans une lutte commune.
Il y a dans le bénévolat un engagement physique, intellectuel, philosophique et politique.
Mais en premier lieu, il y a une intelligence émotionnelle collective forte et diffuse.
Il y a cette énergie créatrice sensible et forte à la fois, que nous respirons ensemble.
Il y a la proximité avec l’autre, ses convictions, ses utopies, ses rêves d’arrêter d’être une proie et une cible (un public cible ?) et de pouvoir poser enfin son sac et son histoire sereinement.
La richesse, ce n’est pas d’avoir plus, c’est avoir besoin de moins et de l’offrir sans en attendre autre chose que le bien-être partagé.
Le bénévolat, je le ressens comme une source claire, fraîche et inépuisable d’altérité, de reconnaissance, de réciprocité et d’acceptation de l’autre, de son histoire.
L’Autre comme une planète, un monde singulier, avec lequel/laquelle je partage ce qui fait de moi une planète et un monde aussi.
Suis-je capable d’amour inconditionnel ?
Je reçois et je donne, comme j’inspire et j’expire ce qui est le moteur de nos vies dans ce monde instable et réconfortant.
Je suis bénévole, je suis volontaire.
Parce que je le veux bien !
Roberto Bianco Levrin
Secrétaire général