CASO de Bordeaux – Photo par Constance Decorde
Edito | Hommage aux bénévoles de Médecins du Monde
Et si nous rendions hommage aux bénévoles, à celles et ceux qui s’engagent, souvent, au terme d’un parcours professionnel de longue haleine pour faire bénéficier de leurs connaissances et de leur expérience les plus démunis. Rendant visite à l’antenne de Médecins du Monde à Bordeaux, à l’un de ces Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation, ces CASO qui, dans leur intitulé même, délimitent la nature et le champ de l’action de l’organisation humanitaire, l’envie nous est venue de tirer un coup de chapeau à ces personnes rencontrées et lumineuses qui donnent de leur temps pour tendre la main à la misère du monde. Et, singulièrement en ces jours où les migrants rescapés d’une Méditerranée, devenue un tombeau, arrivent chez nous aussi au terme de périples improbables. Et, parfois même largués sur le quai de la gare Saint-Jean par l’un des membres de ces filières de passeurs, comme ce fût le cas récemment pour une jeune camerounaise accueillie au CASO, dans une situation de grande détresse.
Ils sont entre autres psychologues, psychiatres, médecins, infirmiers, quelques 200 bénévoles aux côtés de sept salariés au sein de la délégation régionale d’Aquitaine qui est également présente à Pau et Bayonne. Une organisation dont l’engagement doit être entendu, non pas comme devant se substituer à l’Etat mais, au contraire, tout en pointant les entraves à l’accès aux soins, les atteintes à la dignité de l’homme, comme ayant l’ambition de jouer le rôle de passerelle vers le “droit commun”. A sa tête une jeune femme, rayonnante et fraternelle, Aude Saldana-Cazenave donne le la avec l’exigence de ceux qui en ont déjà beaucoup vu et veulent faire le bien. Douze ans dans des situations de médecine d’urgence sur tous les théâtres de conflit, du Darfour à l’Afghanistan, ont sans doute forgé en elle cette détermination, qu’on lui devine, à rechercher l’efficacité. Car ce n’est pas rien, même si ce n’est pas su, que d’accueillir quelques 2100 personnes comme ce fût le cas en 2014. Des gens démunis, sans soins ni couverture sociale, avec lesquels il va falloir entrer en dialogue par le truchement d’interprètes, informer de leurs droits et orienter. Des migrants dont l’origine se répartit pratiquement par tiers entre ceux qui arrivent d’Europe de l’Est, Bulgares les plus nombreux et depuis peu Ukrainiens ou Géorgiens, ceux du Maghreb, Algériens, Tunisiens, Marocains et ceux qui arrivent de l’Afrique subsaharienne, Nigérians, Congolais, Camerounais… Sont-ils demandeurs d’asile? Sont-ils sans papiers? Il faut les conseiller, les aider à constituer un dossier et, à tout le moins, les suivre jusqu’à avoir la certitude qu’ils peuvent obtenir l’AME, l’aide médicale d’Etat, qu’il ont eu accès à la CMU s’ils ont un titre de séjour, la Couverture maladie universelle. Médecins du Monde “soigne et témoigne” au service de la condition humaine. Ici, près de chez nous, et l’on quitte leur centre, admiratif devant ce désir de servir que l’on ressent en chacun.
Joël Aubert, directeur de la publication AQUI !
Cliquer ici pour lire l’article sur le site de AQUI!