La liberté a un prix. Eux, ils ont payé le plus lourd, celui de leur vie. Comme d’autres avant eux, et malheureusement, comme d’autres à l’avenir.
La question est: et nous? Que fait-on nous chaque jour, au quotidien pour la défendre, cette liberté? Le constat est affligeant. La seule chose que nous défendons (et encore, avec bien peu d’énergie), est notre petit pré carré, notre confort quotidien. Eux, ils sont morts pour nous empêcher de nous endormir.
Et demain? Je crains que l’émotion collective s’évade aussi vite qu’elle est venue. Je ne crois pas notre société – faite de déni, de lâchetés ordinaires, d’aveuglement et d’agendas politiques calqués uniquement sur des intérêts personnels – capable de transformer cette émotion en véritable “pouvoir d’agir”.
Donc non, décidément non il est hors de question que quiconque me prive du bien le plus précieux que, née dans un pays libre, j’ai la chance de posséder. Mais pas seulement pour moi: l’espèce de boule de colère que j’ai dans le ventre depuis, depuis…je ne cesserai de la transformer en combats. Aussi petits soient-ils. L’engagement prend davantage de sens ce matin. Chacun de nous doit se sentir concerné. Chacun de nous doit veiller, être en alerte contre l’intolérance, l’étroitesse d’esprit, le racisme, la manipulation politique.
Aujourd’hui j’aimerais être à Paris, à MdM. Car c’est le seul endroit où je ne me suis jamais sentie autant portée par ses idéaux, ses utopies; et surtout par des militants qui se battent pour une cause qu’ils estiment juste.
Triste journée donc.
Je me sens blessée. Et coupable; coupable de perdre de vue trop souvent mes fondamentaux; et coupable aussi de ne pas m’indigner autant lorsqu’au Pakistan (pour ne citer que cet exemple) il y a quelques semaines, on tuait froidement des dizaines d’écoliers: les enjeux, la douleur et la colère sont les mêmes.
