Françoise Sivignon, femme de combats à Médecins du monde

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«  Accompagner le changement social, faire changer les normes et les pratiques. » Françoise Sivignon ne manque ni de vision ni d’ambition pour Médecins du monde, qu’elle préside depuis début juin. Les domaines d’intervention de l’ONG sont nombreux en France comme à l’étranger, parmi lesquels l’accès aux soins, la prostitution, le mal-logement. Sans oublier le sujet brûlant de l’accueil des migrants, alors que plus de 100.000 personnes sont arrivées en Europe via la Méditerranée au cours des six derniers mois, et que les politiques migratoires sont « de plus en plus restrictives et répressives» sur le Vieux Continent.

L’Autre est depuis bien longtemps au coeur des préoccupations de Françoise Sivignon, née en 1956. Etudiante en médecine, cette petite-fille de mineur, fille de chirurgien, choisit de faire ses stages en banlieue, où, pense-t-elle alors, (( il Y a plus à faire» qu’à Paris. A l’hôpital de Mantes-la-Jolie ou de SaintDenis, elle vit (( des moments de grande émotion et en même temps de grande responsabilité ». (( J’ai été plus marquée par des patients que par des patrons », lâche-t-elle cash, évoquant à demi-mot des femmes traitées pour anorexie, d’autres venues accoucher …

Autre période clef pour Françoise Sivignon, entre-temps devenue radiologue: les « années sida », à partir du milieu de la décennie 1980. Aux côtés de Willy Rozenbaum, l’un des codécouvreurs du virus, elle lutte contre cette infection alors inconnue et dévastatrice. « On était vraiment happé par cette maladie », se souvient-elle. Dévoilant, avec pudeur: (( Ces combats-là, je m’y suis investie, engagée. Retrouvée, aussi. » Pierre-Marie Girard, patron du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Saint-Antoine (Paris) et qui travaillait avec elle à l’époque, affirme, admiratif: (( Peu de radiologues sont, comme elle, au lit du patient. » Elle, explique: (( On doit trouver les mots pour dire au malade: “Là, il Y a quelque chose dont il faut s’occuper”Insistant: « Chaque patient s’accapare ce qu’on lui dit comme il le peut. Mais le respecter, c’est lui donner l’information. )

 

Intelligence collective

Françoise Sivignon, qui n’a jamais laché son activité de radiologue – elle y consacre encore deux demi journées par semaine -, est aux côtés de Médecins du monde depuis 2002. Une maison qu’elle connaît donc bien, vue du siège parisien comme du terrain.

De ses missions à l’étranger (en Asie et Afrique, essentiellement), elle garde nombre de souvenirs marquants. Comme la Birmanie, aux côtés de prostituées et d’usagers de drogue, et le Pakistan, avec des femmes et des enfants soumis à des violences domestiques. Ou encore la Corée du Nord: « C’est un immense camp de travail. Là-bas, tout est gris. C’est comme on l’imagine … en pire. )

« Tenace » et déterminée, Françoise Sivignon veut ouvrir Médecins du monde à de nouveaux territoires, élargir ses champs d’intervention … «Convaincue de la valeur des autres, très à l’écoute, elle se forge son opinion aussi au travers des échanges avec eux, décrypte Nathalie Simonnot, directrice adjointe en charge du réseau international de l’ONG . Elle croit à l’intelligence collective. » Un atout, sans nul doute, face à l’ampleur de la tâche .

 

Par Marianne Bliman, Les Echos
@Marianne_Bliman

 

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