Si vous souhaitez partager
vos hommages, souvenirs et témoignages
sous forme de textes, de dessins, d’images, de vidéo,
envoyez les ici : laboussole@medecinsdumonde.net
Hommages et témoignages
J’ai le regret de vous faire part du décès de France Arrestat survenu le jeudi 28 janvier.
France a rejoint Médecins du Monde en 1981. Tour à tour, volontaire expatriée, responsable de mission, responsable de groupe, déléguée régionale, adhérente depuis 1987, France a enchanté de ses passions, de son engagement, de ses sourires, de ses rages politiques, de son enthousiasme toutes les rencontres et moments partagés.
France connaissait tout le monde ou presque. Nombreux sont ceux qui comme le Conseil d’Administration, s’associent aujourd’hui pour adresser à sa famille nos pensées les plus chaleureuses.
29 janvier 2021
Philippe de Botton, président de MdM France depuis 2018
C’est en grande partie grâce à France que je suis entrée à MdM et que j’y suis encore aujourd’hui.
Lorsqu’il y a 20 ans je partais pour la 1ère fois en mission comme coordinatrice avec MDM au Sud-Liban, elle en était la Responsable de Mission. Ensuite, nous avons passé le relais à notre partenaire AMEL d’un centre médico-social que nous avions réhabilité dans le sud, et nous avons été co-RM sur un autre beau projet, l’accès aux soins des migrants dans les prisons libanaises. Un peu plus tard encore, j’ai découvert à ses côtés la Palestine, puis la Syrie…
Au fil de ces différents projets s’est constituée une petite troupe qui- je le sais- s’associe par la pensée à ces quelques mots : Jean, Fyras, Hugo, Reem, Marie-Ange et bien d’autres encore. Ils sont nombreux ceux qui l’ont côtoyée et qui l’ont aimée. Je pense tout particulièrement aux compagnons d’Amel.
Je me souviens de nos déplacements au Liban, des journées chargées de rencontres, France arrivait avec son carnet débordant de contacts, elle voulait revoir tout le monde, sans exceptions, et du haut de mes 25 ans, je peinais à la suivre jusqu’au bout de la nuit.
Je me souviens de nos échanges passionnés au sein du Groupe Moyen-Orient, et tous ceux qui y ont participé s’en souviennent aussi je le sais.
Je me souviens des interventions de France lors de nos Assemblées Générales, de son discours militant et exigeant dès lors que nous évoquions le sort des palestiniens.
Je me souviens avoir appris à ses côtés des pans entiers de l’histoire de MDM, le Chili, l’Argentine, l’Irak, la Palestine.
Je me souviens d’une amie plus jeune que moi, d’une curiosité insatiable, d’une mémoire phénoménale, qui pendant si longtemps s’est souvenue de chaque nom, de chaque visage.
La dernière fois que nous avons parlé toutes les deux, c’était il y a un peu plus d’un an, elle avait toujours son petit carnet de contacts à côté d’elle, elle ne se souvenait plus très bien de qui était qui, mais elle avait coché quelques noms de personnes dont elle se disait « je dois vraiment l’appeler, avoir de ses nouvelles » ; j’en faisais partie et j’en fus très émue .
Sophie Alary, membre du conseil d’administration de MdM France
29 janvier 2021
Au nom d’Amel Association International, je présente mes condoléances les plus attristées à la famille de France Arrestat.
Par famille j’entends ses enfants, ses petits enfants et ses arrières petits enfants mais aussi toute l’équipe de MDM, son président et le conseil d’administration.
J’ai rencontré France il y a plus de 40 ans ; c’était lors de l’invasion israélienne du Sud Liban. Étant moi-même originaire de cette partie du pays, je me souviens avoir refusé de m’y rendre et c’est France, accompagnée de Anna-Marika Boorsman, chargée des Relations Extérieures à Amel qui se sont rendues à Khiam, ma ville natale. Là-bas, elles furent témoins de l’horreur que l’occupation représentait : maisons détruites, population locale livrée à elle-même dans les plus tragiques conditions de vie.
A leur retour à Beyrouth, on a décidé ensemble d’ouvrir un centre.
22 ans après, le 24 mai 2000 le Sud du Liban, mis à part Kfar Chouba et les fermes de Chebaa, vit sa libération et le retrait des forces armées israéliennes.
Ce jour-là, France Arrestat était dans mon bureau. Je ne souhaitais qu’une seule chose, me rendre enfin dans ma ville natale. France insiste pour m’accompagner et ainsi soit-il !
Ensemble, nous avons été parmi les premiers à nous rendre sur la terre du Sud libéré.
Ainsi est née notre nouvelle page de coopération avec MDM. Moins d’un an après, le premier programme de soutien aux ex-détenus de la prison de Khiam a vu le jour. Pour abriter ce projet, nous avions besoin d’un lieu approprié et ce dernier existait ; il était la propriété des biens religieux et c’est France Arrestat qui m’a demandé de solliciter le chef religieux pour l’octroi de ce centre. J’ai contacté le Cheikh et c’est ainsi que nous avons abrité nos activités dans ce centre jusqu’à ce jour.
France Arrestat et toute une équipe MDM dont Sophie Alary ont soutenu ce centre qui aujourd’hui est considéré par le Ministère de la Santé comme le meilleur centre de soins de santé primaire dans le Sud.
L’équipe de Khiam comme le Dr Abou Abbass et son épouse Hélène, Hoda Akil, Hind Atwe; l’équipe de Beyrouth dont Soraya Haidar, Ghassan Abou Abbas, Ghassan Ayach, Soad Chouaf, Virginie Lefèvre et tout le personnel d’Amel gardent un merveilleux souvenir de France et ne l’oublieront jamais.
France, la militante engagée est vivante à jamais dans nos mémoires.
France, tu es un exemple de solidarité et de don de soi et nous resterons fidèles à tes valeurs et à tes principes jusqu’à notre dernier souffle pour un monde plus juste et plus humain.
Repose en paix très chère France.
Dr Kamel Mohanna
Président, Amel Association International
30 janvier 2021
Je n’arrive pas à croire que tu sois partie, que tu ne sois plus là, avec nous, dans la vie.
Je t’ai rencontrée au Liban, un parmi les nombreux pays auxquels tu es attachée. On sait tous pourquoi tu aimes tant ce pays qui malgré toutes ses blessures, renaît de ses cendres et revient à la vie.
Toi tu ne reviendras pas mais tu es dans mon cœur jusqu’à mon dernier souffle. Tu représentes le dynamisme, la vivacité, l’intégrité, l’engagement inconditionnel pour les causes justes…Tu représentes la vie et je suis triste de ne plus te revoir et de ne plus partager avec toi ces moments magiques qui passaient trop vite. Merci France de m’avoir tant donné.
Soad Choaf
31 janvier 2021
L’été prochain prenez la route et dans une boucle de l’Aveyron arrêtez-vous à Najac.
Garez-vous si possible près de la rivière et prenez votre temps pour gravir le chemin et les marches qui vous mènent au village. Sur un escarpement tout en longueur, des maisons de pierre se suivent, ni dissonantes, ni semblables. En allant vers le château, à mi-chemin, sur une petite place la maison de France et sa famille. Ne vous hâtez pas, les habitants, les commerçants vous parleront d’elle. Probablement d’une France que la plupart d’entre nous connaissons de par ses engagements au sein de Médecins du Monde, mais vous découvrirez aussi peut être une autre partie d’elle-même. Une amoureuse de ces lieux, de ces pierres et leurs couleurs si singulières. Je me souviens d’un été il y a 10 ans, où nous arpentions ensemble les rues du village, nous arrêtant devant tous les jardins, sans doute pour souffler un peu, mais aussi pour l’écouter me parler de ces lieux, de ces fleurs et d’elle aussi. Je me souviens d’un été quelques années plus tard, où après une mauvaise chute, elle devait rester alitée et entre deux escapades dans les collines alentour, nous revenions déjeuner avec elle et lorsque la douleur devenait supportable nous reprenions nos échanges. Période riche d’apprentissage pour moi, plus douloureuse pour elle, je l’écoutais avec soins me parler d’elle, de ses études, de son métier, de ses voyages avec son mari, de leurs séjours à l’étranger, de sa famille, de cette vie avant Médecins du Monde que nous connaissions peu. Je me souviens d’un même été, où de passage dans le village, elle me glisse que sa famille et de nombreux amis du village lui prépare son anniversaire. Curiosité de ma part, mais non je n’arriverai pas à savoir finalement son âge, dans tous les cas, elle ne le faisait pas !
Je me souviens bien sûr du Liban, de Beyrouth, de Amel et de tous ces riches moments que nous avons partagés dans ces lieux qui lui étaient si chers. Je me souviens tout particulièrement d’un trajet en Bus qu’elle allait faire entre Beyrouth et Tripoli avec Patrick David alors que pour des raisons qui m’échappent encore nous étions dans une confortable berline. Destination Nahr-el-Bared, et là en un bref instant toute la folie de la guerre et d’une situation qui dure depuis plus de 60 ans nous fige. Un groupe d’hommes en arme, un père vient nous hurler sa détresse, sa colère et son désarroi face à la mort de son jeune fils quelques heures auparavant à l’hôpital. Instants fondateurs d’un lien que nous essaierons de garder au fil des ans, des aléas et des distances.
Je me souviens de Toulouse, de la délégation régionale et des tous les bénévoles, adhérents, militants présents et attentifs. Des universités d’automne organisées dans leur belle ville. Et chaque fois, France présente, lumineuse, rieuse et concentrée, bienveillante et exigeante, enthousiaste et lucide.
Je me souviens bien sûr des Assemblées Générales Rue Marcadet, de l’arrivée de France et des Toulousains, d’un je ne sais quoi d’attention particulière que nous resservions à quelques-uns dont France en premier lieu. Son âge, son aura, son histoire/ses histoires, sa ténacité et sa rigueur sur certains combats, autant de traits qui la caractérisent et nous portent dès lors à lui accorder une place singulière.
Pour ma part, même si France n’y est plus vivante, curieuse, insatiable et rieuse, je reviendrai à Najac me souvenir sans doute, mais aussi faire ce pas de côté et raconter à mes enfants combien cette Femme a compté pour moi et m’a aidé à comprendre la complexité du monde et la richesse des hommes.
Olivier Bernard, membre de Médecins du Monde, Président de 2009 à 2012
1er février 2021
Toutes mes condoléances à la famille de France.
Tout mon respect et mon affection pour cette personne unique, à l’enthousiasme toujours intact.
Nicole Dagnino
1er février 2021
J’ai eu la chance de rencontrer France Arrestat à Toulouse au tout début de mon arrivée à Médecins du monde aux missions France (1993).
En effet j’avais pu financer la mission SDF de Toulouse (la toute première dans les missions France) dans mon ancien travail au ministère de la jeunesse et des sports et dans le tour/bilan des programmes en France la particularité de Toulouse ressortait nettement. Donc cap sur Toulouse. 🙂
Les MdM Toulouse travaillaient en lien étroit avec l’association d’auto-support des SDF, le GAF. Toulouse (avec France) savait déjà travailler avec les personnes concernées !
Nous sommes allées ensemble chez le partenaire de MdM, au centre d’hébergement où MdM préfigurait déjà ce qui allait devenir le dispositif des Lits Halte Soins de Santé, avec une merveilleuse jeune médecin Pascale Estecahandy 🙂
France ne cachait pas que son engagement à l’international était sans doute plus important qu’en France, elle cherchait un relais qu’elle a trouvé avec Pascale. La qualité des relations qu’elle avait établies avec les partenaires était impressionnante, même quand il fallait batailler pour que les priorités de santé ne disparaissent pas derrière d’autres impératifs. Mais elle n’hésitait pas à montrer qu’elle voyait la santé au sens large : elle s’était par exemple totalement impliquée dans l’aménagement d’un local afin de stocker lits, casseroles et assiettes pour les familles sans le sou qui emménageaient.
Sa générosité rayonnait. Sympa, simple, à l’écoute, engagée, efficace, amicale… voici les mots qui viennent spontanément en te revoyant chère France.
Plus tard, parfois la radicalité des positions bloquait sans doute sa capacité d’écoute comme on a pu le voir à certaines AG. Mais, le capital sympathie et le respect total pour France accumulés depuis tant d’années gardaient intact le plaisir des rencontres. France fait partie de ces si nombreuses personnes d’exception que j’ai eu le bonheur de cotoyer à MdM, avec qui j’ai grandi dans ma tête et dans mon intelligence pour mieux combattre pour plus d’équité.
Nathalie Simonnot
1er février 2021
En 1991, France a été la première personne que j’ai rencontrée au siège et qui a su par son regard de bonté, d’intelligence et d’intégrité me donner l’envie de rester.
Grâce à elle je suis entrée comme bénévole à M.D.M. et aujourd’hui j’y suis encore. Je l’appelais ma Marraine MdM, elle m’a beaucoup appris au cours de nos discussions passionnées lors des Assemblées générales .
Tu vas nous manquer France, mais tu resteras toujours dans mon cœur.
Bon voyage Madame
Patricia Leclerc
2 février 2021
Tu as donné beaucoup de ton engagement militant aux habitants du Liban.
Une part de ton cœur aussi.
Il y a déjà bien des années, j’avais fait ta connaissance à Beyrouth ; nous avions rendez-vous un soir tard. Tu attendais, vieille dame de 80 ans, assise sur les marches d’une église. Même pas peur. Tu connaissais tant de choses sur ce pays.
Tu m’as aidé à être Médecin du Monde.
Révérence.
Eric Vigneron
2 février 2021
J’ai rencontré France en 1990 à une réunion du groupe Amérique Latine à Paris, c’est elle qui m’a fait connaitre MdM.
Elle était alors responsable de la mission Argentine et c’est comme cela que je suis parti pour Buenos Aires comme coordinateur et où je suis resté jusqu’en 2001.
Les “madres” du “barrio 10 Abril” (un quartier marginal de Buenos Aires où MdM avait mis en place un jardin d’enfants, géré par les mères promotrices de santé du quartier, qui fonctionne toujours) se souviennent encore d’elle après tant d’années.
Depuis nous avons toujours gardé le contact, et France est restée une amie, nous nous appelions de temps en temps, elle était toujours à l’écoute, connaissait bien ma famille : C’ était une personne extraordinaire, une grande dame, engagée, militante, sensible et pleine d’humour et de courage. Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois à MdM, a Toulouse, et est aussi venue me voir en Italie.
Au Liban en 2006, lors d’une mission explo dans les camps palestiniens, nous avons nous du nous échapper de Beyrouth en taxi vers Damas car Israël avait commencé à bombarder Beyrouth et je me souviens que dans le taxi, alors que nous allions vers la Syrie sur l’autoroute déserte elle nous a dit: “ Attachez vos ceintures, je n’ai pas peur pour moi car j’ai déjà assez vécu… mais pour vous”.. Sacrée France, tu as encore vécu et tu nous surprenais toujours par ta vitalité.. Tu vas nous manquer..
Jean-Pierre Foschia , coordinatore medico, missione Italia
3 février 2021
Elle s’appelait France et je l’appelais Margot
Ce qui la faisait éclater de rire chaque fois que nous nous téléphonions. Pourquoi Margot ??parce que j’ai eu le privilège de tenir son passeport entre mes mains au cours d’un contrôle à un check point lors d’une mission exploratoire « historique » au Liban. Et j’ai découvert 2 informations renversantes : sa date de naissance qu’elle cachait soigneusement, me précisant que j’étais en mission avec une dame d’un bon 3° âge….et quelle dame ! et ce doux prénom de Margot qui est devenu comme un petit refrain partagé ponctuant notre intimité.
Avez-vous entendu un jour son annonce vocale sur son portable ? Tout y était avec cette façon directe et fracassante de s’adresser à vous d’une rauque voix chantante aux accents du Sud Ouest, avec cette invitation à vous confier à elle, avec cette fabuleuse énergie portée par cette voix qui laissait à penser que son esprit toujours alerte la mettait en chemin de l’aube jusqu’au coucher du soleil.
Oui Margot avec ses emportements, ses colères, ses exigences salutaires était un vrai personnage.
Oui Margot tu es enfin en paix, derrière le miroir, auprès –qui le sait ?- de Marc ton fils dont la mort t’a tant fait souffrir et de ton cher mari. Margot la passionaria, au verbe puissant et spontané je t’ai vue pleurer en silence pendant un long moment dans les bras d’une réfugiée palestinienne que tu retrouvais 20 ans après la mort de son fils ambulancier lors d’un bombardement, fils que tu chérissait toi aussi comme ton propre enfant.
Oui Margot ce silence agissant en disait plus que n’importe quel discours sur ta profonde humanité. Depuis ton départ Médecins du Monde a perdu un peu de son âme. Un sage Perse a dit un : « Lève toi , agis, tu as l’éternité pour dormir ! » Tu peux désormais dormir en paix douce Margot !
Jean Deaux
3 février 2021
Tes yeux comme des pépites nous invitaient à être authentique
Un sourire canaille semblait réfléchir si nous étions dignes de ton amitié ou de ton courroux.
Et puis ton rire contagieux fêtait le plaisir d’être ensemble.
Ensemble pour partager un peu d’humanité, pour partager ta révolte permanente.
Ensemble pour se rassurer qu’il y avait dans le monde d’autres femmes et hommes révoltés, d’autres femmes et hommes militants.
Qui s’essayeront à de nouvelles solidarités.
Mais tu as tiré ta révérence, tu resteras pour nous comme une grande sœur.
Un peu polissonne, exigeante et solaire
A bientôt
Marielle Moizan, Fabrice Giraux et Thierry Brigaud
3 février 2021
Chère France,
J’ai appris ton départ avec un mélange d’étonnement et de gratitude.
Etonnement parce que tu es sans âge, indestructible et à jamais vivante, tant tu nous a inspirés, énergisés, passionnés.
Gratitude pour tout cela, et parce que c’est formidable d’avoir un modèle auquel penser quand on a besoin de courage et de force. Cette gratitude est plus forte que la tristesse. Tu ne nous a jamais quittés, nous ne t’oublierons jamais.
Je t’embrasse, avec une pensée chaleureuse pour tous les tiens.
Claire Boulanger
6 février 2021
En1991 , France a été la première personne que j’ai rencontrée au Siège et qui a su par son regard de bonté, d’intelligence et d’intégrité me donner l’envie de rester , grâce à elle je suis entrée comme bénévole à M.D.M. et aujourd’hui j’y suis encore. Je l’appelais ma Marraine MDM, elle m’a beaucoup appris au cours de nos discussions passionnées lors des Assemblées générales .
Tu vas nous manquer France . ,mais tu resteras toujours dans mon coeur
Bon voyage Madame