Au Canada, l’assurance maladie universelle, adoptée à la fin des années 1950, constitue un élément phare définissant la société dans laquelle on vit. En revanche, les provinces subissent d’immenses pressions financières pour conserver un système public de santé vigoureux. Les services de santé sont aussi assujettis à l’influence de la marchandisation de la santé. L’accès aux soins se retrouve quotidiennement dans l’actualité. Un point de rupture est imminent. Des voix s’élèvent pour qu’on s’attaque aux déterminants sociaux de la santé et qu’on renforce les approches de santé publique. Des politiques de lutte à l’itinérance sont en gestation.
La veille épidémiologique qu’a initiée le réseau de MdM sur l’accès aux soins des plus précaires en Europe permet d’appuyer avec aplomb son plaidoyer. En Amérique, autre continent, autre environnement sociopolitique, autres crises, même combat.
Voici quelques exemples :
En juin 2012, le gouvernement canadien a resserré ses politiques d’immigration et a aboli un programme qui garantissait des soins de santé primaire pour les demandeurs d’asile. MdM Canada tient une clinique pour personnes migrantes à statut précaire depuis plus de deux ans. En Amérique du Nord, les flux d’immigration changent. Les demandes de soins à notre clinique sont en croissance exponentielle.
En octobre 2013, un rapporteur spécial des Nations unies relevait les conditions de vie pitoyables des autochtones au Canada, avec un taux de suicide cinq fois plus élevé par rapport aux jeunes canadiens. Les femmes autochtones ont également un risque huit fois plus élevé d’être assassinées que leurs consœurs non autochtones. Nos équipes de proximité sont de plus en plus interpellées pour assister les personnes autochtones et inuites qui fuient les réserves insalubres pour retrouver des milieux de vie guère meilleurs dans les villes comme Montréal.
Si l’on peine à faire entendre « le droit à la santé » aux politiciens, on doit patiemment chiffrer ce qui se passe dans nos voisinages et dire franchement que la santé des autres est bonne pour tout le monde.
Nicolas Bergeron MD
Président de MdM-Canada