Des droits arrachés au forceps

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Loin de l’accès aux droits prévu par la loi, les habitants des bidonvilles se heurtent à d’interminables parcours d’obstacles pour se soigner, scolariser leurs enfants ou recevoir leur courrier. Un travail de longue haleine permet de construire quelques passerelles… jusqu’à l’expulsion. C’est le quotidien de Médecins du Monde en Île-de-France.

Depuis 23 ans, des équipes mobiles de Médecins du Monde (MDM) interviennent sur les bidonvilles franciliens, qu’on a cru un temps disparus, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise principalement. La situation des personnes – dont certaines vivent en bidonville depuis 25 ans – n’y a malheureusement pas évolué : condamnées à une errance forcée, au gré d’expulsions dont le rythme ne s’est jamais ralenti ; intégrant malgré elles l’impossibilité de s’ancrer de manière stable sur un territoire ; confrontées régulièrement à des situations individuelles ou collectives relevant du domaine de l’urgence sanitaire… La dégradation croissante de la vulnérabilité sociale crée également des urgences au niveau communautaire : l’éclatement et l’isolement de nombreux groupes provoquent progressivement l’usure et la perte d’espoir d’une intégration sociale. Un ressenti qui se répercute sur les générations futures, au risque de s’accentuer à mesure que naissent dans les bidonvilles enfants et petits-enfants.

Face à ces situations, nos équipes de soignants, de médiateurs et d’interprètes ont espéré un temps pouvoir répondre aux besoins de santé, grâce à des consultations médicales mobiles. Au fur et à mesure des années, la précarisation grandissante des groupes, des familles et des personnes nous a conduits à envisager d’autres stratégies : travail de médiation auprès des structures dites de droit commun, plaidoyer renforcé auprès des institutions socio-sanitaires en vue d’un accueil non discriminant des habitants des bidonvilles, plaidoyer auprès des décideurs politiques contre les expulsions incessantes et en faveur d’une stabilisation et d’une sécurisation des personnes, travail sur la santé globale telle qu’elle est définie par les standards internationaux et prévue dans les textes : accès au droit (domiciliation, service public de santé, scolarisation, emploi, logement) et dignité des conditions de vie (accès à l’eau, évacuation des déchets, sécurité incendie).

Les institutions et les services publics ont le mandat d’appliquer ces droits et d’en garantir un accès universel et équitable. Essentiels au respect de la dignité humaine, ils constituent ce que nous nommons le « droit commun ». C´est le socle sur lequel il s’agit d’inscrire les personnes vivant en bidonville, elles qui en sont la plupart du temps exclues.

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