Depuis novembre 2013, le Médibus permet aux équipes de MdM d’aller vers des personnes qui ne se rendent pas d’elles-mêmes dans des structures de santé. Chaque lundi, mardi et jeudi, notre bus médical s’installe dans un endroit différent dans Bruxelles (gare du Nord, du Midi et Centrale). Dans les mois à venir, MdM sera égalemente présent dans le Hainaut avec un nouveau Médibus.
BRUXELLES
L’équipe du Médibus Bruxelles : Thierry, Agnés, Dominique, Patricia, Camille, Marina, Pierre, Catherine, Michel, Charlotte, Stine, Thomas, Sophie, Eric, Thérèse, Papa Niokhor, Mohammed, Alba, Lieu, Elisabeth, Alain, Laura, Monia, Thomas, Hoan, Jente et Sarah sont les bénévoles accueillants et infirmiers qui forment l’équipe du Médibus de Bruxelles. Ils sont assistés par une équipe de MdM : Béatrice Lacroix, référente paramédicale Médibus et Plan hiver, Juliette Vanderveken, adjointe à la coordinatrice des projets bruxellois, Geneviève Loots, coordinatrice des projets bruxellois, sans oublier le reste de l’équipe de MdM qui intervient si besoin.
A savoir : MdM partage le Médibus de Bruxelles avec DUNE, une asbl spécialisée dans la réduction des risques sociaux et sanitaires liés à la consommation de drogues en milieu précaire. DUNE va à la rencontre de toxicomanes deux après-midi par semaine.
A savoir : Le Médibus de Bruxelles voyage ! MdM l’a emmené à la rencontre de réfugiés à Zeebruges, l’a prêté à des médecins camerounais pour faire de la sensibilisation sur les maladies chroniques, l’a utilisé pour aller au festival Esperanzah, etc. Un bus multifonctionnel qui va là où il y a des besoins, tout comme MdM !
Lors de chaque soirée Médibus, au moins une infirmière et un(e) accueillant(e) sont présents dans le Médibus. Nous avons rencontré Stine, infirmière bénévole depuis plus de 6 mois et Elisabeth, accueillante bénévole depuis presque deux ans.
Comment avez-vous entendu parler de MdM ?
Stine : Une collègue de travail pensait se lancer comme bénévole auprès de Médecins du Monde. Quand elle m’en a parlé, j’ai consulté le site web et j’ai réagi à une annonce.
Elisabeth : Pendant ma recherche de bénévolat, je suis tombée plusieurs fois sur Médecins du Monde. Vous êtes fort visibles et connus !
Pourquoi avoir choisi le projet Médibus ?
Elisabeth : Après avoir travaillé pendant un an au Sénégal pour m’occuper d’enfants de rue, j’ai voulu m’engager socialement en retournant en Belgique. Je voulais aussi donner du sens à mes activités extra-professionnelles. En plus, dans le cas du Médibus, j’ai la possibilité de m’engager deux soirs par mois, mais aussi plus ou moins. Cela me convient bien.
Stine : J’ai trois enfants et je travaille à plein temps comme infirmière dans la promotion à la santé dans une école à Forest. Je cherchais quelque chose à faire en dehors de ma famille et mon travail sur la continuité et en soirée. Le Médibus répond tout à fait à ces besoins.
Quel est votre rôle dans le Médibus Bruxelles ?
Stine : En tant qu’infirmière, j’apporte des soins préventifs et curatifs aux patients. La plupart du temps, il s’agit de blessures, de plaies, de boutons qui grattent… Souvent ils ont également des soucis dentaires. Dans ces cas-là, la seule chose que nous pouvons faire c’est de donner des antidouleurs. Je peux référer les cas les plus sérieux au centre de soins bruxellois (CASO) si je l’estime nécessaire. De nombreux patients demandent également de prendre leur tension, mais souvent c’est juste parce qu’ils souhaitent papoter avec nous.
Elisabeth : En tant qu’accueillante, j’accueille les personnes avec un café ou un thé et je discute avec eux. Je fais en sorte que tout se déroule d’une manière fluide en demandant qui a besoin de soins, qui a d’autres questions. Je fournis également des kits d’hygiène. Nous faisons des maraudes pour aller à la rencontre des personnes les plus isolées et qui ne viennent donc pas vers le Médibus.
Revoyez-vous régulièrement les mêmes personnes ?
Stine : Tout à fait. De plus, les personnes reviennent souvent pour le même problème, les mêmes soins.
Quel public rencontrez-vous pendant une maraude et renvoyez-vous de nombreuses personnes vers le Médibus ?
Elisabeth : Cela dépend des gares où nous sommes. A la gare du Nord, ce sont plutôt des grands groupes de roms, de guinéens, de gambiens, de migrants de différentes origines, alors qu’à la gare Centrale, ce sont plutôt des sans-abris de longue date. Nous renvoyons généralement une dizaine de personnes vers le Médibus. Ce sont souvent des personnes qui nécessitent des soins, qui ont des démangeaisons, qui ont mal aux pieds… Pendant les maraudes, nous distribuons également du thé et du café.
Et l’équipe ?
Stine : C’est une très chouette équipe et il y a beaucoup d’ambiance. Les bénévoles ont tendance a toujours faire les mêmes gares, donc on apprend bien à se connaître. Les soirées se passent toujours dans la bonne humeur et la bonne entente.
Elisabeth : TOP. Ce qui est chouette, c’est de rencontrer des personnes en dehors du cadre du boulot, du cercle d’amis, de différents profils, avec un trajet de vie différents, des origines différentes… De plus, les coordinateurs sont vraiment géniaux.
Un message à ajouter ?
Elisabeth : Même après une grosse journée de travail, je suis toujours contente après une soirée Médibus. Cela me permet de me changer les idées, d’avoir de chouettes échanges. Ce sont des soirées chargées, mais l’échange avec le public est très intéressant et le débriefing avec l’équipe après chaque soirée est toujours très nourrissant. Heureuse de faire partie de cette équipe !
Stine : C’est un très chouette projet et tout le monde donne vraiment toute son énergie. Mais c’est aussi
frustrant : nous n’avons pas assez de temps en soirée. Idéalement, nous devrions être présents plusieurs fois par semaine par gare pour aider en continuité, nous ne savons pas toujours ce que devient la personne après… Nous faisons ce que nous pouvons et nous nous disons que notre travail sert quand-même à quelque chose…
HAINAUT
Nathalie Annez était jusqu’à présent référente paramédicale du Médibus et du Plan hiver sur les projets Bruxelles. Aujourd’hui, elle est Coordinatrice du Médibus Hainaut. Nous l’avons rencontrée.
Pourquoi avoir lancé un Médibus dans le Hainaut ?
Nous avions déjà une antenne à La Louvière. En discutant avec des partenaires de Charleroi, nous nous sommes rendus compte que beaucoup de personnes n’avaient pas accès aux soins ou aux services sociaux car ils ont été forcés de quitter le centre ville. Le Médibus est donc le dispositif idéal pour aller à la rencontre de nombreux toxicomanes, travailleuses du sexe, sans-abris qui sont complètement exclus de la ville de Charleroi. L’idée est de commencer là, mais également de prospecter dans la province du Hainaut, les zones rurales et les alentours des grandes villes pour voir quels sont les besoins. A Charleroi, on commencera par une présence d’une après-midi et une soirée par semaine avec à chaque fois la présence d’au moins une infirmière, d’un travailleur social ou un éducateur de rue.
Comment sera constituée l’équipe ?
Nous avons créé un partenariat sur Charleroi avec cinq associations: Entre 2 Wallonie, Le Relais Santé Charleroi, l’asbl SIDA-IST, Carolo Rue et Le Comptoir. L’idée est de proposer un accueil, des soins infirmiers, un lieu de discussion et de référer les patients vers le réseau existant si nécessaire. Nous travaillerons probablement avec des bénévoles, mais pour le moment, les partenaires ont la volonté de délocaliser un de leurs travailleurs pour les tournées du Médibus. Le rôle de Médecins du Monde est d’être le coordinateur et le facilitateur du partenariat en mettant ensemble les 5 associations, en gérant les bénévoles, en gardant la philosophie de MdM en tête et en participant à des consultations dans le Médibus. Chaque personne présente dans le bus sera formée à l’accueil, à la prise en charge de la demande et à proposer et/ou effectuer les tests rapides de dépistage HIV.
Y a-t-il des particularités au Médibus Hainaut, des différences par rapport au Médibus Bruxelles ?
Le partenariat sur le Médibus est innovant. C’est aussi un challenge de voir travailler ensemble cinq associations sur un seul dispositif ! De plus, nous allons proposer un test rapide VIH à toutes les personnes qui le souhaitent. Le nouveau Médibus a deux pièces distinctes et il sera donc possible de prendre en charge 2 personnes en même temps avec un maximum de confort et de confidentialité. Nous nous attendons à un public en grande précarité, mais peut être un peu différent de celui de Bruxelles. Nous pensons plutôt accueillir des travailleuses du sexe et des toxicomanes au début, alors qu’à Bruxelles ce sont plutôt des migrants et des sans-abris.
Pourquoi avoir créé un Médibus et pas une antenne médicale ?
Il y a déjà des antennes médicales à Charleroi, mais ces personnes ne les atteignent pas. Le grand avantage du Médibus est justement que nous nous déplaçons vers le public, nous les accueillons sur leur lieu de vie et nous pouvons orienter les patients avec des problématiques spécifiques qui nécessitent une prise ne charge plus approfondie vers une des antennes déjà existantes.
Nous soignons clairement, mais de quelle façon témoignons-nous et accompagnons-nous les communautés dans leur volonté de changement social ?
Question compliquée… J’espère bien que nous pourrons témoigner vers les institutions à un moment. Je pense que nous accompagnons les communautés car le Médibus est un dispositif mobile, mais nous restons quand même à des endroits fixes et assez longtemps afin que le Médibus devienne un lieu où les publics vulnérables peuvent créer un lien de confiance. C’est aussi un des objectifs du Medibus.
Un message pour les bénévoles du Médibus Bruxelles ?
J’ai adoré travailler sur les projets de Bruxelles et je remercie toute l’équipe ! Le projet Médibus doit s’étendre. Je suis convaincue qu’il peut servir encore plus ! Le Médibus est un des atouts de MdM. Il est là où personne ne va, c’est comme une sentinelle de la ville !