Bénévole dans l’urgence

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Photo d’Olivier Papegnies

Myriam Malki est bénévole chez MdM depuis environ 2 ans. Tout d’abord, au sein de l’équipe de maraude à Grenoble, et aujourd’hui sur la mission BUS à Lyon. En mars 2015, elle est partie trois semaines à Calais en appui à la Mission Migrants Nord Littoral.

Quand es-tu partie à Calais ?

Je suis partie 3 semaines en mars en tant que bénévole, après que le DESK des Missions France ait fait un appel à bénévoles au sein de toutes les délégations pour venir en renfort à la mission Migrants Nord Littoral à Calais.

MdM avait-il déjà des missions sur place ?

Oui, MdM est présent à Dunkerque et à Calais auprès des migrants. Il y a, principalement, des missions mobiles : clinique mobile à Dunkerque et sur les camps de migrants ; WASH (voir explication page suivante) Mobile et médiation socio-sanitaire à Calais et sur les camps de migrants.

 

Quelle était la situation quand tu y étais ?

Cela fait une dizaine d’années que la situation est extrêmement critique à Calais, mais elle s’est sensiblement dégradée ces deux dernières années. Depuis janvier en l’occurrence, il n’y avait plus du tout assez de bénévoles. Il y a eu de gros problèmes d’hygiène, l’accès à l’eau est rare, et aucune gestion des déchets n’est assurée par les autorités. 
A Calais, l’Etat est absent. C’est une zone de non-droit. Les personnes qui s’y réfugient fuient la guerre et essaient souvent de passer vers la Grande Bretagne ; c’est une réelle situation d’urgence.


On parle de 3000 migrants, est-ce encore le cas ? Comment sont-ils répartis ? La presse parle de relogements assurés par le gouvernement dans les jours qui suivent des expulsions et de 
solutions plus durables, as-tu pu le vérifier ?

Il y a en effet environ 3000 migrants, et ce depuis 10 ans, le chiffre est constant. Depuis ma mission, la situation a changé. En avril, le centre d’accueil de jour Jules Ferry a ouvert, proposant des services encore très insatisfaisants : 60 douches et WC, la distribution d’un repas par jour, un point électricité pour la recharge des portables, une permanence infirmier de 3h par jour…cela pour 3000 personnes. Autant dire, que pour l’instant, le centre ne répond pas aux normes humanitaires internationales. De plus, les autorités tolèrent l’installation de campement autour du centre Jules Ferry. Le centre Jules Ferry se trouve sur un site très accidenté, marécageux et sablonneux. Le site est une ancienne décharge, insalubre avec du fer à béton, et n’est pas éclairé la nuit.


Y-a-t-il eu des expulsions pendant ton séjour ?

Il n’y a pas eu d’expulsions courant mars, seulement des passages à répétition de la police sur les camps, menaçant d’expulsion. La question des violences policières s’est cependant fréquemment posée. Les violences policières sont courantes, et les associations et ONG s’attachent à recueillir les témoignages des réfugiés victimes de ces violences. Le Défenseur des Droits et le Ministre de l’Intérieur ont été interpellés sur le sujet dès 2012.

 

Quelle était la mission de Médecins du Monde sur place ? Y a-t-il de nombreuses associations ?

Les objectifs de la mission de MdM sont l’accès au soin et à l’hygiène des migrants (une WASH mobile circule entre les camps), la construction d’abris provisoires en dur, et l’accompagnement vers une prise en charge médicale via la médiation sanitaire. Une place particulière est accordée aux femmes, notamment lorsque le camp de Tioxode existait. Pour faciliter l’accès à l’hygiène, le camping-car (appelé aussi WASH mobile) était accessible uniquement aux femmes. C’était un temps de détente, et d’échange privilégié. Les questions de santé, de famille, de contraception et parfois de

violence y étaient évoquées. MdM travaille également avec les autres associations calaisiennes à l’élaboration d’un plaidoyer commun à l’intention du gouvernement et du Défenseur des Droits. Ce plaidoyer réclame des logements décents pour les migrants avec un accès à l’eau potable, à l’électricité, à de la nourriture…

Depuis une semaine, au vue de l’absence de conditions d’accueil dignes, l’ensemble des associations a décidé d’arrêter d’intervenir sur les camps afin d’obliger les autorités à réagir.

 

Quelles solutions le gouvernement devrait-il proposer ?

Aujourd’hui, les autorités ne proposent pas de solutions d’accueil satisfaisantes et continuent de bafouer les droits fondamentaux que sont : le droit à l’hébergement universel, le droit au respect de la dignité humaine, le droit à des conditions matérielles d’accueil définies par la loi pour les demandeurs d”asile, le droit à la protection et à des mesures éducatives pour les mineurs étrangers isolés et le droit à la santé.

Article publié dans le RABAN, publication interne de la délégation Rhône-Alpes Auvergne

 

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