Au seuil de ses 40 ans, le nouvel esprit du capitalisme s’est-il installé au sein de MdM ?

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Entre cité civique et cité par projet, un appel à une réflexion éthique d’actualité

Partons d’une question concrète : pourquoi, alors que l’approche en santé publique et soins de santé primaires est affirmée dans le projet associatif, avons-nous autant de mal à en parler, à la concrétiser et à la faire valoir sur le terrain ?

Le projet associatif a été adopté à l’assemblée générale 2015

Plusieurs facteurs se conjuguent. Certains sont sociétaux et exogènes à MdM, d’autres internes au mode de gouvernance. Cet article part du principe qu’ils se nourrissent l’un l’autre.

Nous formulons en première hypothèse que ces difficultés sont liées à l’évolution de nos organisations et aux transformations sociologiques de MdM. Il s‘agirait d’un symptôme, d’un marqueur, d’une réalité complexe qu’il ne faudrait pas interpréter de manière isolée.

Nous formulons en seconde hypothèse que ces évolutions qui s’imposent à nous se sont développées de manière surdéterminée par nos environnements sociaux et politiques, sans que les enjeux n’aient été clarifiés, posés, débattus ni décidés et nous ont entraînés dans un glissement progressif que nous n’avons pas maîtrisé.

Les travaux de Luc Boltanski et Eve Chiapello sur le Nouvel esprit du capitalisme, nous ont inspirés pour déconstruire cette question et discuter nos deux hypothèses.

Tension entre cité civique et cité par projet

MdM est une association ouverte sur le monde et évidemment sensible à l’évolution de nos sociétés. L’association est influencée dans ses choix et ses réflexions par les grands mouvements idéologiques et politiques qui les traversent. Historiquement, les valeurs initiales de MDM sont congruentes avec ce que notre auteur nomme la Cité civique. Cette Cité Civique croit au progrès des sciences, au développement des sociétés et à la progression des états démocratiquement élus. Dans les sociétés libérales du Nord, cette convention est portée par le monde associatif et par la société civile, dont les ONGS humanitaires, fers de lance d’une citoyenneté mondiale construite sur le socle des droits humains. Celle-ci se définit par des valeurs de solidarité d’équité et de liberté.  Solidarité avec les populations les plus vulnérables, équité dans l’accès aux soins et liberté d’aller et venir dans un monde sans frontière. Le système d’organisation collective qui convient à cette Cité est celui de la démocratie élective. Les salariés sont présents mais sont au service du bien commun dont le Délégué et le Représentant élus sont les figures phares et le militant bénévole le fantassin citoyen.

La société de l’information, les nouvelles technologies, la stagnation voire le recul des visions universalistes et plus récemment la mondialisation néolibérale et la montée des politiques identitaires qui l’accompagnent, brossent un paysage nouveau de l’évolution de nos sociétés au progressisme désenchanté. La Cité par projet correspond à cette évolution contemporaine caractérisée par une connexion de plus en plus dense des acteurs.  Cette densité de connexion et de liens qui se donnent à voir sur la « toile » et sur les réseaux sociaux, mais aussi au travers des concepts valises de médiation, de coordination, de flexibilité, d’adaptation, de partenariat, de co construction, de « com » et plans médias, est l’élément qui signe le basculement de la Cité civique à la Cité par projet.

Les valeurs de la Cité civique telles que définies plus haut deviennent mineures par rapport à celles de la Cité par projet, nouveau carburant fonctionnant à l’autonomisation, à l’empowerment, à la prolifération des liens partagés et à l’extension de réseaux lâches et peu structurés. Cette forme spécifique porte sur le devant de la scène non plus le Délégué ou le Représentant mais le chef de projet voire le chargé de missions, le coach et de façon moins visible, le médiateur capable de concilier les points de vue différents qui étaient dans la Cité civique tranchés par l’élection. 

Ces deux « cités » sont en tension et non en opposition frontale. Ce sont des idéaux types. Même si une tendance se dégage, dans la vraie vie, elles sont intriquées, mouvantes et possiblement évolutives. Toutes les deux cherchent à transformer la société mais selon des voies différentes notamment concernant le partage et la redistribution des ressources dans les différentes classes de la société.

On peut dater la tension qui traverse MdM entre ces deux cités à l’adoption du projet associatif qui a ouvert la mise en place d’un plan stratégique priorisant des axes thématiques. Le premier relevant clairement de la cité civique, le second de la cité par projetParadoxe inaugural ! La mise en pratique du plan stratégique lui-même suivi d’une pluralité de plans d’action a eu des effets délétères dont les plus importants sont la fragmentation de l’activité en axes prioritaires et la projection de ces axes dans l’illusion d’un avenir technologiquement maîtrisé. Les thématiques historiquement fortes dans l’association s’en sont trouvées naturellement renforcées (SSR et RDR notamment), au détriment d’une approche associant santé publique et transformation sociale, filles de la charte d’Ottawa. Dit autrement, de boites à outils contribuant à un objectif général de santé publique, les thématiques prioritaires se sont hissées à un niveau stratégique autonome. Même si le refrain de la transformation sociale est toujours repris dans les projets thématiques, dans les faits exit des paquets d’activité de renforcement des systèmes de santé, de la couverture universelle, de la gratuité des soins pour tous : exit la Cité civique ? Ces dernières années, la puissance de lobbying interne par thématique a été d’autant plus morcelante, qu’elle a été déniée dans le discours mainstream. Bien que présente et chronophage dans les pratiques ordinaires, cette question n’a jamais été traitée en plein jour. La concurrence entre thématiques existe mais dans le silence de l’organisation. La Cité par projet, par nature a-conflictuelle, est relativement bien adaptée à cette situation interne à MDM. Ce ne sont plus les réflexions débattues à moyen ou long terme qui guident les choix (alors que le discours dominant soutient le contraire à longueur de réunions « stratégiques ») mais des éléments déclenchés soit par une urgence, la force d’un lobbying, une opportunité de partenariats et ou de financements. A la marge, la stratégie peut orienter la machine « projet » vers de nouvelles thématiques prioritaires comme la santé-environnement ou la santé mentale. Encore plus à la limite, face à la résistance de certains acteurs « civiques », elle peut introduire les soins de santé primaires comme un axe parmi d’autres : cinquième ou sixième thématique prioritaire.  Encore faut-il qu’un lobbying efficace se constitue en interne à la fois du côté siège et salarié et du coté périphérie et militants. Ne nous étonnons plus que dans cette configuration plus personne n’ait le temps ni les moyens de recentrer le curseur du côté du renforcement des systèmes de santé et des soins de santé primaires !

Cité par projet, innovation et concurrence silencieuse

La Cité par projet promeut l’innovation, sa diffusion et sa pérennisation, c’est la doxa de tous les think-tanks entrepreneuriaux sévissant dans le monde libéral. L’innovation est expérimentation.  Elle est un des nouveaux moteurs de l’activité humanitaire particulièrement lorsqu’elle labellise des projets spécifiques appelés projets innovants.

La question à se poser dans une association mise en tension entre Cité civique et Cité par projet est celle de la difficulté à monter en généralité pour des projets innovants par nature expérimentaux, spécifiques, ciblés sur des sous-groupes ou des communautés vulnérables (femmes vulnérables, homosexuel (lle)s , travailleuses(rs) du sexe, …). Que ce soit sur les questions de prévention, de soins, de plaidoyer ou d’accès aux droits, comment penser la généralisation des projets innovants dans une politique qui vise le renforcement des systèmes de santé ? Le plus souvent, non seulement le passage de l’expérimentation à la généralisation n’a pas lieu, mais il n’est pas pensé en amont ou en aval par des humanitaires collés aux tableaux de bord imposés par les bailleurs. Dans le meilleur des cas, la plus-value ne dépasse pas le stade de l’échange de bonnes pratiques donnant lieu ou non à une guideline thématique (par ailleurs nécessaire et souvent de très bonne facture).

Entre la banalisation de l’innovation et (peut-être bientôt sa labellisation par les bailleurs devenue contrepartie de financement) et le développement d’une rhétorique s’en réclamant, la voie devient de plus en plus étroite pour penser civique. Entendons-nous bien : la sémantique qui allie projet et innovation n’est pas à bannir. Mais en l’absence de conscience claire de son usage idéologique dans le monde libéral, manipuler les projets innovants peut devenir un obstacle, amenant, à l’encontre de ce que voulait le projet associatif, à une dispersion des causes à défendre dont, en contre feu, l’affirmation de l’intersectionnalité peut apparaître comme un tour de passe-passe conceptuel. La question d’une analyse en termes de classes sociales est-elle devenue obsolète ou obscène à nos yeux ? Si c’est le cas, alors pourquoi réapparaît-t-elle après une décennie d’essoufflement dans le rapport moral du président de MdM en mai 2019 ?

Cité par projet et mode de gouvernance

La question de la démocratie interne est posée selon des angles différents dans la Cité civique et dans la Cité par projet. Dans la Cité civique, la démocratie élective organise la gouvernance mais elle est adossée à un mouvement collectif fort. En ce sens, on peut parler d’entreprise sociale ou sont traités trois types de questions : Quelles sont les parties prenantes qui participent à l’organisation ? Qui prend les décisions ? Y a-t-il une gouvernance démocratique (une personne, une voix) ? La dernière refonte des statuts élargit cette conception dans la filiation de la Cité civique. Pour autant, dans le même temps la transformation du processus réel de prise de décision, contrecarre en partie cette voix civique. Celui qui a le savoir étend son pouvoir. Au fil des ans, la sociologie des acteurs a beaucoup évolué. Le besoin d’expertise et de connaissance s’est diversifié au-delà de l’approche de santé publique. Dans un contexte de professionnalisation accrue du champ humanitaire, des experts professionnels ont été recrutés pour faire face aux besoins de nouvelles connaissances et aux « nouveaux » outils de ce champ humanitaire redéfini par la Cité par Projet ces derniers devenant des lors eux-mêmes des déterminants qui nous imposent de façon insidieuse notre façon de nous organiser et de nous penser ensemble.  Au canal historique des médecins humanitaires, s’est adjoint un nouveau canal « chargés de mission », nouveaux entrepreneurs sociaux, enjoints à être réceptifs aux sirènes attractives de la Cité par projet. Quasi « naturellement » cette nouvelle demande d’expertise a distribué ses ressources autour des axes prioritaires définis par le plan stratégique.

Lorsque le risque est réel d’enfermer l’innovation dans une entreprise de niches cosmétiques déconnectées des besoins fondamentaux de santé publique, il devient essentiel de repenser une visée de justice sociale qui selon les mots de Nancy Fraser conjugue reconnaissance et redistribution

En vis à vis de ce nouvel esprit du capitalisme qui traverse l’action humanitaire, il devient urgent de se demander comment nous appliquons concrètement nos principes fondateurs de solidarité, d’équité et de liberté. Continuer à faire de l’action humanitaire en temps néo libéral nécessite de re clarifier ses tenants et ses aboutissants idéologiques. Notre action pourrait s’accompagner d’une solide réflexion éthique mettant collectivement au travail cette tension récurrente entre Cité civique et Cité par projet avant qu’elle ne devienne un ordre institutionnel. L’éthique est le contraire de la neutralité morale, elle permet de repenser le sens de notre engagement. Si ces constats sont partagés, au-delà des places tenues par les uns ou les autres, une réflexion refondatrice d’une politique redessinant notre bien commun semble d’actualité à l’orée du second plan stratégique de Médecins du Monde.

 

Frédéric Jacquet, Luc Jarrige, Christian Laval et Joël Le Corre, précédemment membres du Conseil d’administration de MdM

14 Commentaires

  1. Réponse à cet article et au message de fin d’année 2019 de MDM
    Suite à votre message de fin d’année dont je vous remercie je ne peux m’empêcher de répondre plus longuement en faisant d’une pierre deux coups.
    En ce qui concerne l’article traitant de la cité civique ou par projets je pense qu’il faut avoir fait hypocagne pour l’appréhender en première lecture. J’utiliserais donc des termes plus simples du niveau bac +6! Parlons de la vraie vie. Quand je lis ou j’entends s’agissant des bénévoles:
    -…” sans vous que ferions nous?…” …” vous m’avez bluffé…” …”nous dénonçons toutes formes d’injustices, d’inégalités et de violences…”
    Je m’interroge: la délégation Normandie est ” démissionnée”, les anciens membres du CA se posent aussi des questions.
    Je fais alors très concrètement le lien avec ce qui s’est passé sur le terrain dans la délégation Alsace amputée de la Franche-Comté.
    Venons en au fait: en ces remps de climat perturbé nous avons eu le vent qui a semé la tempête, la pluie, la grêle et à présent la sécheresse des soins dentaires.
    Oui face à une gestion humaine indigne d’une ONG humanitaire, nous avons vu partir une salariée, nous avons vu des stagiaires écoeurées, une mission de Besançon virée avec violence, une équipe dentaire de 12 personnes refusant la dictature, des accueillants(tes) partir ou se réfugier dans des rôles à l’abri du coordinateur, des salariés recadrés par la DRH. Nous avons eu aussi un nouveau collège de cinq membres dont deux ont très vite démissionnés. Et tout ceci dans une relative indifférence… Désormais la voie est libre le coordinateur a fait le ” ménage” les bénévoles magnanimes marchent au pas.
    Donc au lieu de soigner, il vaut mieux témoigner ( de quoi? )plaidoyer, gérer , faire des économies et se montrer au Conseil de l’Europe.
    Le climat s’est brusquement assagi, le cabinet dentaire est désert, les couloirs se vident, des bénévoles s’ennuient, l’objectif est atteint: tous les patients ou presque sont orientés vers la PASS, l’hôpital se portant tellement bien pendant ces temps de grève, ils ouvrirons leurs bras fatigués à nos anciens patients.
    En parlant de chiffres on a toujours connaissance du nombre de bénévoles actifs, mais jamais on ne compte ceux qui sont partis. D’ailleurs s’en préoccupe t-on?
    Pour terminer une belle anecdote, si vous avez plus de curiosité que d’impatience: l’ARS de Besançon avait semble t-il promis d’augmenter les moyens de la PASS et justifier ainsi la fermeture de la mission MDM qui économise au passage la bagatelle de 20 000e environ!
    En octobre dernier un nouveau centre de soins médicaux et dentaire a été inauguré sous l’égide de la Croix Rouge cette fois en présence de la suppléante du député , d’un responsable de la ville et du patron de l’ARS que du beau monde! Devinez qui sont les bénévoles? Les anciens de MDM!! A bon entendeur salut! Merci de m’avoir lu jusqu’au bout! claude scheffler ancien membre du collège et ancien responsable du cabinet dentaire à Strasbourg.

  2. Merci pour cet article . Je ne suis pas sur d’etre assez intelligent pour tout comprendre et appréhender. Je reste persuadé et ce n’est pas une critique c’est une constatation que Médecins du Monde France, je ne connais pas les autres MdM à mon grand regret, est basé sur une structure hospitalière qui voit les personnes non pas par appareil mais par situation: migrants, usagers de drogues, personnes se prostituant, réfugiés, demandeurs d’asile. Je suis médecin généraliste et il est vrai que c’est une césure que je ne comprends pas, je soigne les personnes dans leur globalité, d’ailleurs elles peuvent être sans papiers, vivant en squat, se prostituant occasionnellement, sans suivi de grossesse et gynécologique et avec une OQTF et je les soigne dans une relation bipartite, j’apporte mes compétences, mon savoir, mes idées, je donne mon avis, idem pour l’Autre et ensuite nous faisons le chemin vers la prise en charge que nous acceptons tous les 2 comme la plus pertinente. Souvent bien éloigné des livres et des recommandations.Ca c’est dans l’idéal, personne n’est parfait… Ensuite celà se fait selon l’urgence et les nécessités du quotidien en acceptant que, non, tout ne sera pas réglé aujourd’hui mais au fur et à mesure et puis quelquefois pas, malheureusement. J’espère qu’un jour Médecins du Monde arrêtera ce découpage systématique, utile à l’hôpital je ne le nie pas mais particulièrement inadapté en fait dans la vie. Car les soins primaires c’est soigner les gens dans la vie de tous les jours. Posons nous la question de qui nous sommes, de pourquoi nous soignons et quel est l’enjeu.Si nous faisons des soins primaires et je le crois sincèrement alors pensons en soins primaires. Nous pourrons ensuite développer pleins de concept très jolis et très savants. 🙂

  3. Et pendant ce temps là la souffrance continue ,a encore de beaux jours devant elle , le Caso se vide ,de MDM on ne parle presque plus , dans la presse locale en tous cas ” c’est le but affirmait un ancien coordo ” !!??
    Regrets….

  4. Merci pour cette analyse très pertinente que je partage moi aussi même si je n’ai que 11 ans d’ancienneté à MDM.

    J’ai quelques craintes pourtant que si on s’en tient à la distinction de ces 2 cités (civique et de projet) sans y prendre garde on continuera à opposer les bénévoles et les salariés comme il m’a été donné de le constater aussi bien au niveau de notre délégation qu’au niveau des réunions nationales. Je crois que c’est une erreur profonde de confondre les salariés avec la cité de projet comme s’ils n’avaient pas de qualités civiques. Depuis que je suis à MDM je constate le profond engagement des salariés aux valeurs que nous défendons. L’autre erreur serait de prendre la qualité intrinsèque de bénévole comme exempte de toute imperfection.
    Dernièrement, un ancien délégué regrettait que MDM « elle n’est plus cette association romantique qui protestait. » Malheureusement (ou peut-être heureusement) le métier de médecin que je pratique tous les jours depuis 30 ans est devenu moins romantique et se complexifie entre les recommandations et les exigences de toutes sortes des autorités et des patients. On peut le regretter mais c’est inéluctable. J’essaye d’apprendre à mes internes à connaître les recommandations mais leur demande aussi les critiquer.

    La nostalgie n’a pas que du bon. Pour ne parler que du soin, l’évolution veut que nous suivions une obligation de moyens pour nos patients; hors les nôtres sont très limités. On ne peut se satisfaire des soins que nous donnons dans nos Caso ou cliniques mobiles. Nos patients ont droit aux mêmes attentions que tout autre.

    Y a t’il une possibilité de concilier ces deux voies ? Y t’il une place pour une société idéale comme nous pourrions l’imaginer ? Pour moi oui, parce que nous avons la chance de rassembler toutes nos personnalités autour d’un idéal commun. N’ayons pas peur de construire une cité idéale. Ce n’est qu’en ayant des objectifs ambitieux que nous pourrons progresser tous ensemble sans opposer les personnes.

  5. Jusqu’en février 2019 au moins il existait 32 instances co- décisionnelles pour faire fonctionner MDM France. Cela n’a pas grand chose à voir, par essence, avec une vision libérale, et relèverait plutôt du carcan totalitaire. Même les entreprises n’en ont pas autant ( ou alors elles savent faire fonctionner ensemble leurs instances)

    • Merci pour cette analyse très pertinente que je partage moi aussi même si je n’ai que 11 ans d’ancienneté à MDM.

      J’ai quelques craintes pourtant que si on s’en tient à la distinction de ces 2 cités (civique et de projet) sans y prendre garde on continuera à opposer les bénévoles et les salariés comme il m’a été donné de le constater aussi bien au niveau de notre délégation qu’au niveau des réunions nationales. Je crois que c’est une erreur profonde de confondre les salariés avec la cité de projet comme s’ils n’avaient pas de qualités civiques. Depuis que je suis à MDM je constate le profond engagement des salariés aux valeurs que nous défendons. L’autre erreur serait de prendre la qualité intrinsèque de bénévole comme exempte de toute imperfection.
      Dernièrement, un ancien délégué regrettait que MDM « elle n’est plus cette association romantique qui protestait. » Malheureusement (ou peut-être heureusement) le métier de médecin que je pratique tous les jours depuis 30 ans est devenu moins romantique et se complexifie entre les recommandations et les exigences de toutes sortes des autorités et des patients. On peut le regretter mais c’est inéluctable. J’essaye d’apprendre à mes internes à connaître les recommandations mais leur demande aussi les critiquer.

      La nostalgie n’a pas que du bon. Pour ne parler que du soin, l’évolution veut que nous suivions une obligation de moyens pour nos patients; hors les nôtres sont très limités. On ne peut se satisfaire des soins que nous donnons dans nos Caso ou cliniques mobiles. Nos patients ont droit aux mêmes attentions que tout autre.

      Y a t’il une possibilité de concilier ces deux voies ? Y t’il une place pour une société idéale comme nous pourrions l’imaginer ? Pour moi oui, parce que nous avons la chance de rassembler toutes nos personnalités autour d’un idéal commun. N’ayons pas peur de construire une cité idéale. Ce n’est qu’en ayant des objectifs ambitieux que nous pourrons progresser tous ensemble sans opposer les personnes.

      Bien amicalement à tous.

  6. Cette discussion vient d’avoir lieu dans la délégation normande . Appelée « conflit de gouvernance » , le siège y a mis fin, revendiquant une politique de « table rase » ( sic ) , notamment en démissionnant tous les membres du collège régional qui ont alors quitté l’association

  7. Analyse pertinente et très intéressante qui mériterait une synthèse plus accessible. L’approche par l’analyse comparée entre les 2 cités permet de comprendre le malaise qui traverse depuis quelques années l’association en particulier sur les questions des choix et de la décision.
    Remerciements et félicitations aux auteurs de ce travail difficile.

  8. Merci pour cette analyse qui correspond à la dérive que je constate actuellement. Dans nos délégations régionales, ni les RM, ni les Coordo des mission n’ont le pouvoir de décision si ils sont en désaccord avec les Directions du Siège. Directions qui sont plus sensibles à l’impact médiatique et financier qu’aux réels besoins humanitaires. Les bénévoles et les adhérents doivent reprendre la parole et le pouvoir qu’ils ont laissé aux administratifs de notre association.

  9. Luc, Fred, Christian et Joël, merci. Merci pour votre article et réflexions, certes très intellectuel, mais oh combien juste dans l’analyse et qui me fait mieux comprendre mon éloignement de MdM siège, et celui d’autres.

  10. Merci à nos lecteurs attentifs!
    Je souscris à cette analyse, MdM s’accommode trop bien à cette “Cité par projets” qui n’est plus suffisamment en tension avec la “cité civique”…
    Amicalement
    Jean-maurice Salen
    Strasbourg

  11. Merci les Amis, cela fait le plus grand bien de vous lire et de partager vos idées . Je reste à propos de la co gestion et co construction au sein de notre association déçu du manque de fluidité et de mouvements, permettant d’intégrer des personnes directement concernées de part leur état de vie , dans la co construction de savoirs faire et savoirs être, nécessaires à un “civisme cité” comme au coeur de notre action . Le maintien du “souvenir et de la culture de la maison” justifient ils le maintien d’une spirale ascendante dans les cercles de la décision, difficiles à quitter, au risque de “capitaliser” des fonctions et reconnaissances, sans ouvrir les fenêtres à la fraicheur du renouvellement des feuilles et du retour à un enracinement de base, plus civique que projeté ?

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