Appel du siège « On a un poste pour toi, ça te dit l’Iraq ?»

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 Marie et Bassima en salle de consultation à Chamishku camp

– «L’Iraaaaq ?» Je reste sans voix.

– «Tu verras, la mission est top et c’est challenging» !

Challenging, après coup, est-ce vraiment le terme que j’utiliserais pour décrire cette mission ?

L’annonce à mes proches s’est faite en pleine médiatisation de la crise des migrants et tous sont restés, à leur tour, sans réaction ! Pour tous, l’Irak est automatiquement synonyme de Saddam Hussein et des images de guerre.
Il n’empêche, me voici partie pour 6 mois aux origines du flux migratoire, dans des paysages inhospitaliers mais dans un pays possédant une riche diversité ethnique.

Ma première visite de terrain s’est faite à Dohuk où Médecins du Monde supporte deux centres de santé au milieu de camps de déplacés. Dawodia compte 4.000 personnes et Chamishku en dénombre pour sa part 25.000.
Alors que l’Europe s’interroge sur le nombre de migrants à accueillir, je me trouve face à un camp de 4.000 tentes, 17 écoles et 1 centre santé… Notre centre.
Toutes ces personnes sont là avec un objectif en tête: leur survie ! Ils sont partis pour fuir les bombes, les mines, l’invasion de l’EI, les massacres, les enlèvements, etc.

A l’intérieur, je me sens toute petite, je n’ai pas assez de mes deux yeux pour observer toutes les personnes. Je reste scotchée face à tous ces regards profonds, tous les habits traditionnels que je croise. Encore une fois, je suis impressionnée de constater à quel point la vie reprend rapidement ses droits. Des commerces de fortune se montent le long des allées, les aînés se rassemblent pour discuter et les enfants courent et jouent dans tous les coins.
C’est exactement le même sentiment qui m’envahit dans le centre de santé. La vie reprend et s’organise.

La majorité de notre équipe médicale vit dans le camp, beaucoup sont Yezidis et parlent Kurde. D’ailleurs notre réunion d’équipe se tient dans la langue locale. Le hic est que la langue Kurde ne faisait pas partie du programme scolaire en Belgique. Lors de la première réunion, le médecin de l’équipe est venu s’asseoir spontanément à côté de moi et m’a dit «je veux être ton traducteur, tu es venu aider mon peuple et je veux te remercier». Un geste qui m’a vraiment touché.

Voilà, intense c’est finalement le terme que j’utiliserais pour décrire cette mission.

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