Afghanistan et Pakistan : les recommandations stratégiques de MdM

0

Le 30 janvier dernier s’est tenu au siège de MdM un espace de réflexion et sur les urgences et les crises (ERUC) dédié à L’Afghanistan et au Pakistan. Ce document fait part à nos lecteurs des conclusions et des recommandations de cet ERUC

Cette réunion organisée à l’initiative des co-responsables de mission  Pakistan et du groupe Asie avait pour objectifs :

– De faire un état des lieux de la situation humanitaire dans la région du KPK Pakistan concernant les personnes déplacées et victimes du conflit entre armée Pakistanaise et insurgés
– D’évaluer la situation de ces mêmes déplacés ayant trouvé refuge sur le territoire Afghan.
– De reconsidérer l’espace humanitaire Afghan après le chamboulement géopolitique dû au retrait des armées étrangères et à la mise en place du nouveau gouvernement Afghan.

Intervenants

Georges Lefeuvre : anthropologue et analyste politique spécialiste des questions afghanes et pakistanaises
Graeme Smith : consultant chez International Crisis Group en Afghanistan
Sophie Desoulières : consultante chez International Crisis Group au Pakistan
Owen Breuil : coordinateur MdM en Palestine. Cinq années de mission en Afghanistan.
Pierre Micheletti : ancien président de MdM. Auteur de livres et de nombreuses publications sur l’Afghanistan

Animation

Christian Laval : membre du conseil d’administration, sociologue
Marc Tyrant : responsable de mission (RM) au Pakistan
Olivier Maguet : membre du conseil d’administration. Ancien RM en Afghanistan

Conclusions

1. La complexité d’un contexte que la détribalisation rend très mouvant. La veille et l’analyse contextuelle sont indispensables.
2. On bascule d’une intervention par pays à une intervention transnationale avec des frontières qui ne délimitent plus nos périmètres d’intervention
3. En l’état actuel, il est impossible de mener des actions “invasives”. Nous assistons à une inversion du paradigme et il faut composer avec tous les acteurs intervenant dans la région
4. Il faut « oublier » nos modèles occidentaux et repenser les interventions au niveau local, voire micro local ce qui implique de se positionner sur des territoires très réduits avec des contacts très localisés.
5. S’il y a des liens locaux nous pourrons retourner en Afghanistan, sinon c’est impossible
6. Le contexte de crise chronique, très volatile, nous oblige à penser autrement nos actions. Il paraît préférable d’avoir une porte d’entrée généraliste quitte à affiner ensuite. Deux axes sont possibles : l’entrée sanitaire et l’entrée micro partenaires. Il faut se poser la question de ce que l’on est prêt à accepter et à lâcher et jusqu’où l’on va dans l’acceptation. Il faudrait mieux travailler d’emblée avec le service public et peut-être revoir la politique RH sur ce type de terrain afin d’améliorer les conditions de travail du staff national qui est la pierre angulaire dans ces contextes
7. Ne pas confondre le principe de précaution qui suppose que l’on ne fait rien et le fait de penser aux conditions de sécurité (quels types d’approches, quels lieux, quelles thématiques) afin de limiter les risques qui sont de toute façon inhérents
8 Il est très compliqué mais possible de travailler là-bas.

Recommandations

1. Continuer à réfléchir en termes d’approches transnationales. Parler non plus de pays mais de dynamiques
2. Les réfugiés constituent une population cible pertinente
3. L’analyse des risques sécuritaires est un prérequis avant toute action en gardant en tête que le contexte violent restera d’actualité dans les années à venir
4. Partager les analyses avec la Cellule urgences et la DOI de manière globale, au-delà du périmètre de l’ERUC. Faire notamment le rapprochement avec les autres crises où l’on intervient dans des zones transnationales : crise syrienne, Ebola, crise africaine etc. et mettre en place par la Cellule urgences un transfert de compétences acquises
5. Réfléchir à l’espace d’intervention : volume, lieu, problématique. Mieux coller aux terrains et sortir de l’approche idéologique
6. La consolidation des moyens humains est indispensable pour une approche Afghanistan/Pakistan mutualisée

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here