Accompagne-moi si tu peux !

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Accompagner (vers le droit commun) est une mission sensible et essentielle à MdM. L’objectif  est de garantir l’accès aux soins pour tous, tout en proposant un parcours de soin adapté à chacun.

Dès lors, l’accompagnement physique devient capital pour garantir la continuité des soins lors de l’orientation vers les structures de droit commun. Il s’agit d’accompagner les patients les plus vulnérables, pour les aider à surmonter les difficultés, tout en les amenant vers leur propre « autonomisation » dans leur parcours de soin.

Accompagner les patients…

Les accompagnements sont aussi un bon moyen de s’assurer que les patients soient bien pris en charge. Les témoignages des accompagnateurs permettent d’alimenter un recueil de données mettant en lumière les aspects positifs et les dysfonctionnements de l’accès aux soins. Ces observations sont essentielles à la rédaction d’un plaidoyer fondé sur des données factuelles, mettant les professionnels face à leur responsabilité.

Parmi les dysfonctionnements, l’équipe d’accompagnateurs a pu par exemple constater la difficulté pour les patients d’être refoulés d’une consultation dite « libre », car des rendez-vous avaient en réalité été fixés pour d’autres personnes, ce qui a entrainé des retards dans leur prise en charge.

…mais aussi les professionnels de santé

Accompagner, c’est soutenir les patients qui en expriment le besoin, c’est s’assurer que le « droit commun » remplit sa mission, mais c’est aussi parfois renseigner certains professionnels désarmés face à des populations n’ayant pas les mêmes problèmes ni les mêmes droits que leurs patients habituels.

Tel a été le cas le jour où j’ai dû accompagner en urgence une patiente dans un hôpital lyonnais. Albanaise, sans droits potentiels en matière de protection sociale, elle ne parlait que quelques mots de français et éprouvait des difficultés physiques à se déplacer. Les démarches administratives furent longues. A l’hôpital, il m’aura fallu courir d’un guichet à l’autre. Me voir passer devant la salle d’attente à grande enjambées aura au moins eu le mérite de la faire rire. Arrivés à 1 4h30 nous ne repartirons qu’après 19h… nous étions aux urgences !

La réelle difficulté fut de savoir comment se procurer les médicaments et où s’adresser pour que la patiente puisse passer son examen, l’interne et le personnel à l’accueil étaient par ailleurs dans l’incapacité de m’éclairer sur la question. L’assistante sociale étant rentrée chez elle, nous ne pouvions récupérer un document rédigé de sa main, nécessaire pour retirer les médicaments. C’est alors que commence le jeu de la patate chaude. Le lendemain, l’assistante sociale de l’hôpital me renvoyait vers la PASS de l’hôpital Edouard Herriot tandis que l’infirmière de la PASS me sommait de recontacter l’hôpital. Après avoir passé ¾ d’heure au téléphone avec l’assistante sociale, le service de radiologie, j’aurai enfin ma réponse !

Imaginez la difficulté pour une patiente mal en point, ne maitrisant pas le français et ayant une connaissance approximative de ses droits. Malgré la complexité, cette patiente a pu bénéficier d’une bonne prise en charge. Elle connait dorénavant l’hôpital et aura bientôt l’Aide Médical d’Etat. De plus, le parcours de soin « généralisable » pour ce genre de cas particulier est mieux compris par l’assistante sociale et par moi-même. Mission accomplie !

…une mission enrichissante et de longue haleine !

Les accompagnements sont aussi source d’enrichissement pour les accompagnateurs. C’est la possibilité pour les bénévoles de mieux connaitre les structures ; les conseils et explications délivrés aux patients ne peuvent alors être que plus justes. C’est aussi un moyen de passer des moments privilégiés avec les patients, au-delà des questions de santé. Ces moments permettent de mieux saisir les parcours personnels, les logiques migratoires et les expériences vécues par ces personnes. C’est encore une diversification de son engagement en tant que bénévole : rassurer une personne que le stress aurait envahi, utiliser ses connaissances du droit et des procédures pour faciliter les démarches, soutenir une personne qui seule aurait renoncé à se faire soigner, etc. Certains ont manifesté leur reconnaissance en tenant à m’offrir un café, d’autres m’ont proposé de m’enseigner leur langue ou souhaitaient m’aider à trouver une femme à marier. L’accompagnateur a donc un rôle essentiel. Fort de ce constat, des accompagnements sont réalisés par des bénévoles de MdM depuis plusieurs années. Sur l’année 201 4, c’est presque 200 accompagnements effectués, dont plus de 87% ont été honorés, et les estimations pour 201 5 suggèrent une augmentation. Toutefois, les accompagnateurs sont encore trop peu nombreux par rapport aux besoins.

Il est primordial de renforcer le nombre d’accompagnateurs afin de créer une véritable passerelle entre MdM et les structures du droit commun.

Nous espérons vivement que vous serez nombreux à vouloir rejoindre l’équipe !

Brice Bouvier, stagiaire

 

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