Les fumoirs à Abidjan : un énorme défi pour MdM

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Photo devant la clinique mobile d’Espace Confiance (partenaire de mise en oeuvre du projet) dans la commune de Treichville, Abidjan. Du staff MdM : Jérôme Evanno (coordinateur du projet), Ibrahim Khalil (superviseur des éducateurs pairs), Dr Dézè Charlotte (coordinatrice médicale) et 3 éducateurs pairs : Satmo, Emma et Amessan. Sont aussi présents des répresentants d’Espace confiance et de l’association communautaire Foyer du Bonheur, des membres de la communauté/bénéficiaires et un relais communautaire.

Départ tôt le matin dans un Abidjan tentaculaire et déjà sous pression. Je suis avec le chauffeur, deux éducateurs pairs et Jérôme, le coordinateur du projet de réduction des risques en Côte d’Ivoire. Le premier ghetto-fumoir se trouve dans un quartier éloigné, difficile d’accès, entouré de bidonvilles et au bord d’une rivière insalubre, lieu totalement improbable. Environ 30, 40 personnes, peut-être plus, des hommes en majorité. Nous sommes accueillis de manière protocolaire par le « babatche »(maitre des lieux) avec qui nous partageons la « cigarette » de bienvenue.  L’équipe distribue café, compléments alimentaires, flyers de prévention sur le VIH, les hépatites, le Pao (héroïne), embouts stériles pour la prise de Yo (cocaïne), préservatifs. Les discussions se font avec les uns et les autres dans une atmosphère d’agitation permanente…désir d’arrêter, de se soigner et puis la discussion glisse ailleurs… Le deuxième fumoir se situe au milieu de monceaux de déchets et de détritus près d’une rivière sans couleur. Le lieu est plus ouvert, un peu moins oppressant. La demande médicale est toujours insistante, fréquente, la parole toujours abondante. De petits groupes d’animation et de sensibilisation se forment autour des éducateurs et des relais communautaires.

On ressort de ces rencontres secoué et impressionné :

Secoué en raison de l’ampleur du phénomène, de l’extrême précarité des usagers, des dégâts sanitaires et sociaux majeurs, de l’absence totale de prise en charge médicale, des violences physiques et morales subies.

Impressionné par la pertinence du projet MdM, son approche communautaire et de réductions des risques exemplaire avec comme perspectives l’accompagnement, le soutien et la prévention de cette communauté isolée et un possible changement de la logique de criminalisation et de répression des usagers.

C’est un énorme défi qui est proposé à l’ensemble de l’équipe MdM Côte d’Ivoire et un enjeu majeur pour le plaidoyer de MdM à l’international et, particulièrement, en Afrique. 

Philippe De Botton, médecin endocrinologue et diabétologue, membre du CA de MdM

Accès aux soins des usagers de drogues précaires à Abidjan

 

Lancement du programme : janvier 2015, pour deux ans et demi
Partenaires : I5PC, AFD, La Croix Bleue , Espace Confiance et ASAPSU

En 2014, Médecins du Monde a mené une étude, Ya pas drap ! , auprès de 450 usagers de drogues à Abidjan. Le taux de prévalence du VIH est particulièrement élevé parmi cette population également touchée par la tuberculose et l’hépatite B. Cette situation est encore aggravée par la stigmatisation et des conditions de vie extrêmement précaires dans des zones insalubres.

Cette étude a permis le lancement de ce nouveau projet visant à améliorer l’accès aux soins des usagers de drogues et à renforcer leurs capacités, notamment par la mise en place de groupes d’auto-support.

Un plaidoyer est également mené auprès des autorités pour améliorer les protocoles de prise en charge des usagers de drogues dans le système sanitaire et pour renforcer l’approche de réduction des risques dans le pays.

 

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