Bienvenue au Liberia « ebola-free » !

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Luc Jarrige, vice-président de MdM France avec l’équipe MdM Libéria

Prise de température à l’entrée de chaque bâtiment public, lavage des mains à l’eau chlorée, simple salut sans contact… Bienvenue au Liberia « Ebola-free » !

Pas de nouveau cas recensé depuis le 9 mai 2015. Les autorités sanitaires et épidémiologiques attribuent désormais le contrôle de l’épidémie à une double offensive : isolement/traitement des malades dans les centre de traitement Ebola (ETU), puis dépistage et contrôle de la transmission épidémique par l’information, la prévention et l’hygiène. Le virus Ebola est contenu dans les fluides corporels des malades infectés et se transmet par contact direct. La mobilisation des communautés des quartiers périphériques les plus atteints aura été primordiale.

 

La « réponse Ebola » élaborée par la Cellule urgence en août 2014 s’articule autour de 2 volets principaux : la lutte contre la propagation de l’épidémie à travers la formation des personnels de santé et la participation des communautés, et le maintien du système de soins de santé primaires, alors que les premières victimes de l’épidémie ont été les agents des structures sanitaires. Un soutien psychologique est également fourni au personnel des centres et aux travailleurs communautaires.

Près de 440 agents de prévention travaillent dans les quartiers marécageux de la périphérie de Monrovia les plus touchés par l’épidémie, couvrant 28 quartiers en relation avec 5 centres de santé. Malgré ce dangereux contexte, aucune contamination n’est à déplorer dans nos équipes.

Aujourd’hui, alors que la crise semble sous contrôle de nombreuses incertitudes demeurent : nombre réel de cas dans les villages de l’intérieur, réactivation potentielle du virus au cours d’une grossesse, risque de réactivation à partir de la Guinée…

Certains constats s’imposent cependant:

  • Avec près de 200 personnels de santé décédés dans les structures périphériques, le système de santé a payé un lourd tribut à l’épidémie. La confiance de la population, regagnée par la sensibilisation communautaire, ne revient que peu à peu. L’hôpital Charles Dunbar à Gbarnga, où MdM a travaillé de 2003 à 2013 et qui accueille habituellement 160 accouchements par mois, n’en comptait plus que 6 en août. Ce chiffre est progressivement remonté depuis.
  • Dans les 5 structures appuyées actuellement par le programme MdM, les 400 agents communautaires et la réactivation des Comités de santé (CHCD) contribuent à recréer un climat de confiance, et la fréquentation des centres est en nette augmentation.
  • Les derniers grands ETU construits en octobre-novembre n’ont tourné qu’à 10-15% à peine de leur capacité. La plupart sont désormais démantelés. Que reste-t-il finalement pour le Liberia des sommes colossales engagées dans ces infrastructures, alors même que les premiers acteurs de la crise (tels que MSF) remettaient déjà en cause la multiplication des grands centres de traitements au profit de petites unités d’isolement installées près des grands centres de santé existants ?
  • La stratégie “communautaire”, choisie dès le début par MdM et qui consiste à restaurer l’accès aux soins en périphérie et à déployer des agents de prévention dans les quartiers les plus reculés, est désormais reconnue comme l’un des éléments primordiaux dans le contrôle de l’épidémie.
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Le programme de Médecins du Monde est porté par une équipe engagée et unie, avec un coordinateur général, Pierre Sallah, plébiscité par tous. Pour nos partenaires, et pour les autorités de Monrovia et le MOH, MdM est l’une des rares NGO à être restée pendant la crise.

Le programme de cliniques mobiles dans les “ghettos” auprès des ex-combattants marginalisés, (accès aux soins et santé mentale avec implication d’associations locales et de structures sanitaires) débuté en mai 2014 et interrompu par l’épidémie a également laissé une forte impression auprès de nos partenaires et bailleurs.

L’équipe est mobilisée pour travailler sur la stratégie de transition post-Ebola (recovery-phase) : restauration de l’accès aux soins, prévention des infections / vigilance épidémiologique dans les communautés, voire réouverture possible du programme ghettos dont l’expertise, notamment en santé mentale, et le réseau de partenaires, pourraient bénéficier au programme de santé communautaire .

Voilà, quelques lignes pour résumer au mieux mes impressions sur un programme super militant, avec une réelle plus-value, et un accueil très chaleureux par une équipe qui mérite un grand coup de chapeau collectif…

Salut Amical,

Luc

 

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