Pour le premier anniversaire du lancement du dispositif “Pass de ville” une exposition photo leur est consacrée, à la Fabulerie.
Ils sont migrants, exilés, sans domicile fixe, parents isolés ou tout simplement précaires… Ce sont des invisibles comme on les surnomme. Pourtant, ils s’appellent Kashka, Victoria, Salam, Nadia… Cabossés par la vie, ils témoignent aujourd’hui, de leur renaissance.
Dans la grande salle de la Fabulerie (1er), leurs visages et leurs histoires s’affichent.
Médecins du monde qui s’occupe au quotidien des plus précaires les a mis en lumière grâce à une remarquable exposition photo.
L’association a souhaité ainsi dresser le bilan, un an après le lancement du dispositif “Pass de ville” pour permanence d’accès aux soins de santé. Expérimenté en Île-de-France depuis plusieurs années, ce dispositif porté par Médecins du Monde et l’URPS Médecins libéraux Paca a été lancé sur Marseille en janvier dernier pour une durée de trois ans. Son ambition : permettre aux plus précaires, même sans couverture maladie d’être soignés. Pris en charge par des médecins de ville, ces patients bénéficient d’un parcours de soins complet sans avancer les frais, le temps d’obtenir une couverture qui est garantie par une convention entre Médecins du Monde et l’Assurance maladie.
“Pour les plus démunis, l’accès aux soins se heurte à des obstacles insurmontables, confirme Simon Lavabre, coordinateur de Médecins du Monde à Marseille. Entre la méconnaissance des droits, la démotivation face aux démarches administratives, la barrière de la langue, les difficultés financières, sont autant de freins qui les excluent du soin.”
Et même si la couverture maladie ne peut être obtenue, alors “Pass de ville” finance les honoraires grâce à l’enveloppe financière “prévue par les textes officiels pour les patients non éligibles à une couverture maladie.”
En un an, 1 000 Marseillais ont cessé de renoncer à se soigner.
Face à ces visages, le Dr Laurent Saccomano, président de l’URPS Médecins libéraux Paca, ne pouvait dissimuler sa “grande satisfaction” de voir “ces sourires visibles mais qui cachent une terrible détresse quand on lit les textes qui les accompagnent. C’est le reflet d’une très grande souffrance. Il me conforte dans l’implication de l’URPS. Cela a du sens.” Si la dizaine de médecins impliqués à Marseille, n’a pas “hésité à consacrer du temps pour recevoir les patients et les orienter”, il souhaite étendre le dispositif. “Notre but c’est de ne pas se concentrer dans le centre-ville mais de développer ce système dans d’autres secteurs de Marseille. Je pense en priorité aux établissements qui accueillent les soins non programmés comme la Maison médicale de garde de La Timone.”
Il a aussi dans son viseur les étudiants. “Faute de moyens ou de temps ou tout simplement parce qu’ils pensent ne pas y avoir droit, certains se détournent des soins et on n’en parle pas assez. On a beaucoup de progrès à faire.”