Unsung Heroes : visages et témoignages

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Livre et Expositions co-produits par MdM et Denis Rouvre, préfaces de Catherine Giboin, vice-présidente de MdM, Denis Rouvre, photographe et Dr Mukwege, gynécologue prix Nobel de la Paix

Construit conjointement par Médecins du Monde et Denis Rouvre, ce projet photographique rassemble quelque 60 portraits et témoignages de femmes un livre et une exposition itinérante. Rencontrées sur les terrains de nos programmes, toutes racontent les violences institutionnelles, sociétales, domestiques, morales et physiques auxquelles elles sont exposées. Unsung Heroes (héroïnes méconnues) donne à voir et à entendre l’injustice faite aux femmes à travers le monde. Mais aussi leur acte de résistance, leur engagement, leur volonté de faire évoluer les consciences et de défendre leurs droits bafoués.

Initié il y a un peu plus d’un an, Unsung Heroes s’inscrit au cœur du mandat de MdM qui s’engage depuis près de 40 ans à témoigner des entraves constatées et dénoncer les atteintes à la dignité. Le droit des femmes à disposer de leur corps, à décider de leur sexualité, de leur santé et de leur vie, partout dans le monde, est un levier de progrès vers l’égalité de genre, un sujet au centre de nos combats.

Denis Rouvre, photographe réputé pour ses portraits de personnalités publiques, focalise son objectif depuis quelques années sur des personnes anonymes aux vies ordinaires et aux destins extraordinaires, ceux qu’il nomme lui-même les « figures héroïques ». Ses séries personnelles, recherches sur la puissance et la fragilité de l’être humain, sont exposées en France et à l’étranger. 
L’artiste et l’association ont déjà collaboré à deux occasions, Regardons la précarité en face et Mise au Poing. De nombreux déplacements à travers des contextes difficiles et des situations parfois délicates, ont scellé un rapport de confiance entre l’artiste et nos équipes. Avec Unsung Heroes, Denis Rouvre a su mettre en lumière et sublimer ces femmes violentées par son expertise et sa spécificité de portraitiste. Le choix du format portrait est important, il favorise la proximité et réduit la distance entre ces héroïnes et le public.

BASANTI - Népal
BASANTI – Népal
© Denis Rouvre
RAJVA – Liban
© Denis Rouvre
DORINE et DIANA- Grande Bretagne
© Denis Rouvre
ÉLYSÉE - République démocratique du Congo
ÉLYSÉE – République démocratique du Congo
© Denis Rouvre

 

Début 2018, l’esquisse du projet a été présentée à la Fondation Chanel dont la mission sociale est l’empowerement des femmes et qui soutient plusieurs projets de MdM auprès des migrantes et des réfugiées (Saint-Denis, Bordeaux, Italie, Grèce, Croatie) depuis 2017 . Très bien reçu, Unsung Heroes a bénéficié d’un important apport financier sans lequel le projet n’aurait pu prendre une telle ampleur. Ce soutien marque le fruit d’un réel engagement sur des causes communes, la fondation ayant notamment accompagné le lancement de l’exposition à Genève le 8 mars dernier. . C’est la première fois qu’une campagne de communication et de plaidoyer de MdM bénéficie d’un financement privé.

Le réseau international a également pour la première fois collaboré dès la production des reportages : une partie des témoignages proviennent de femmes rencontrées sur des programmes de MdM Belgique, MdM Suisse, MdM Espagne et MdM Angleterre. Une exposition est déjà prévue en Belgique, à la kazerne Dossin, en mars 2020. D’autres suivront en Europe et dans le monde. Pour plus d’information : leslie.cohen@medecinsdumonde.net

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2019, cinq des soixante portraits ont été révélés, jour par jour, étendant ainsi la communication autour des Droits des Femmes à la semaine entière. 

Affichage sauvage Paris
Affichage sauvage Paris

 

 

Éditions Textuel
Parution prévue en novembre
160 pages – 29 euros

L’ouvrage Unsung Heroes, elles brisent le silence rassemble les portraits et témoignages du projet photographique créé par Médecins du Monde et Denis Rouvre. Il prolonge le geste politique, artistique et humain qu’est Unsung Heroes. Un recueil d’histoires ordinaires, singulières, bouleversantes, où s’exprime la violence du monde.

 

Préfaces de Catherine Giboin, vice-présidente de MdM, Denis Rouvre, photographe et Dr Mukwege, gynécologue prix Nobel de la Paix

 

« Il suffit d’écouter les femmes », affirmait Simone Veil lors de la présentation du projet de loi sur l’IVG à l’Assemblée nationale en 1974. Comme une évidence qu’il fallait alors rappeler à un hémicycle essentiellement masculin. Une évidence qu’aujourd’hui encore nous devons répéter tant la parole des femmes à travers le monde demeure inaudible, tant leur opinion dans les affaires qui les concernent est méprisée. Il faut respecter la voix des femmes. C’est un principe essentiel de Médecins du Monde, une nécessité pour qui veut défendre leurs droits et leur santé. Ce projet photographique écrit avec Denis Rouvre oppose au silence les visages et les mots de dizaines de femmes.
Un geste politique, artistique et humain qui entend porter à l’attention du plus grand nombre des histoires ordinaires, singulières, bouleversantes, où s’exprime la violence du monde.
Unsung Heroes, ce sont des luttes muettes, nourries d’actes de survie quotidienne et de résilience. Ce sont des vies d’engagement au service de toutes, une inlassable révolte face à l’injustice. Unsung Heroes, c’est une chambre d’écho où se répercutent les messages d’espoir de millions de femmes et où l’on entend, pour peu que l’on veuille écouter, le murmure du changement, la transformation sociale qu’en tant qu’ONG humanitaire nous soutenons et accompagnons. Les droits des femmes, en matière de santé et dans bien d’autres domaines, ne sont jamais acquis. Chaque jour, nous l’observons, ils sont remis en cause, bafoués, et chaque avancée vers plus de liberté, chaque pas vers l’égalité des genres est une fragile victoire.
Il est urgent d’écouter les femmes, donc, d’entendre leur cri de résistance. Mieux que personne elles nous disent la nécessité de reconnaître, enfin, leurs droits comme des droits humains universels et fondamentaux.

 

CATHERINE GIBOIN
Vice-présidente de Médecins du Monde

 

Ce projet – né de la volonté partagée avec Médecins du Monde de témoigner de la violence du monde telle qu’elle s’impose aux femmes – je m’y suis plongé avec enthousiasme. Sans savoir où il me conduirait, sans mesurer l’ampleur de ce qui, au terme du voyage, nourrirait le document qu’est aujourd’hui Unsung Heroes.
Pendant huit mois, dans neuf pays à travers le monde, elles ont été plus de cent à me faire confiance, à m’accepter derrière le micro, derrière l’objectif. Malgré la barrière de la langue, les codes culturels et les épreuves personnelles, ces femmes ont livré leur histoire. Elles ont brisé le silence avec courage, sincérité. Avec des larmes aussi, une émotion déchirante. Toutes ont posé sans fard, en conscience, préparées et accompagnées par l’ONG. On ne revient pas intact de telles rencontres. La réalité, frontale et sensible, dépasse largement l’idée que je m’en faisais.
Dès les premiers portraits en Bulgarie, c’est le choc. La rencontre avec les femmes de la communauté Rom condamnées à se marier et à enfanter dès l’adolescence dans l’enceinte crasseuse d’un ghetto. Violence et pauvreté extrême. Violence morale, éprouvée par les déracinées syriennes et palestiniennes. Violence sexuelle, exercée sur les femmes au Congo ou en Colombie. Violence domestique, viols collectifs, barbarie. Jusque dans nos capitales européennes où des femmes abusées, exploitées, acculées par la précarité se heurtent au rejet et à la haine.
Depuis trente ans, j’ai photographié de nombreuses femmes en représentation. Elles attendaient de moi une image contrôlée, lisse, sans accroc. Ici, avec les unsung heroes que j’ai rencontrées, ce sont les ombres qui entrent dans la lumière. Des bleus et des fêlures à la surface de la peau, dans le creux des yeux. Ce sont les voix, les mots, le timbre authentique de l’expérience intime de la violence qui s’expriment. Pour dire la souffrance particulière vécue par les femmes. Pour dire aussi la force d’être femme. La capacité à se relever et à se battre, encore.

DENIS ROUVRE
Photographe

 

S’attaquer physiquement ou moralement à une femme, c’est s’en prendre au fondement même de la vie et cela revient, à mes yeux, à attenter à l’Humanité elle-même.
Dans ma carrière de médecin gynécologue en République Démocratique du Congo, j’ai été confronté aux pires atrocités que l’on puisse imaginer, des viols aux tortures en passant par les mutilations génitales sur des femmes de tous âges et même des enfants, les privant de la capacité de procréer lorsque ce n’était pas de la vie elle-même. A travers le corps de ces femmes, c’est la communauté toute entière qui est visée et agressée, ce qui m’a amené à parler de « viol comme arme de guerre » qui s’avère, à long terme, plus destructeur que les mitraillettes ou les armes blanches couramment utilisées dans notre région.
Mais les violences faites aux femmes et aux jeunes filles ne sont pas seulement physiques. Elles peuvent revêtir des formes moins visibles, plus insidieuses, avec comme point commun qu’elles sont souvent le fait des hommes et d’une société où ceux-ci tiennent le pouvoir et permettent des déviations : harcèlement moral ou sexuel, chantage affectif, humiliations, violences conjugales, communautaires ou liées à l’honneur, mariage forcé, mariage précoce, contrôle du comportement ou de l’accès aux ressources, dénuement économique, discrimination salariale, etc. La liste est très longue, malheureusement.
Comme en écho au prix Nobel de la paix que j’ai eu l’honneur de recevoir en décembre 2018, conjointement avec Nadia Murad, une femme qui a survécu à l’esclavage sexuel, le réseau international de Médecins du Monde – qui accompagne nos équipes à l’Hôpital de Panzi – a décidé de mener en 2019 et 2020 un projet photographique sur les violences faites aux femmes et de mener un plaidoyer contre les violences liées au genre en général. Puisse Unsung Heroes éveiller les consciences, surtout celles des hommes, car l’éradication des violences liées au genre n’est pas seulement l’affaire des gouvernements ou de la Justice, elle commence au niveau individuel et elle passe par la sensibilisation et l’éducation dès le bas-âge.

DOCTEUR DENIS MUKWEGE
Médecin gynécologue, prix Nobel de la Paix

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