Témoignages // Hommages // Mémoire
Cher Jean Pierre,
Je suis arrivée 15 minutes trop tard hier pour prendre ta main une dernière fois et voir ton regard pétillant et malicieux. Une dernière fois où j’aurai pu te dire à quel point tu étais, tu es, important pour moi et combien tu vas me manquer. Je m’étais préparée à garder le sourire, déterminée à maintenir notre esprit blagueur et pragmatique face à la situation mais je redoutais aussi de ne pas en être capable, de craquer et de laisser transparaitre cette atroce souffrance de te voir partir, ce cruel sentiment de vide et mon désarroi total.
Alors tu as fermé les yeux et cesser de respirer 15 minutes avant que je ne puisse t’embrasser et saisir une dernière lumière dans tes yeux.
Je suis venue te voir après, avec une partie de la famille MdM et nous avons salué tes capacités à mener une fois de plus un projet à terme, le projet « out of life » comme tu le nommais. Nous avons pleuré ensemble et salué le grand et bel homme que tu étais…. Et nous aurions aimé que, pour une fois, tu sois plus négligeant sur ce projet et que tu le laisses tomber ….
Le LSD est endeuillé, ta pensée nous manque déjà, ta vision politique et stratégique fait défaut, tes idées brillantes et révolutionnaires, tes mots murmurés, tes propos mystérieux qu’il fallait décoder, tes phrases qu’il fallait parfois traduire (J), tes power point qu’il fallait résumer et ponctuer, tes mises en garde pour respecter l’ordre du jour « non mais là il faut qu’on avance hein bon parce que sinon …. » … Ça va être dur de continuer sans toi… mais on le fera pour mener à terme les chantiers qui te tenaient à cœur.
En 2004, quand j’ai eu la chance de te rencontrer et de travailler notamment sur le transfert du bus métha avec toi, je me suis pris une grande claque ! Tu m’as impressionnée par ton humilité, ta capacité à conceptualiser des pratiques de terrain, ta générosité à transmettre tes connaissances, à former pour agrandir le cercle des « alliés », tu m’as épatée par ton énergie et ta capacité à ne jamais renoncer …
Plus récemment, au sein du groupe LSD j’ai admiré ta capacité à toujours questionner nos pratiques, à trouver l’équilibre pour répondre aux besoins des populations tout en œuvrant pour des changements durables et stables, à inscrire les programmes dans une stratégie politique, …
J’ai encore du mal à réaliser que tu es parti … Alors où que tu sois et si on se rejoint, prépare le terrain pour qu’on se marre comme on l’a fait tout au long de ses années … ton humour aussi me manque, il était unique.
Quand c’est trop dur de penser que tu es parti, je t’imagine négocier avec whoever l’ouverture de la salle de conso à moindre risque là où tu es … et je souris.
Irène