© IAS/Steve Forrest/Workers’ Photos
Les connaissances scientifiques sont le pilier de la lutte mondiale contre le virus du sida (VIH). Ces trois dernières décennies, la science a façonné et influencé notre compréhension et notre gestion du VIH. Pour saluer davantage ces efforts, la 9e Conférence scientifique sur le VIH (IAS) a été organisée du 23 au 26 juillet 2017 au Palais des Congrès, en vue de :
- Souligner les avancées scientifiques majeures et inciter les synergies entre différents domaines (la recherche sur le cancer et l’immunothérapie) ;
- Favoriser les progrès scientifiques relatifs aux vaccinations préventives et thérapeutiques, et les outils et stratégies du traitement préventif contre le VIH (la prophylaxie pré-exposition / PrEP) ;
- Étudier les nouvelles perspectives des coinfections et des biomarqueurs (molécule ou protéine qui s’exprime de manière anormale et permet de déterminer l’efficience ou non d’un traitement).
La mise à disposition de la PrEP et l’échec des mesures préventives parmi les migrants et les Hommes ayant des relations Sexuelles avec les Hommes (HSH).
L’étude espagnole aMASE a analysé la prévalence du virus du sida parmi les populations migrantes. Selon l’étude, 7 migrants sur 10 avaient contracté le VIH après leur arrivée en Espagne ; et la proportion du VIH post-migratoire était plus élevée parmi la communauté HSH. L’infection du VIH post-migratoire a augmenté ces dernières années, relevant d’un échec des mesures préventives de lutte contre le VIH.
Mais l’essai clinique ANRS Ipergay, réalisée en France et au Canada, a mis en évidence l’efficacité de la PreP chez les HSH pratiquant le chemsex (l’usage de drogues psychoactives pendant les rapports sexuels). En considérant les caractéristiques démographiques, les résultats ont révélé de faibles différences entre les pratiquants et les non-pratiquants de chemsex. Pourtant, les chemsexers, psychologiquement plus vulnérables avec des comportements sexuels à risques, souffrent d’une transmission plus élevée du VIH. La PreP est un outil propice à la réduction de la transmission du VIH chez les chemsexers.
Dans une étude réalisée à Hai Phong, au Vietnam, l’échantillon de personnes consommatrices de drogues considéré indiquait une prévalence faible du VIH, grâce aux programmes de réduction des risques (RdR). Mais la prévalence du VHC, élevée, souligne la nécessité de développer l’offre de RdR pour prévenir la transmission de ce virus. Néanmoins, les services de prévention et de traitement du VHC se développent au Vietnam, notamment à travers le programme hépatite C de MdM-France auprès des personnes usagères de drogues à Hanoi.
Des médicaments abordables pour tous.
© Marcus Rose/IAS |
“Être bénévole à la conférence fut une expérience enrichissante : être en lien avec des personnes de différents pays, venir en aide aux délégués, et avoir la possibilité d’assister aux sessions. 1 456 posters ont été rassemblés pour l’exposition, relatifs à la science fondamentale, la science clinique, à la prévention et aux pistes de mise en œuvre. J’ai eu l’occasion d’en apprendre davantage sur la transmission mère-enfant du VHC en Somalie, d’assister la délégation officielle du Rwanda, et d’aider la chaîne d’informations allemande ARD à couvrir l’événement.” |
Lors de sa présentation, le Dr Andrew Hill – scientifique et professeur à l’université de UCLA – a confirmé l’expiration des brevets portant sur le ténofovir, l’éfavirenz et la lamivudine (médicaments antirétroviraux pour traiter le VIH). En version générique, une trithérapie combinant ces trois médicaments peut être produite pour 90$ (environ 75€) par an par patient. Ce prix peut également être celui d’un traitement complet pour guérir l’hépatite C, à condition que des programmes de traitement d’ampleur nationale voient le jour dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, ce qui n’est malheureusement pas le cas à ce jour. Au contraire, l’épidémie continue de croître avec, en 2016, plus de personnes nouvellement infectées que d pesonnes guéries.
Le Dr. Margret Hellard, du Burnet Institute en Australie, a insisté sur les prix élevés des antiviraux, volontairement fixés par les compagnies pharmaceutiques. Il revient à chaque pays de négocier les prix et d’utiliser les outils juridiques permettant de contrebalancer les effets négatifs des brevets.
Sergey Golovin (International Treatment Preparedness Coalition – ITPC) et Jessica Burry (MSF), d’autre part, ont encouragé les sociétés civiles dans leurs efforts de plaidoyer pour un accès égalitaire au traitement à travers le monde.
Sherine Helmy de Pharco Pharmaceuticals (fabricant de médicaments génériques en Égypte) a souligné que l’accès aux médicaments génériques de l’hépatite C a permis d’augmenter largement le nombre de personnes recevant un traitement en Egypte. Il a également présenté le plan national présidentiel de l’Égypte qui vise, avec ambition, le traitement d’1 million personnes, ainsi que le dépistage de 30 millions d’autres en 2017-2018.
Mrinalini Anand, stagiaire à la DSP.