L’état colombien doit redresser d’urgence un système de santé en faillite

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52 ans de conflit armé en Colombie, “la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental“, selon le Sous-secrétaire des Nations unies pour les questions humanitaires. Le bilan de cette guerre civile est dramatique : 267.640 personnes tuées dont une grande majorité de civils les 20 dernières années, 70.000 disparus, 7 millions de déplacés (70 % sont victimes de déplacements forcés par les paramilitaires, 21 % par l’armée et près de 10 % par les guérillas) et 93.000 plaintes déposés.

En 2016, un accord de paix historique est conclu entre le gouvernement colombien et les FARC.

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L’accord de paix prévoit de nombreuses mesures, dont un cessez-le-feu bilatéral et définitif entre les parties prenantes, la fin des hostilités en Colombie, le désarmement des FARC dans les zones de démobilisation ainsi que leur reconnaissance comme parti politique. La lutte contre les organisations criminelles responsables d’homicides et de massacres, ainsi que l’éradication des cultures de coca sont décidées. Un droit au retour est mis en oeuvre par le biais d’une juridiction spéciale dans le processus de restitution des terres. Au cours de ces accords de paix est envisagé la mise en place d’un travail national sur les inégalités de sexe garantissant l’ouverture démocratique du pays, enfin, un accès au service public amélioré assurant le développement rural est mis en place.

Il y a 26 zones de démobilisation et 6 campements en Colombie.

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Les « Veredas » sont les plus petites divisions administratives colombiennes, situées au sein de 22 municipalités, dans 12 départements. Ces zones ont été déterminées selon les critères suivants :

  • Leur proximité aux zones urbaines ;
  • Une taille raisonnable permettant à l’ONU d’effectuer une mission de suivi et de monitoring ;
  • Un accès facilitant la gestion logistique ;
  • Leur distance aux frontières ;
  • Elles sont hors parcs naturels, zones militaires, zones d’exploitation de coca, zones d’exploitation minières, zones de groupes ethniques ou indigènes.
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Il est prévu dans l’accord que les FARC rendent leurs armes à l’ONU dans le cadre du mécanisme de monitoring et de vérification dans les ZVTN, et que le gouvernement y garantisse la couverture des besoins élémentaires (tels que l’hébergement, la protection, la santé et l’alimentation). Ces zones sont prévues pour une période de 180 jours.

Mais, selon le coordinateur site à Meta, “quand les FARC sont arrivés le premier jour au campement de la ZVTN de la Cooperativa, ils manquaient de tout”.

Toujours selon le coordinateur site, “les FARC ont dormi dans les arbres car les abris étaient en construction, et ils n’avaient pas accès à la nourriture. Les problèmes sont dus à un manque d’anticipation, de coordination entre structures locales et nationales, un manque d’organisation et d’approvisionnement.

En janvier 2017, les ZVTN représentaient un environnement à risque en Colombie dû à une insécurité alimentaire, un manque d’infrastructures de logement, d’abri et de transport, et la présence de groupes criminels menaçant la sécurité des populations civiles et des guérilleros.

Les constructions relatives à certaines zones de démobilisation se sont terminées au mois d’avril. Mais l’accès à l’eau et les raccordements au réseau électrique restent problématiques. Par ailleurs, les services de santé sont quasi-inexistants avec une absence de ressources humaines et matérielles dans les régions rurales.

Ces facteurs entraînent une recrudescence de la violence due à la présence de groupes armés.

Selon Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, « il est inquiétant de constater que dans une grande partie de la Colombie, le conflit armé est plus actif que jamais. Des centaines de milliers de personnes à travers le pays n’ont toujours pas vu de différences dans leur quotidien depuis la signature des accords de paix. » 

Certains facteurs permettent d’analyser le risque d’une reprise accélérée de la violence dans les zones de démobilisation :

  • La présence d’autres groupes armés et du crime organisé tout d’abord. Certaines régions, délaissées par les FARC, sont reprises à 90% par un groupe armé, paramilitaire ou narcotrafiquant. Par ailleurs, 14 ou 15 groupes de paramilitaires sont présents dans 22 départements – le clan du golf est majoritaire et emploi 15 000 hommes. Enfin, les groupes tels que L’ELN et l’EPL (Ejercito Popular de Liberacion) sont toujours actifs ;
  • La poursuite de l’économie criminelle (le narcotrafic et l’exploitation minière illégale) ;
  • La proximité aux frontières ;
  • La présence d’éléments dissidents ou de déserteurs des FARC.

Depuis la fin de l’année 2016, les communautés ont signalé une recrudescence de l’activité des paramilitaires, en particulier du groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia, malgré les déclarations de responsables colombiens affirmant l’inactivité dedits groupes. Tandis que 116 leaders communautaires ont étés tués en 2016, Amnesty international a noté une recrudescence des pratiques de torture.

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MdM est présent à Meta et Guaviare depuis 2003

La Colombie est touché par un problème structurel, dû au manque de ressources.

Les états du Meta et du Guaviare traversent une crise financière chronique. Le système public de santé, en faillite dans ces régions, n’est pas en mesure d’assumer son rôle. Les postes de praticiens permanents (médecins ou infirmiers) ferment massivement en milieu rural. L’accès aux soins est éloigné et par faute de ressources pour se déplacer, les populations rurales sont en rupture d’accès aux soins. Par ailleurs, l’hôpital de référence du Guaviare est susceptible de fermer dans les prochaines semaines, en partie à cause du manque d’intrants et de matériel. Enfin, de manière générale, il y a un phénomène de corruption massive et un manque de coordination entre les différentes strates administratives (municipalités – Etat).

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Face à cette situation, MdM a installé deux départements d’intervention et développée une action mobile “SMS” à destination des femmes et des enfants dans les régions de Meta et Guaviare, desquelles l’Etat est absent – l’autorité y est exercée par les FARC.

Un programme de santé sexuelle et reproductive a été mis en place avec une prise en charge des grossesses non-désirées, un processus de contrôle prénatal, des examens pour les femmes, des consultations générales, un suivi nutritionnel des enfants et un suivi psychologique, dans une démarche de santé communautaire.

Les programmes de MdM en chiffres dans les zones de démobilisation de Meta et Guaviara depuis les accords de paix.

ZVTN de las Colinas (depuis 2009)

Accès difficile, route non-praticable et pas d’accès à l’eau potable

1 médecin public permanent présent dans le camp ; 460 FARCS démobilisés ; 1 SMS réalisée ; 202 patients pris en charge (troubles psychologiques, peur, angoisses).

ZVTN de la Cooperativa (depuis 2007)

300 FARC dissidents bloquent l’accès à la zone par le fleuve Guaviare 

290 FARCS démobilisés ; Aucun médecin permanent ; 4 SMS réalisées ; 211 patients pris en charge.

Ces chiffres démontrent le besoin urgent de l’Etat de renforcer l’accès aux soins.

MdM souhaite se rapprocher des institutions et aider à la coordination des nouveaux acteurs présents tels que le Haut Commissaire pour la Paix, le Ministère de l’intérieur et d’autres ONGs. Cela aura pour effet d’améliorer la visibilité de l’association et de valoriser l’expertise de nos équipes dans la zone et auprès des communautés. Etre présent dans les espaces de coordination permettra d’appuyer le plaidoyer pour un meilleur accès à la santé dans les zones rurales et pour l’ensemble de la population civile colombienne.

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