Paru dans le Dossier de Presse d’octobre 2016
Dans un contexte durable de crise de l’accueil des réfugiés et de la solidarité (envers les migrants et entre pays Européens), Médecins du Monde se mobilise pour dénoncer la politique migratoire française, notamment à sa frontière italienne. Alors que la classe politique française condamne unanimement les accords du Touquet et l’attitude du gouvernement britannique, la réponse de la France est de dupliquer ces mêmes agissements à sa frontière italienne.
Par cette démarche, nous souhaitons alerter l’opinion publique avant que Vintimille ne devienne pour les Italiens et les exilés, un autre Calais.
En mai 2015, nos équipes mobiles travaillant auprès des SDF remarquent un nombre croissant de migrants d’Afrique subsaharienne à la gare de Nice. Des centaines de personnes sont également signalées autour de la frontière franco-italienne.
Début juin 2015, les autorités françaises décident de fermer la frontière avec l’Italie. Un premier campement s’organise en bord de mer, côté italien, sans aucune structure sanitaire. Les équipes de Médecins du Monde à Nice s’y rendent, trois fois par semaine, pour y délivrer des consultations de médecine générale. 630 personnes sont soignées pour des pathologies imputables à leur condition de vie précaires. La très grande majorité est Soudanaise et près de 10% de nos patients sont mineurs. Le plus jeune avait 11 ans. Tous témoignent d’une grande souffrance morale et physique, en lien avec leur parcours migratoire et les conditions d’accueil à Vintimille.
Pendant l’hiver, le nombre de personnes vivant à Vintimille est estimé à environ 300 personnes. Ce chiffre augmente à partir d’avril, quand les traversées de la Méditerranée augmentent.
Au même moment, la Croix Rouge ferme son centre d’hébergement situé à la gare de Vintimille. Sans solution d’hébergement, les migrants se regroupent au bord du fleuve la Roya, tandis que d’autres sont accueillis dans une église par l’association Caritas. Médecins du Monde reprend alors ses consultations en alternance avec des médecins italiens.
En quelques mois, le nombre de migrants a pratiquement triplé tout comme le nombre de mineurs isolés. Or, le contexte local s’est durci. Les autorités françaises multiplient les contrôles aux frontières ; le maire de Vintimille a publié un arrêté interdisant à quiconque en dehors de la Croix Rouge Italienne et de Caritas de venir en aide aux migrants en distribuant vivres ou biens de première nécessité.
48 soudanais ont été renvoyés au Soudan et on commence à déplorer des décès en lien avec des tentatives de passage vers la France. Le contexte est relativement tendu avec les forces de l’ordre oscillant entre des périodes de « tolérance » et d’arrestations massives.
Depuis début octobre, plus de 1.200 migrants vivent soit dans le centre de la Croix-Rouge, éloigné du centre-ville, soit dans la Paroisse de Sant Antonio pour les familles, accueillis par Caritas.
Nous sommes aujourd’hui particulièrement inquiets de la situation sanitaire et des violences que subissent ces personnes lors de leur tentative de passage vers la France. Nos équipes sur place ont recueilli des témoignages venant illustrer ces conditions dramatiques et les violences dont ces personnes sont victimes.
La situation des mineurs non accompagnés est particulièrement préoccupante. Nous retrouvons ceux qui ont réussi à rejoindre la France à Nantes, à Paris ou à Rouen, en situation de très grande précarité, sans aucune prise en charge de l’Etat alors même que chaque mineur devrait être mis à l’abri de manière inconditionnelle.
Les articles parus dans La Boussole sur Vintimille:
Frontière Vintimille-Menton : Une politique migratoire française regrettable
De la crise de l’accueil et de la solidarité à la désobéissance civile …