Notre force commune c’est l’adversité

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En juin dernier, 27 participants venus des programmes de 11 pays ont suivi une formation sur les techniques de collecte et restitutions de témoignages. Organisés par la direction réseau international de MdM, les ateliers se sont déroulés pendant deux jours dans les locaux de MdM Espagne à Madrid.
L’occasion de faire la connaissance de six d’entre eux.

Ton rôle au sein du réseau européen de MdM

Alexis
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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Je coordonne les projets anversois depuis deux mois. Auparavant, je travaillais chez des partenaires. J’avais un regard critique sur certains modes de fonctionnement. Maintenant je vis la maison de l’intérieur, j’intègre ses habitudes. Il reste important pour moi de ne pas oublier ce regard extérieur pour remettre certaines pratiques en question et les renouveler.
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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire
Je suis infirmière à Melilla depuis le mois d’avril 2016. L’existence d’un bureau de MdM-Espagne dans cette ville est récente. Avec le consortium Migrants et réfugiés de MdM, nous évaluons la santé des migrants et des réfugiés qui arrivent en Europe.
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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
Migrants Right Centre Ireland (MRCI) est une organisation nationale qui œuvre à promouvoir la justice, l’autonomisation et l’égalité pour les migrants et leurs familles. J’y travaille depuis 2008 en tant que chargé politique Je suis responsable, entre autres, des projets de recherches, de notre positionnement par rapport aux politiques migratoires et de l’accès effectif aux soins et aux services des migrants. Le MRCI est partenaire du réseau européen de MdM depuis 2015

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Annlaug Selsto – Health Centre for undocumented migrants (Norvège) – Infirmière coordinatrice
Le centre de santé pour les migrants en situation irrégulière (Health Centre for undocumented migrants) est co-géré et financé par la Mission de L’Église de la ville d’Oslo et par la Croix-Rouge d’Oslo. J’y suis infirmière coordinatrice depuis quatre mois, à Oslo. Nous sommes membres du réseau européen. 

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Anastasios Yfantis  (Tassos) – MdM Grèce –  Travailleur social coordinateur
Je suis assistant social chez MdM Grèce depuis fin 2011. J’ai travaillé auprès des Roms, des sans-abri, des victimes d’attaques racistes et des demandeurs d’asile. Depuis trois ans, je coordonne le centre d’accueil de MdM  pour demandeurs d’asile au cœur d’Athènes. Je participe aussi, en tant que bénévole après mon travail, à des unités mobiles qui vont à la rencontre des sans-abris et des personnes réfugiées dans les camps. Comme j’ai un peu d’expérience, je forme les nouveaux bénévoles. Nous tentons d’informer au mieux les personnes: les camps dans lesquels ils ont une chance d’être accueillis, les lieux où ils pourront faire une demande d’hébergement pour se faire transférer dans des centres ouverts, par exemple.
Urska
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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
Je suis assistante sociale chez Slovene Philanthropy, une ONG crée en 1992 pour promouvoir le bénévolat dans tout le pays. Nous agissons essentiellement auprès des migrants depuis le début de la crise d’accueil. Notre organisation s’est rapidement impliquée dans la protection civile en allant travailler dans les camps aux frontières dès les premiers flux, en octobre 2015. Nous sommes partenaires du réseau européen depuis 2015 ainsi que du consortium de MdM pour les migrants & réfugiés dont l’objectif est d’apporter une réponse sanitaire à la crise d’accueil en Europe.
J’ai commencé en tant que bénévole et suis rapidement devenue coordinatrice, à la frontière entre la Slovénie et l’Autriche. J’ai également passé un mois dans le camp de réfugiés de Dobova, à la frontière avec la Croatie. Aujourd’hui, j’accompagne les migrants au sein Maison de l’asile, qui dépend du ministère de l’Intérieur,

Ton équipe, votre action et les personnes que vous rencontrez

Alexis
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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Notre CASO accueille une population qui n’a pas accès aux soins de santé en Belgique. Ce sont essentiellement des sans-papiers, des migrants qui sont passés par le système d’asile et qui ont été rejetés, des personnes qui sont venues pour travailler et qui se retrouvent face à une impasse. Nous voyons aussi certaines populations européennes, des personnes qui ont par exemple des papiers italiens ou espagnols, qui remontent vers le nord parce qu’ils ne trouvent plus de travail. Arrivés en Belgique, ils se confrontent à un système légal et juridique qui ne leur ouvre aucun marché.  Les emplois nécessitent des conditions qu’ils ne peuvent pas remplir, mais ils restent quand même ici, ils persévèrent. Certains européens de l’Est viennent aussi chercher du travail. Toutes ces personnes n’ont pas accès aux soins de santé, ils sont dans des situations extrêmement précaires, ils essayent de survivre, puis ils tombent malades…
Notre priorité est d’accueillir ceux qui ont besoin de soins mais qui n’ont pas de couverture médicale. Ils ont des droits, mais entre les droits théoriques et leur application, l’écart est gigantesque. Nous œuvrons à ouvrir l’accès à ces droits, et entre temps, à ’assurer les soins de santé nécessaires. Malheureusement, nous commençons souvent par une prise en charge médicale sans réussir à ouvrir les droits. Nous nous retrouvons à jouer le rôle d’un centre médical alors que notre mission est de faire la transition.
MdM Belgique vient de dépasser la barre des 50 salariés et 500 bénévoles. À Anvers, nous sommes une bonne dizaine de collaborateurs salariés et une soixantaine de bénévoles, essentiellement des profils médicaux ou paramédicaux.

Anna
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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire
Nous travaillons principalement avec des personnes qui essayent de franchir les frontières de l’Europe par des voies illégales et peu sûres. Nous rencontrons des  adultes et des enfants vivant dans la rue et qui essayent d’entrer clandestinement dans les ferries reliant Melilla à la péninsule. Il s’agit de la population la plus vulnérable, c’est très difficile. Ils n’ont aucun accès aux soins de santé. Les Syriens, les Pakistanais, peuvent demander l’asile. Ils sont très fragilisés, mais au moins leurs soins de santé sont pris en charge. Nous prévoyons de travailler bientôt avec eux aussi. Avec l’appui d’une médiatrice interprète, j’évalue l’état de santé des personnes à leur arrivée et les violences qu’elles ont pu subir. En fonction du pays qu’elles souhaitent regagner en Europe, je les informe au mieux sur le système de santé local et sur les centres de santé MdM. Nous devons encore nous organiser et étudier si nous pourrons nous implanter ici sur la durée. Certaines personnes semblent intéressées par le bénévolat, il faut prendre le temps de les rencontrer et de les former.

pablo
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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
Notre organisation existe depuis 2001. Nous œuvrons essentiellement dans le domaine du plaidoyer et des droits. Sur le terrain nous proposons un centre d’accueil où les migrants peuvent venir s’informer sur l’accès à l’emploi, le droit du travail, notamment s’ils ont des problèmes de statut migratoire. Nous les aidons dans leurs démarches juridiques. Par ailleurs, nous les formons sur des points spécifiques de droit du travail concernant notamment les services domestiques et la restauration. En travaillant ensemble, nous essayons d’établir un programme d’action pour changer les lois ou mettre en place des politiques pertinentes. Concernant les travailleuses domestiques, par exemple, nous étudions les moyens d’améliorer leurs conditions de travail pour être en mesure de produire des recommandations.
Notre partenariat avec MdM se fait sur le combat pour les sans-papiers: leur accès aux soins de santé, au droit de maternité, à l’avortement, etc. L’idée est de les inciter à s’organiser collectivement, sur un modèle de  syndicat, bien plus petit et moins formel, évidemment. « S’organiser » dans le sens anglais du terme signifie promouvoir une revendication collective. Nous organisons des manifestations, pour promouvoir la visibilité des sans-papiers en Irlande et revendiquons leur régularisation
Nous sommes onze salariés. Au centre d’accueil deux  bénévoles, ou une salariée et deux stagiaires accueillent les migrants, les renseignent et les orientent. Nous privilégions les stages au bénévolat.  Quand une personne veut plus d’informations ou souhaite s’impliquer dans le travail collectif, nous lui expliquons comment elle pourrait participer. Les vrais bénévoles sont les migrants! Par exemple, durant la semaine de Noël, ils organisent une action pour illustrer la difficulté de ne pas pouvoir rejoindre sa famille : ils se chargent de la structurer, de contacter les personnes etc.  Pour la journée internationale de la femme en mars, nous accompagnons les travailleuses domestiques à réaliser une action. Généralement, nous faisons des réunions de groupe une fois toutes les 6 semaines ou tous les 2 mois pour échanger sur l’évolution de leurs actions et voir si des nouveaux enjeux se posent.  

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Annlaug Selsto – Health Centre for undocumented migrants (Norvège) – Infirmière coordinatrice
Nous sommes six salariés et 170 bénévoles médicaux. Nous évaluons le besoin de soins médicaux, dentaires ou de santé mentale des personnes que nous accueillons. Je travaille sur la partie médicale du projet, je suis des patients qui ont des maladies chroniques, ou ceux qui doivent être traités à l’hôpital. Il n’est pas toujours facile de convaincre les personnes de venir au centre de santé. Parfois nous sommes confrontés à la barrière de la langue. Certaines personnes ont également une approche culturelle de la santé très différente de la nôtre. Mais la plupart du temps, les gens apprécient les soins et l’aide que nous leur proposons.

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Anastasios Yfantis  (Tassos) – MdM Grèce –  Travailleur social coordinateur
Notre centre accueille soixante-dix personnes : des familles monoparentales, des femmes enceintes et des personnes seules atteintes de maladies chroniques. Concrètement, je les reçois, leur explique le fonctionnement du centre et j’essaye de comprendre leur objectif. Notre approche est globale, c’est-à-dire que nous proposons des soins de santé, une assistance sociale et juridique, un soutien psychologique et des activités éducatives. Nous offrons aussi une aide matérielle et trois repas par jour aux personnes que nous recevons. Le but est d’essayer de couvrir leurs besoins élémentaires le temps de leur passage à Athènes. La durée maximale du séjour dans le centre varie de six à douze mois, selon les vulnérabilités. Ensuite nous faisons le nécessaire pour les placer dans d’autres lieux d’accueil.
Notre équipe comprend deux assistants sociaux, un psychologue, deux éducateurs et deux avocats du Greek Council for Refugees  (GCR, une organisation avec laquelle nous coopérons), un docteur, quatre personnes qui s’occupent de l’administration, de la cuisine, des tâches ménagères, du linge, de la sécurité et des interprètes, bien sûr. Nous travaillons aussi  avec des bénévoles, en ce moment par exemple nous avons deux stagiaires et cinq bénévoles que nous partageons avec le GCR.
Nous essayons de maintenir une bonne ambiance entre les habitants du centre, les salariés et les bénévoles. Soixante-dix personnes avec un passé, une culture, des origines et des habitudes diverses qui doivent cohabiter… Nous essayons de mettre en avant un esprit de coopération, grâce par exemple à des groupes pédagogiques hebdomadaires.

Urska
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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
Je travaille quatre jours par semaine avec un groupe de 18 garçons, jeunes mineurs isolés demandeurs d’asile de plus de 15 ans. Majoritairement des Afghans et quelques Syriens et Érythréens.  Je complète les services sociaux proposés par la Maison de l’asile. Nous essayons de subvenir aux besoins élémentaires, mais nous apportons aussi un soutien psycho-social et proposons des activités pour occuper le temps libre. L’équipe que je coordonne est composée d’un docteur, d’une infirmière, de deux travailleurs sociaux et d’un psychothérapeute. Nous sommes tous salariés. Les bénévoles viennent au jour le jour, certains sont réguliers, d’autres viennent simplement passer du temps avec les demandeurs d’asile, quand ils le peuvent.

 Les enjeux et contextes spécifiques

Alexis
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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Nous sommes très concentrés sur l’accès aux soins pour compenser les lacunes du système. En Belgique, sur le papier, les conditions sont plutôt favorables. En principe, l’accès aux soins est assuré pour tous par la loi, y compris aux populations qui n’ont pas de titre de séjour. Mais, la procédure reste extrêmement compliquée. Suivant le principe de subsidiarité elle nécessité de passer par le centre publique d’action sociale (CPAS) quand aucune autre instance n’est impliquée. Dès ce premier niveau, les écueils sont nombreux. Des renvois s’appuient par exemple sur le prétexte que le garant qui aurait pris en charge le visa du patient serait en mesure de payer également ses soins de santé. Par ailleurs, le CPAS doit contrôler que la personne en question habite bien sur le territoire. Pour ce faire, il envoie un assistant social au domicile non officiel. Or, en général, les sans-papiers dorment sur les bancs, un jour chez un ami, un jour chez un autre… De fait, les toutes les conditions ne sont quasiment jamais remplies. Le système est extrêmement difficile pour les plus précaires.  

Les « transmigrants » sont dans des situations compliquées. Une personne, par exemple, a obtenu ses papiers en travaillant en Italie dans les années 2000. Elle ne trouve plus aucun travail là-bas et vient tenter sa chance en Belgique. Soit ses papiers ne sont valables qu’en Italie et elle n’aura droit à rien en arrivant en Belgique. Soit elle a des papiers reconnus au niveau européen et pourra théoriquement accéder au marché du travail, sauf que la procédure est excessivement compliquée. En effet, il lui faudra trouver un logement fixe afin de pouvoir s’inscrire à la Commune. Suite à quoi, un délai de 3 mois lui sera octroyé pour trouver un travail ou prouver qu’elle a des chances raisonnables d’en obtenir un… Inutile de préciser que les chances d’aboutir sont extrêmement minces. En fin de compte, la personne se retrouve sans droits ni titre de séjour, bien souvent à la rue après avoir accumulé les dettes, n’ayant plus d’autre choix que de rejoindre la masse des travailleurs clandestins déjà présents en Belgique, en proie aux pires filières d’exploitation.

Anna
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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire 

L’accès à la santé est limité depuis 2012 en Espagne. Hors du centre MdM, les migrants en situation irrégulière ne bénéficient pas de soins. Ils peuvent uniquement aller aux urgences. Le souci est que les professionnels ne sont pas habitués à recevoir ce type de patients, et les migrants peuvent avoir peur de se rendre seuls à l’hôpital. Je les accompagne, pour les cas les plus graves, et sinon j’essaye de les orienter vers d’autres ONG.

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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
Du fait de notre isolement géographique nous n’avons pas été affectés par la récente crise d’accueil des migrants. Dans l’esprit de la plupart des gens, y compris du gouvernement, elle n’est pas prioritaire puisque nous y sommes moins confrontés que le reste de l’Europe. La mobilisation autour de cette urgence devient difficile. Alors que l’important n’est pas le nombre ! Qu’il s’agisse de 5 000 ou 100 000 sans-papiers, ce sont des personnes qui se retrouvent en forte situation de précarité. Nous ne souffrons pas de xénophobie en Irlande, mais nous ne parlons pas du tout de la migration, ni en positif ni en négatif, alors que notre population est composée à 12,5 % de migrants ! Ils sont très mal représentés dans la rhétorique politique nationale.

Urska
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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
En discutant avec une personne de MdM France, nous avons constaté que nous étions confrontées à des enjeux similaires. Dans la Maison d’asile, il y a 3 unités. Une avec des hommes seuls, une avec des familles et une – celle où je travaille – où tout le monde est mélangé. Nous insistons sur l’importance de séparer les mineurs isolés, mais rien ne change, nous cherchons des solutions…
Beaucoup de gens sont ouverts d’esprits et accueillants. Les bénévoles proposent plein d’activités et de plus en plus nombreuses sont les associations qui proposent des interventions ou des actions auprès des demandeurs d’asile ! Pour moi, c’est positif. Je n’ai pas été directement confrontée à la xénophobie. J’ai eu des échos, bien sûr, de la population. Mais j’ai été réellement inquiétée par l’attitude de certains policiers ou hommes de sécurité à l’égard des migrants ou des demandeurs d’asile dans notre centre. Pas tous, heureusement… Je pense qu’ils devraient recevoir une formation spécifique avant d’être placés face à ce type de situation. Formés, ou sélectionnés, pour ne pas mettre n’importe qui face à des personnes vulnérables.

Frustrations et fiertés …

Alexis
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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Le plus pénible est cet écart entre la théorie et la réalité. Il y aurait soi-disant une loi, des dispositions, etc., mais dans la pratique, les gens n’ont pas accès aux soins. Les urgences des hôpitaux sont submergées par des personnes qui n’ont pas de couverture médicale, et tout ceci est dû à l’aberration du système. L’accès à la prévention est essentiel ! Je crois qu’il est partout reconnu qu’une médecine préventive est bénéfique à tous les niveaux pour la population locale et pour les migrants. Notre système a été développé dans le bons sens pour garantir l’accès aux soins de première ligne – incluant le préventif et pas uniquement le curatif – à tous ceux qui sont sur le territoire. Cela a bien été pensé mais il n’y a pas de volonté politique de donner un vrai accès à cette population-là, c’est aberrant ! Nous en voyons les conséquences sur notre système de santé, sur les finances de l’État… Le plus énervant est l’absence d’écoute de la part du gouvernement et que l’opinion publique ne soit pas réceptive.
La fierté, c’est d’être là, de jouer ce rôle et de ne pas lâcher !

Anna
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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire
Le système de santé espagnol ne pourvoit pas de couverture médicale universelle depuis 2012, ça c’est la vraie frustration.
Je suis heureuse que la population locale ait accepté notre projet d’accueil. Ils sont contents d’avoir quelqu’un qui prenne soin et le temps d’informer les personnes qui arrivent, de leur faire connaître leurs droits, de les orienter par rapport à des problèmes qui ne sont pas toujours d’ordre médical.

pablo
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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
La problématique des migrants ne reçoit pas l’attention qu’elle mérite de la part des politiques, c’est vraiment rageant. D’autant plus que la vague migratoire est plus récente ici que dans les autres pays européens. Nous devrions en profiter pour nous y prendre différemment pour éviter les problèmes des pays aux traditions migratoires anciennes qui n’ont pas su gérer leur politique d’intégration. Nous avons encore le temps d’instaurer une vraie politique. Malheureusement aucun parti n’en voit l’intérêt.
Nous sommes heureux de travailler avec les gens. Nous voyons la différence dans leur vie, par le soutien spécifique que nous leur apportons dans leurs besoins individuels, mais aussi parce qu’ils sont fiers de pouvoir faire quelque chose pour changer leur vie. Ils demandent au gouvernement de changer la politique, ils se rendent visibles dans une société qui les rend invisibles, et ils deviennent de vrais activistes,  des acteurs du changement. Souvent, ils ne se limitent pas qu’à la question des migrants mais font le parallèle avec d’autres causes comme l’homophobie, l’accès à l’avortement… ils se sentent partie de la société et concernés par les problématiques sociales.

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 Annlaug Selsto – Health Centre for undocumented migrants (Norvège) – Infirmière coordinatrice

Parfois, je rencontre des patients qui m’inquiètent. Je ne suis pas tout à fait sûre de leur état de santé, je voudrais pouvoir les envoyer consulter un spécialiste pour s’assurer qu’ils n’ont pas quelque chose comme une tumeur maligne, cancéreuse… Mais souvent ils ont d’autres priorités. C’est très pesant quand un cas est vraiment inquiétant. Leur santé ne leur semble pas aussi primordiale qu’à moi.
Sur le plan politique, c’est très frustrant de constater les difficultés auxquelles se confrontent les personnes marginalisées par la société pour trouver un travail légal, un salaire régulier, des conditions de vie stables, une possibilité de se projeter dans l’avenir, peut-être étudier, avoir une famille…  et de voir des patients rejetés de l’hôpital ou du système de sécurité sociale dont les autres Norvégiens bénéficient !
C’est toujours gratifiant d’aider quelqu’un, et c’est sûr que nous dépensons plus d’énergie quand nous sentons que nous devons nous battre un petit peu…  Mais nous sommes vraiment heureux quand cela fonctionne ! Par exemple, une fille avait des troubles du sommeil : elle avait des soucis, était très angoissée, et son cas me tenait éveillée la nuit. Nous lui avons proposé de parler avec notre psychologue. Elle est revenue la semaine d’après – habituellement elle dormait seulement deux heures par nuit –  et après avoir parlé avec quelqu’un elle a réussi à dormir six heures par nuit. En offrant simplement une conversation, l’occasion de partager ses inquiétudes, nous avons pu lui permettre de retrouver le sommeil. C’est une migrante, qui avait été expulsée deux fois et qui ne pouvait plus espérer d’être régularisée.

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Anastasios Yfantis  (Tassos) – MdM Grèce –  Travailleur social coordinateur
Constater que la situation empire me met en colère. Le nombre de pauvres en Europe augmente, mais les gouvernements n’en tiennent pas compte et ne réagissent pas pour lutter contre cet état de fait. J’ai l’impression que des organisations comme MdM ou d’autres, qui soulignent ces problèmes, permettent d’accélérer la prise de conscience. Ces deux derniers jours, à l’atelier Recueil de témoignages  nous avons eu de sérieuses discussions à ce sujet, il faut faire un effort dans l’usage des témoignages adressés à des politiciens qui ne veulent pas entendre. Je pense que si nous faisons cela bien, nous pourrons sensibiliser l’opinion publique mais aussi les politiques.
Je suis fier de mon travail et d’être membre de MdM parce que le projet nous permet d’apporter des services de qualité, dans le respect des gens, de leurs droits et de leurs différences – qu’elles soient de genre, de culture, d’origine. Je crois vraiment que nous respectons cette diversité et les spécificités de chacun. Je suis fier parce que je vois les efforts que cela demande, mais aussi les résultats, positifs dans la plupart des cas.

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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
Ce qui me frustre le plus, c’est que les mineurs soient dans un centre qui les mélange avec des familles et, surtout, avec des hommes seuls. Pour des jeunes, déjà très vulnérables, je pense que c’est une grosse erreur. Ils sont exposés à de nombreux risques!
C’est un métier très gratifiant, cela me rend heureuse. Je travaille avec des adolescents, uniquement des garçons. J’ai tout de suite remarqué qu’ils avaient besoin de régularité, de quelqu’un qui soit là pour eux, et je suis fière d’être l’une de ces personnes. Maintenant, ils m’acceptent vraiment, ils ont envie de participer aux activités, ils me font confiance, ils viennent me parler de leurs problèmes, c’est très fort.

Appartenir au réseau européen de MdM

Alexis
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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Nous sommes pour la diversité du réseau ! Il est très intéressant de voir que dans des contextes variés, nous avons des approches différentes, qu’il y a lieu de se raccorder.  Les pratiques des autres peuvent inspirer les nôtres et vice versa. Nous agissons de la même manière depuis parfois trop longtemps, par habitude ou parce que nous nous sommes installés dans un mode de fonctionnement… Nous devons constamment évoluer et nous adapter au contexte. Appartenir à un réseau permet de se remettre en question à travers les pratiques des autres.

Anna
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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire
Je suis en lien avec les équipes de Madrid et de MdM Espagne. Nous nous retrouvons régulièrement toutes les deux semaines pour partager nos expériences et nos besoins. Nous échangeons également des informations pratiques telles que le nombre de personnes qui quittent Melilla chaque semaine.
J’ai trouvé très intéressant de voir les membres du réseau européen de MdM, j’espère que cela se fera plus souvent. Cela m’aide beaucoup de connaître les personnes des autres bureaux, puisque j’oriente les gens de Melilla vers eux. Par exemple, quand des femmes enceintes quittent la ville et me disent qu’elles vont en France, et je peux leur donner une adresse, un numéro de téléphone de quelqu’un qui les aidera !
Je suis très heureuse d’appartenir à ce projet européen qui permet le partage entre tous les pays.

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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
Nous travaillons sur une thématique commune, les migrants, l’une des plus importantes du réseau. Sur les travailleuses et travailleurs du sexe, par exemple, ce serait plus compliqué pour nous, elles-ils sont trop minoritaires. Nous en profitons pour apprendre les méthodes de travail des autres partenaires. Nous bénéficions de l’appui du réseau en termes d’informations, de données, de messages de plaidoyer que nous pouvons reprendre… Et d’une certaine manière c’est rassurant de faire partie d’un groupe qui essaye de changer cela au niveau européen, de ne pas être seulement focalisé sur la réalité nationale irlandaise.

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Annlaug Selsto – Health Centre for undocumented migrants (Norvège) – Infirmière coordinatrice
C’est très important pour moi de rencontrer les collègues, de connaître les projets, de voir ce qu’ils font, et la manière dont ils procèdent. On en apprend beaucoup sur l’organisation du réseau.

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Anastasios Yfantis  (Tassos) – MdM Grèce –  Travailleur social coordinateur
Notre réseau MdM illustre bien la bataille pour maintenir le rêve européen en vie ! Nous  agissons dans différents environnements culturels et que nous ne parlons pas les même langues, mais nous nous battons toutes et tous pour la même chose, c’est-à-dire l’accès aux soins et le respect des droits de l’homme. C’est un point de départ commun pour commencer à travailler. Rien ne nous sépare, tous les citoyens de l’Union européenne, tout comme les immigrés, doivent se battre pour leurs droits sociaux. L’Union prend des mesures communes en termes d’économie et de finance, de fiscalité, mais du côté des politiques sociales, nous avons encore du chemin à faire. Il y a trois jours, j’étais à une conférence de la FEANTSA,  la Fédération Européenne d’Associations Nationales Travaillant avec les Sans abris. Une vidéo de Barroso a été diffusée où il décrivait l’objectif de 2020 pour réduire la pauvreté en Europe, alors que pour l’instant elle ne cesse de croitre ! Le chômage augmente de plus en plus… Les combats  sont nombreux à mener via le réseau international de MdM, mais aussi via associations nationales dans chaque pays.

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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
Grâce à ces ateliers Recueil de témoignages  j’ai rencontré d’autres membres du réseau pour la première fois. C’était très utile et intéressant d’entendre tout ce monde qui travaille dans d’autres pays aux contextes différents. Je suis l’actualité du réseau, mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’être en contact direct.

Un message à la communauté MdM ?

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Alexis AndriesMdM Belgique – Coordinateur des projets
Un message d’espoir puisque MdM souhaite être un mouvement ! Il faut l’incarner, sortir des sentiers battus, expérimenter avec les exclu-e-s, construire avec eux ce que MdM doit être et ne pas partir de concepts ou de modèles préétablis. Construisons les modèles, et donc la société, avec eux.

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Ana Molina – MdM Espagne – Conseillère sanitaire
Je remercie tous les bénévoles. Ceux que je vois à Malaga abattent un travail incroyable pour faire respecter les droits des personnes. Nous travaillons tous avec des migrants, rendons-nous visite et analysons ensemble les différents contextes et programmes.

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Pablo Rojas Coppari Migrant Rights Centre Ireland Chargé de recherche politique
Un message de solidarité, parce que ce que nous avons en commun c’est l’adversité. Nous travaillons souvent dans un contexte social difficile, nous allons à l’encontre de la politique mais aussi de la perception sociale, du message que la société envoie aux personnes en vulnérabilité. Nous croyons vraiment en ce que nous faisons, à l’idée que nous pourrions améliorer la situation de ces personnes. Nous ne sommes pas seuls, nous vivons tous les même difficultés et parfois ça paye, il faut se focaliser là-dessus.

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Annlaug Selsto – Health Centre for undocumented migrants (Norvège) – Infirmière coordinatrice
Merci  à tous les bénévoles et continuez !  Vous rendez possibles des choses quasi impossibles. Je suis vraiment heureuse de travailler avec mon équipe, si engagée, volontaire et motivée!

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Anastasios Yfantis  (Tassos) – MdM Grèce –  Travailleur social coordinateur
Restons ouverts, respectons la diversité à tous les niveaux, et continuons à travailler pour faire prendre conscience des vulnérabilités, et des inégalités sociales. Par rapport à l’accès aux soins et au respect des droits de l’homme. Et, toujours, pensons et agissons démocratiquement !

Urska
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Urska Zivkovic – Slovene Philanthropy – Assistante sociale
Continuons à agir, c’est vraiment important ! Je suis tellement heureuse que nous soyons si nombreux à nous engager, à faire le nécessaire, de notre mieux

 

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