Jean Faya, médecin généraliste et anthropologue de formation, a été élu délégué du collège régional d’Auvergne-Rhône Alpes de MdM en 2016. Il veut, avec les 6 autres membres du collège, pour les trois ans de son mandat, construire un projet associatif original avec les bénévoles de MdM. Se considérant comme le lien entre le siège de MdM France à Paris et les bénévoles et les salariés, il a à cœur de créer une vie associative riche au sein de MdM qui favoriserait les échanges et les débats, afin de répondre au mieux aux attentes des équipes et des bénéficiaires des programmes.
Il espère également pouvoir établir une ligne politique claire au niveau régional de MdM, « un virage du charitable au politique », mais en rupture avec les visions traditionnelles de la politique qui s’inscrivent dans des logiques uniquement partisanes. Jean Faya souligne d’ailleurs ce positionnement en définissant le politique « avec un grand P », comme quelque chose de plus large qui touche à tous les aspects de l’organisation en commun. Il veut donc permettre à MdM de s’affirmer en tant qu’acteur politique, qui, en contact avec le terrain et avec les personnes qui souffrent le plus du système dans lequel nous vivons, peut porter son expérience dans l’espace public.
Sur le plan de l’international, celui-ci considère ainsi que les États occidentaux, dont la France, ont une responsabilité importante quant aux réalités que certaines populations vivent, que ce soit à l’étranger ou dans leurs parcours migratoires vers la France. Les ONG également, bien qu’ayant des actions louables, ne sont-elles pas malgré elles, parties intégrante d’un système qui entretient la pauvreté et les conflits? « Ne sommes-nous pas des donneurs de bonne conscience » nous demande-t-il ? Et alors dans ce cas, n’est-ce donc pas leur rôle de tout faire pour changer cette dynamique? Pour lui, celles-ci doivent témoigner des réalités des populations les plus en difficultés, mais aussi être des moteurs de réels changements politiques pour que ces personnes n’aient plus à les vivre. A une époque où l’État est de moins en moins protecteur, Jean Faya nous dit, avec une certaine amertume, « si ce n’est pas nous qui le faisons, alors qui le fera »?
Pour sensibiliser un peu plus les équipes de MdM à cette interaction et à cette solidarité internationale nécessaire, le Collège régional propose pendant ses réunions un moment d’échanges intitulé les «10 minutes sur le monde ». Ce dernier sera composé de présentations de livres, de textes et de conférences qui permettront aux bénévoles de s’outiller sur ces questions.
C’est donc une alternative politique que Jean Faya veut construire au sein de MdM, pour espérer pouvoir impulser de vrais changements en matière d’accès aux soins, mais aussi sur d’autres thématiques qui en découlent comme les questions des migrations, des inégalités, de la grande pauvreté…
Paru dans le RABAN, le journal interne de la délégation Rhône-Alpes Auvergne.