Depuis 2014, le Yémen est sous le feu des affrontements entre les rebelles « houthis » et les forces gouvernementales. Cette guerre civile s’est renforcée depuis qu’une coalition de pays arabes emmenés par l’Arabie saoudite appuie le gouvernement en bombardant plusieurs régions. Profondément affectée, une partie de la population yéménite a besoin de soins d’urgence. L’amplification de la guerre a réduit les moyens de subsistance de dizaines de milliers de civils et les a privés d’assistance humanitaire; on décompte plus de 7 000 morts, 350 000 déplacés.
Au sud de la péninsule Arabique, le Yémen occupe une place à part dans la péninsule arabique, où il est le seul régime républicain, mais aussi le pays le plus pauvre. Il compte plus de 24 millions d’habitants, ce qui en fait l’État le plus peuplé de la Péninsule.
Pourtant le Yémen s’était peu à peu ouvert au tourisme. Pétri d’une histoire millénaire, il possède une architecture unique et ses paysages lui ont valu la réputation d’« Arabie heureuse », ses habitants ont conservé une tradition d’hospitalité encore partiellement régi par des tribus aux traditions tenaces et complexes. Le Yémen, c’est aussi le pays de la reine de Saba, et d’un peuple qui plonge ses racines dans la nuit des temps.
Divisé jusqu’en 1990, il a réussi son unification, en dépit d’une guerre (1994) mais fait face aujourd’hui à une conjonction de périls : rébellion au nord, instabilité croissante au sud, terrorisme, piraterie. Cette situation fait craindre un risque de déstabilisation du pays pour l’instant contenu, en raison notamment du soutien extérieur.
Le Yémen a connu un changement de régime à la suite du « printemps arabe ». Débutant en janvier 2011, dans le contexte des bouleversements en Tunisie et en Egypte, la crise yéménite s’est développée sur fond de rejet du Président Saleh. A l’inverse des crises syrienne et libyenne, un consensus s’est dégagé assez rapidement, en faveur d’une transition pacifique et ordonnée, qui a notamment permis la démission du chef de l’Etat et le lancement d’un dialogue national.
Notre action, Médecins du Monde France.
Depuis fin novembre 2015 nous avons ré-ouvert une base à Sana’a, pour venir en aide à la population en appuyant des hôpitaux ruraux du gouvernorat et aussi au plus près de la ligne de front au sud à Yarim pour réhabiliter des structures médicales endommagées par des bombardements. Au-delà des soins de santé primaire, nous fournissons aussi des équipements médicaux ainsi que des panneaux solaires pour pallier les problèmes d’électricité.
L’objectif est également d’améliorer le dépistage et le traitement de la malnutrition chez les enfants, particulièrement vulnérables, de prendre en charge les malades chroniques et d’offrir une aide psychologique aux victimes. Des cliniques mobiles permettent aux équipes d’aller au plus près des enfants, des femmes et des hommes qui ne peuvent se déplacer.
C’est dans un contexte sécuritaire tendu, ou tous nos mouvements sont entourés de protocoles sécuritaires contraignants, qu’une base arrière a été ouverte à Djibouti afin de continuer à travailler à distance de l’autre côté du golfe d’Aden afin de ne pas rompre notre action et ainsi continuer à acheminer par bateau ou avion nos médicaments au Yémen.
Pascal Simon, voltigeur logistique
San’a, Yemen, le 27 juin 2016 (2045 mètres GPS : N15°22’167’’- E44°11’4644)
Paru dans le RABAN – Publication interne de la délégation Rhône-Alpes Auvergne