Vivre dignement, est-ce trop demander demander dans une métropole en pleine expansion?

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paru dans Lettre et débats, de la délégation Midi-Pyrénées 

17 octobre 2015, Journée mondiale du refus de la misère organisée par ATD Quart Monde sur l’Esplanade François Mitterrand. La grande mobilisation des bénévoles a été récompensée  par beaucoup de contacts avec le public et des élus.

Bientôt 30 ans que la délégation Midi-Pyrénées de MDM a ouvert. Malheureusement, l’espoir de répondre aux problèmes d’accès aux soins et de pouvoir passer le relais s’est petit à petit éloigné. C’est aussi 30 ans d’histoire, une mémoire collective qui s’enrichit au fil du temps, des savoir-faire qui se construisent et se transmettent.

Je voudrais remercier les acteurs de la délégation, bénévoles et salariés, qui ont déployé une énergie considérable pour préparer cette semaine de témoignage et pour réfléchir au sens de nos actions.

Comme au niveau national, les constats des équipes de la délégation Midi-Pyrénées ne sont pas plus encourageants que les années précédentes : toujours plus de personnes en consultation et en souffrance à la rue, plus d’obstacles pour accéder à des soins et des conditions de vie toujours aussi néfastes pour la santé.

Plus de 2 000 personnes accueillies au CASO, plus de 1 000 consultations médicales en 2014. Seule une personne sur six dispose d’un logement stable et 97% vivent en dessous du seuil de pauvreté. 40% des diagnostics concernent une pathologie aigüe et une personne sur quatre souffre d’une pathologie chronique nécessitant un suivi adapté. Et pourtant, 17% n’ont accès à aucun dispositif de couverture maladie. Parmi celles ayant des droits potentiels, seulement 30% ont des droits ouverts.

 

Les barrières financières pour se soigner ne tombent pas, y compris pour les personnes prises en charge qui se retrouvent de plus en plus souvent confrontées à des dépassements d’honoraires et des soins non couverts.

La barrière de la langue complique souvent les prises en charge et les dispositifs d’accès à l’interprétariat pour la médecine de ville, qui se mettent en place ailleurs, sont des réponses qui pourraient être déclinées dans la région.

Loin de voir les demandes pour l’obtention de l’AME et de la CMU se simplifier, les patients accompagnés dans la constitution de leur dossier se retrouvent face à des réponses aberrantes comme des délais de traitement de leur dossier de neuf mois.

Vivre dignement, est-ce beaucoup demander dans une métropole en pleine expansion qui concentre des richesses immenses ?

Pourtant, 4 000 personnes vivent dans la rue à Toulouse, des familles dorment dans des parcs, 200 à 250 personnes par jour ne trouvent pas d’hébergement lorsqu’elles appellent le 115 et des centaines de personnes n’ont même pas accès à l’eau. N’avoir pas de chez soi signifie aussi être exposé à toutes sortes de violences.

Face à ces atteintes aux droits fondamentaux, les réponses doivent être citoyennes et collectives : nous sommes tous concernés et nous ne devons pas nous habituer à ces situations de non-droit.

Journée Témoignage
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L’interpellation des institutions concernées est à poursuivre même si l’absence ou l’insuffisance des réponses finit par être révoltant.

Quelle hypocrisie entre les discours d’accueil à l’échelon national ou local, les affirmations sur l’accessibilité aux professionnels de santé et la réalité des situations vécues : que pense de l’accueil ce monsieur soudanais arrivé dans la région il y a 6 ans après avoir subi des violences physiques et psychiques dans son pays ? Il n’a pas été reconnu « réfugié » car il y avait un doute sur sa nationalité. Les pathologies consécutives aux violences lui rendent son quotidien très lourd et, après avoir eu le droit de se soigner pendant un an en France, les autorités lui ont demandé de repartir se soigner dans son pays qu’il avait fui.

Quel patient, qui parmi nous, pourrait envisager de sortir de l’hôpital après une opération très lourde mettant en jeu le pronostic vital et poursuivre les soins à domicile… sans domicile. C’est ce qui est arrivé à un patient de plus de 60 ans pour lequel ni les pansements, ni les médicaments, ni les injections, ni les soins infirmiers prescrits n’étaient prévus.

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Alors, comme nous sommes dans un pays démocratique, comme nous ne sommes pas dans un pays pauvre ou en conflit, je vous invite à vous joindre à nous pour poser les trois questions suivantes :

  • Mr le Directeur de la CPAM de Haute Garonne, pouvez-vous prendre des mesures de toute urgence pour que les personnes n’attendent pas neuf mois pour avoir le droit de se soigner ?
  • Mr le Président de Toulouse Métropole, pouvez-vous identifier et mettre à disposition de toute urgence les bâtiments disponibles sur l’agglomération ?
  • Mr le Premier Ministre, pouvez-vous faire cesser de toute urgence les expulsions sans relogement, les refus de séjour aux étrangers gravement malades et vous opposer aux pratiques policières et étatiques abusives qui nuisent à la santé des personnes les plus fragiles ?
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par Geneviève Molina.

 

 

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